Par Kamal Louadj
Le chef de l’État sud-africain a appelé les États-Unis «à annuler sans attendre la reconnaissance illégale imposant la supposée souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Cette déclaration fait suite à un bombardement.
Le samedi 23 janvier, le ministère de la Défense de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a annoncé que l’armée sahraouie avait bombardé le passage frontalier de Guerguerat, passé sous contrôle de l’armée marocaine depuis le 13 novembre. Cette attaque, qui intervient trois jours après l’investiture de Joe Biden, pèsera-t-elle sur la décision que ce dernier pourrait prendre quant à la déclaration de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental?
C’est dans ce contexte marqué par un risque d’embrasement de la région que le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a appelé dimanche 24 janvier son homologue américain à annuler la décision «unilatérale et illégale» de son prédécesseur.
«Annuler rapidement la reconnaissance»
En marge d’une réunion du comité exécutif de son parti, le Congrès national africain (ANC), le Président Ramaphosa a salué «l’engagement positif pris par Joe Biden pour renouveler le mode de dialogue et de collaboration de son pays avec le reste du monde [en vue de la résolution des problèmes internationaux, ndlr]».
Alors que les nouveaux ministres américains aux Affaires étrangères, à la Sécurité nationale et à la Défense avaient affirmé que la nouvelle administration allait réexaminer toutes les décisions de dernière minute prises par Trump, le chef de l’État sud-africain a appelé Biden «à annuler sans attendre la reconnaissance illégale imposant la supposée souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental».
Dans le même sens, tout en déplorant la persistance du statu quo quant à la résolution du conflit au Sahara occidental, Cyril Ramaphosa a assuré qu’il allait intensifier ses efforts au sein de l’Onu et de l’Union africaine (UA), dont il est le Président en exercice, en vue «de la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance».
Les autorités marocaines affirment quant à elles que la situation est calme au passage de Guerguerat et que le trafic commercial s’y poursuit normalement.
Que vont décider les États-Unis?
Lors d’un appel téléphonique avec son homologue israélien Meir Ben Shabbat le 23 janvier, le Conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan a réaffirmé l’engagement de son pays envers «la sécurité d’Israël».
Il n’a pas indiqué si les décisions liées à la vente d’avions de combat F-35 aux Émirats arabes unis, à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et au retrait du Soudan de la liste des pays sponsors du terrorisme international allaient être maintenues, informe une note de la Maison-Blanche.
Dans le même sens, auditionnés au Congrès pour confirmation de leur nomination, le chef du département d’État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin ont affirmé que les engagements pris par Donald Trump dans le sillage des «Accords d’Abraham» allaient être réexaminés.
«Il y a certains engagements qui ont pu être pris dans le contexte de la normalisation de leurs relations avec Israël par ces pays, que je pense que nous devrions examiner attentivement», avait répondu M.Blinken à un membre du Congrès, selon l’Institut de Washington pour la politique proche-orientale.
De son côté, Lloyd Austin, avait déclaré que la marocanité du Sahara occidental «est une question que je voudrais certainement examiner de plus près, monsieur le président, avant que je vous donne une réponse détaillée». Il répondait à une question du sénateur James Inhofe, président de la commission des Forces armées.
Source : Sputnik, 26 jan 2021
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