A quelques jours du sommet de l’UA : tractations autour du conflit maroco-sahraoui
A quelques jours du sommet de l’Union africaine, le dossier du Sahara occidental sera sans doute le premier point à l’ordre du jour des travaux. Il est attendu des dirigeants africains une position ferme et unie. Chez les milieux diplomatiques africains, on estime qu’il est urgent de régler cette question, car le conflit armé entre le Maroc et la RASD est susceptible de menacer la stabilité régionale et pourrait créer une nouvelle escalade aux conséquences imprévisibles.
Au niveau de l’institution panafricaine, on est conscient des tensions actuelles, d’où l’idée de réexaminer le dossier, sous toutes ses formes, d’imposer le cessez-le-feu, d’élargir les missions d’observation internationales, d’établir un calendrier des négociations et d’insuffler une autre dynamique dans le règlement en commençant par faire pression sur les nations-Unies pour désigner un envoyé spécial chargé de superviser tout ce processus. Des tractations ont eu lieu ces derniers jours au niveau continental.
Des hauts dirigeants africains ont échangé des analyses et des propositions sur le dossier sahraoui afin de s’y préparer lors des débats au sommet d’Addis Abeba. Smail Chergui, le commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a souligné dans un entretien à l’agence Sputnik l’urgence de la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. «L’escalade» que connaît le conflit entre le Royaume du Maroc et la RASD «pourrait menacer la stabilité régionale et «nous voulons trouver une solution le plus tôt possible», a-t-il indiqué ajoutant que «la principale tâche à accomplir est la mise en œuvre du plan visant à faire cesser les hostilités et à la tenue d’un référendum pour l’autodétermination» du peuple sahraoui.
Pour rappel, l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental a été décidée en 1991. Date à laquelle un cessez-le-feu a été proclamé et qui a été rompu en novembre dernier par l’armée marocaine. Il faut signaler aussi que le poste d’émissaire dans la région est resté vacant depuis la démission de l’envoyé du SG de l’ONU, Horst Köhler en mai 2019.
Le 10 décembre 2020, l’ancien président américain, Donald Trump avait annoncé reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste, allié des Etats-Unis. Cette proclamation a été décriée aussi bien à l’étranger qu’aux Etats-Unis et au sein même du parti de Donald Trump.
De son côté, le président de l’UA, Cyril Ramaphosa a appelé les Etats-Unis à «annuler rapidement» la décision de Donald Trump concernant le Sahara occidental. Il a exprimé son «inquiétude» quant au «manque de progrès dans (le processus de) résolution du conflit au Sahara occidental (dans le sens) de la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance».
Sur le terrain militaire, les opérations se poursuivent tout au long du mur des sables érigé par les forces d’occupation marocaines. Les cantonnements des FAR sont quotidiennement ciblés et attaqués. En dépit du black-out du régime du Makhzen, des sources marocaines évoquent de plus en plus des pertes dans les rangs de l’armée d’occupation, en plus des dégâts importants dans plusieurs bases et casernes.
Mohamed Kouini
Le Jeune Indépendant, 30 jan 2021
Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Western Sahara, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden,