TUNIS (AFP) – Amnesty International (AI) a appelé jeudi les autorités tunisiennes à enquêter sur la mort d’un jeune homme qui aurait été frappé par une cartouche de gaz lacrymogène lors des manifestations de la semaine dernière.
Haykel Rachdi et Aymen Mahmoudi, tous deux âgés de 21 ans, ont été blessés le 18 janvier lorsque les manifestations contre le chômage, la pauvreté et la répression policière sont devenues violentes dans la ville centrale de Sbeitla.
Rachdi est décédé des suites de blessures à la tête lundi tandis que Mahmoudi a subi une chirurgie du visage pour réparer des blessures osseuses, a déclaré Amnesty.
Tous deux avaient déclaré à des proches « qu’ils avaient été frappés à la tête par des bombes lacrymogènes tirées à bout portant par la police anti-émeute », a ajouté le groupe de défense des droits basé au Royaume-Uni (Royaume-Uni).
«Les autorités tunisiennes doivent mener une enquête approfondie et impartiale» sur les circonstances qui ont conduit à la mort de Rachdi et à la blessure de Mahmoudi, a-t-il déclaré.
Le directeur adjoint d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, AmnaGuellali, a déclaré: «L’enquête devrait inclure des entretiens avec des témoins et un examen médico-légal indépendant, et les responsables de son meurtre doivent faire face à la justice.»
Rachdi protestait pour un «avenir meilleur», a ajouté Guellali.
«Les forces de sécurité doivent répondre aux manifestations qui sont une véritable expression de difficultés sociales avec retenue et respect de la liberté de réunion, n’utilisant la force que lorsque cela est absolument nécessaire et le faisant proportionnellement», a-t-elle déclaré.
«L’impunité de la police est depuis longtemps une préoccupation en Tunisie – pour briser le cycle de la violence, les autorités judiciaires devraient enquêter sur tous les cas d’utilisation illégale de la force, y compris les gaz lacrymogènes, et veiller à ce que la police soit tenue de rendre des comptes.»
La Tunisie a connu une vague d’affrontements nocturnes depuis le 15 janvier, les forces de sécurité procédant à des arrestations massives, au milieu d’un effondrement économique exacerbé par la pandémie du nouveau coronavirus et les mesures de verrouillage.
Les militants ont répondu par des manifestations de jour contre la répression policière, la corruption et la pauvreté, 10 ans après la révolution de 2011 qui a renversé l’autocrate Zine El Abidine Ben Ali.
Jeudi, certains habitants de Sbeitla ont organisé une manifestation devant le siège municipal de la ville pour demander justice pour Rachdi et appeler le gouvernement à développer leur région.
Une grande partie des troubles qui ont secoué la Tunisie ces derniers jours a eu lieu dans des zones privées de leurs droits et marginalisées, où les habitants ont dénoncé une classe politique pour ne pas avoir réussi à assurer la bonne gouvernance après la révolution.
Borneo Bulletin, 30 jan 2021
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