Biden semble avoir une approche différente de son prédécesseur envers ses deux alliés du Golfe. Mais dans quel but ?
Précisons d’emblée qu’il s’agit d’un gel temporaire. Et que les contrats signés précédemment seront bien exécutés. Il met toutefois sur pause un accord de livraison de 50 avions de combat F-35 aux Émirats arabes unis, ainsi que d’autres armes à l’Arabie saoudite.
Comment comprendre ce blocage ? Il faut d’abord se replonger dans l’administration Trump. Le président sortant a eu une stratégie claire durant son mandat: pacifier les relations entre les pays arabes et Israël.
Cela s’est matérialisé de plusieurs façons:
Les Émirats arabes unis ont officialisé leurs relations diplomatiques avec l’État hébreu contre la vente de F-35.
L’administration Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara occidental après que Rabat a normalisé ses relations avec Israël.
L’Arabie saoudite a été le premier pays arabe à faire un pas vers Israël contre une très grande quantité d’armes livrées par les Etats-Unis. Le pays de Mohammed ben Salmane est l’un des plus grands importateurs d’armes au monde.
En outre, il y a aussi eu la pacification entre L’Arabie saoudite et le Qatar.
En toile de fond, le conflit avec l’Iran. Le point commun qui rassemble les pays du Golfe. C’était le point central de la stratégie menée par Trump et son gendre, Jared Kushner.
Que veut faire Biden ? L’administration Biden ne compte pas inverser la politique américaine envers l’Iran. D’ailleurs, un bombardier B-52 a été envoyé hier pour survoler le Golfe persique, escorté par des avions saoudiens et jordaniens. Ce que faisait régulièrement l’administration Trump. Le message: ‘Montrer l’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité dans la région’, a expliqué le commandement central de l’armée américaine (CENTCOM).
Ceci étant dit, Biden, qui s’affiche du côté des droits de l’homme, ne compte pas signer un chèque en blanc aux pays arabes concernés. Antony Blinken, le nouveau secrétaire d’État, a déclaré aux journalistes examiner les engagements pris par l’administration précédente.
Concernant l’Arabie saoudite, Antony Blinken a en tête l’affaire Khashoggi et le récent conflit avec le Yémen. Le soutien américain pourrait être conditionné. Il en est de même pour les Émirats arabes unis qui ont également participé au conflit contre les rebelles Houthis, alliés de l’Iran, qui se sont emparés de la capitale yéménite en 2014. Les organisations humanitaires y ont pointé du doigt de nombreuses exactions.
‘Nous avons vu une campagne [au Yémen], menée par l’Arabie saoudite, qui a également contribué à ce qui, selon de nombreuses estimations, est la pire crise humanitaire dans le monde aujourd’hui, et cela en dit long’, a déclaré M. Blinken, dans des propos repris par le Wall Street Journal.
D’un autre côté, les États-Unis ne sont pas prêts à lâcher leurs alliés historiques dans la région. Il s’agit là aussi d’un message. Alliés, oui, mais pas à n’importe quel prix.
Wallonie
La vente d’armes à l’Arabie saoudite est une critique récurrente contre la Wallonie, dont l’industrie des armes est florissante. En 2018, la Wallonie a exporté pour 950 millions d’euros d’armes en tout.
Si son principal marché est le marché nord-américain, la Région wallonne a tout de même vendu pour 225 millions d’euros à l’Arabie saoudite et 6,5 millions d’euros aux Émirats arabes unis.
Pointée du doigt par Amnesty, la Wallonie n’a jamais vraiment agi contre l’un de ses fleurons. Elio Di Rupo, ministre-président wallon, a toutefois déclaré début 2020 suspendre les accords avec l’Arabie saoudite concernant ‘les forces aériennes’ ainsi qu’en direction du ministère de la défense saoudien. Les licences à destination de la Garde royale et la Garde nationale du pays ont toutefois été exécutées.
Source: Wall Street Journal
Business AM, 28 jan 2021
Tags : Etats-Unis, USA, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis,