Le 7 juin 2019, des vidéos ont commencé à circuler montrant la police marocaine en train de tabasser brutalement un journaliste sahraoui au Sahara occidental occupé. Aujourd’hui, un avis de l’ONU demandant sa libération a été rendu public.
Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a demandé la libération immédiate du jeune journaliste sahraoui Walid Salek El Batal dans une décision rendue publique aujourd’hui. L’avis a été émis lors de la 89e session du groupe de travail et peut être consulté ici (en français).
L’arrestation violente d’El Batal a attiré l’attention internationale après qu’une vidéo du tabassage eut été diffusée. Human Rights Watch et le Washington Post ont publié des rapports de vérification des faits en utilisant une enquête en open source qui a démystifié la version officielle marocaine, qui justifiait l’arrestation en accusant El Batal d’être un criminel violent.
El Batal est actuellement en prison en raison de son travail de journaliste sahraoui, ont conclu les experts de l’ONU, notant que s’il n’avait pas été sahraoui, il n’aurait pas été emprisonné. Dans sa jurisprudence, le groupe de travail des Nations unies a établi un schéma systématique d’arrestation et d’emprisonnement des militants sahraouis, constatant que les Sahraouis qui militent en faveur de l’autodétermination sont soumis à des pratiques discriminatoires en violation de l’égalité des droits humains.
Walid Salek El Batal est un ancien prisonnier politique qui travaille avec l’organisation de journalistes sahraouis Smara News. Il a été arrêté le 7 juin 2019 alors qu’il se rendait au domicile d’un collègue journaliste, Salah Eddine Lebsir, qui venait lui-même d’être libéré de prison. Walid Salek El Batal a été condamné à deux ans de prison par la Cour d’appel le 12 novembre 2019 sur la base d’aveux signés sous la torture.
Comme le montre la vidéo de son arrestation, alors qu’il se rendait à la maison de Salah Eddine Lebsir, Walid et ses co-passagers ont été violemment traînés hors de leur voiture et agressés par la police marocaine. L’enregistrement a rapidement été diffusé en ligne par les médias sahraouis et a été largement diffusé au niveau international.
Les experts de l’ONU concluent qu’El Batal a ensuite été soumis à la torture dans les locaux du poste de police et qu’il a été forcé de signer des aveux, utilisés par la suite contre lui comme principale preuve. Les experts notent également qu’El Batal a soulevé des allégations de torture dans toutes les procédures successives et que le juge marocain n’y a pas répondu, ni n’a ouvert aucune forme d’enquête. Gravement préoccupés par l’inaction du tribunal, les experts des Nations unies estiment que le tribunal marocain n’a pas été indépendant ou impartial lorsqu’il a traité le cas d’El Batal, et ont donc renvoyé son cas au rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats.
« La décision du Groupe de travail sur la détention arbitraire n’est pas une simple opinion mais c’est une étape importante pour obtenir justice pour les Sahraouis car elle révèle la politique marocaine systématique de ciblage des militants et journalistes sahraouis et des écarts troublants entre discours et réalité lorsque les Marocains tentent de justifier les violations », déclare Mohamed Mayara, journaliste et coordinateur d’Equipe Media.
« Avec le cas de Walid, la non-indépendance et la non-impartialité du système judiciaire marocain ont été prouvées », ajoute Tone Sørfonn Moe, le représentant légal international agissant au nom de Walid Salek El Batal. « Le moment est venu de demander des comptes au Maroc pour ses violations du droit international en tant que puissance occupante. Le Maroc maintient effectivement un peuple entier, le peuple sahraoui, écrasé par l’usage de la force, et la communauté internationale doit s’exprimer clairement contre la torture, les abus et la privation de liberté qui ont lieu actuellement dans le Sahara occidental occupé ».
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