Tunis, Tunisie, 28 février – Au moins trois participants aux pourparlers de paix dirigés par l’ONU en Libye ont été soudoyés pour obtenir des votes, ont découvert des experts de l’instance mondiale dans un rapport pour le Conseil de sécurité vu par l’AFP dimanche.
Le Premier ministre par intérim, Abdul Hamid Dbeibah, a été sélectionné au début du mois lors des pourparlers du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) lancés en Tunisie en novembre, dernière tentative des Nations Unies pour sauver le pays d’une décennie de conflit et de fragmentation.
Dans un rapport qui doit être présenté au Conseil de sécurité en mars, les experts de l’ONU ont constaté que lors des pourparlers en Tunisie, deux participants «ont offert des pots-de-vin compris entre 150 000 et 200 000 dollars à au moins trois participants du FDPL s’ils s’engageaient à voter pour Dbeibah au poste de Premier ministre».
Le rapport, qui n’a pas encore été rendu public, a été préparé par des experts de l’ONU chargés d’examiner les violations d’un embargo international sur les armes à l’encontre de la nation nord-africaine.
Dans un passage de leur rapport vu par l’AFP, les experts rapportent qu’un délégué «a éclaté de colère dans le hall de l’hôtel Four Seasons à Tunis en apprenant que certains participants auraient pu recevoir jusqu’à… 500 000 dollars pour leurs votes Dbeibah, alors qu’il n’avait que a reçu 200 000 dollars. »
Un participant aux entretiens, qui a demandé à rester anonyme, a confirmé à l’AFP avoir été témoin de la scène, exprimant sa colère face à «une corruption inacceptable à un moment où la Libye traverse une crise majeure».
Les pourparlers en Tunisie visaient à créer une administration de transition pour conduire le pays vers les élections prévues pour décembre.
En février, les 75 participants triés sur le volet par l’ONU pour représenter un large éventail de circonscriptions libyennes elles-mêmes ont choisi une administration intérimaire dirigée par le milliardaire Dbeibah et un conseil présidentiel de trois membres.
Dbeibah doit maintenant gagner un vote de confiance en son gouvernement du parlement libyen d’ici le 19 mars.
Il a déclaré jeudi qu’il avait présenté une «vision» pour une composition du cabinet, mais que les noms des ministres proposés seraient divulgués au parlement lors du vote de confiance.
Les dernières allégations sont intervenues après que plusieurs organisations libyennes ont exigé en novembre une enquête sur des allégations de corruption liées à la sélection de futurs responsables.
Envoyée intérimaire de l’ONU en Libye à l’époque, Stephanie Williams a déclaré aux délégués et aux journalistes qu’elle avait ouvert une enquête sur des allégations de corruption.
Dans une lettre vue par l’AFP et datée du 20 février, les participants du FDPL Sayida Kamel Yaacoubi et Azza Mahmoud Assid ont appelé le successeur permanent de Williams, Jan Kubis, à rendre public le rapport d’expert, affirmant que les allégations étaient un affront à leur «dignité, honneur et transparence» .
Source : Capital News, 28 fév 2021
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