« Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche soir un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, qui s’est enquis de son état de santé et félicité de son rétablissement ».
Le Président Macron « a fait part de sa volonté, dès le retour du Président Tebboune au pays, de reprendre le travail de concert sur les dossiers d’intérêt commun, notamment économiques, les questions régionales et le dossier de la Mémoire ».
A son tour, le président de la République «a remercié le Président Macron de ses sentiments sincères, lui affirmant sa disposition à travailler sur ces dossiers une fois de retour en Algérie ». Macron, tout en politesse diplomatique, essaie de s’attaquer à l’Himalaya des relations algéro-françaises via le rapport de Benjamin Stora. Ligne de crête qui mélange histoire et mémoire et où la cordée s’annonce en ordre dispersé.
Le président français fait part de sa volonté de reprendre le travail de concert sur les dossiers d’intérêts communs qu’orne cette fois-ci le rapport « « Stora ».
1830-2021 : 132 ans de colonisation et 59 ans de yoyo gaulois et déni qui accouchent d’un rapport tout frais en ce mois de janvier 2021.
2017, la France élit un Président né après la guerre d’Algérie. Jouant au violon avec un tabou de 2 siècles, Emmanuel Macron déclare que la colonisation est un crime contre l’humanité. En Algérie et en France, on essaie de lire sous les replis de cette déclaration…En France, on la met sur la manie Balsacienne de Macron qui use des mots qui décoiffent. Et puis plus rien, les relations retombent dans leur léthargie habituelle.
Décembre 2019, un nouveau président est élu en Algérie, il s’exprime en français sans forcer le trait, parle au téléphone avec Emmanuel Macron, disserte sur France 24, donne une interview à un canard français…Puis vint une pandémie qui sonne l’entracte. Puis Tebboune tombe malade.
Macron charge l’historien Benjamin Stora d’un travail sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Travail au demeurant partagé avec un historien algérien en la personne de
M. Chikhi.
Janvier 2021, Stora remet son rapport à Macron. Du rapport de Chikhi, point de nouvelles…pour des raisons encore ignorées.
Le rapport Stora préconise la création d’une commission
« Mémoire et vérité », chargée d’impulser des initiatives communes entre la France et l’Algérie sur les questions de mémoire, constituée de personnalités engagées dans le dialogue franco-algérien ainsi que la création d’un secrétariat général chargé du suivi des décisions prises. Le rapport préconise aussi de renforcer l’enseignement sur la guerre d’Algérie dans les programmes scolaires et appelle à renforcer cet enseignement y compris dans les classes professionnelles. L’historien français fait la part belle dans son rapport aux hommages et aux commémorations avec la proposition de faire entrer au Panthéon Gisèle Halimi, ériger une stèle à l’émir Abdelkader, de renommer certaines rues etc…L’histoire, décidément, ne se décline pas sans salamalecs.
Abordant la question des archives, l’auteur souhaite plus de transparence sur un « passé commun», des recherches et enquêtes sur les lieux des essais nucléaires et leurs conséquences, de publier un guide sur les « Disparus de la guerre d’Algérie »que ce soit du côté algérien que français. Jolie ombre dans ce travail de mémoire, l’absence très présente de l’historien algérien Abdelmadjid Chikhi, qui devait faire un travail similaire à celui de Benjamin Stora.
Madjid Khelassi
La Nation, 25 jan 2021
Tags : Algérie, France, colonisation, Guerre d’Algérie, crimes coloniaux, mémoire,
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