Par Karim Guellati
2020 nous avait lancé à une vitesse qui ne nous a pas offert d’autres alternatives que de faire une entrée fracassante en 2021. Une sorte de condensé dans l’année passée, en plus intense, plus fou, plus excessif. #delautrecotédumur
Inutile de revenir sur la fin de mandat de Trump en ce début d’année, qui a trouvé son point d’orgue par une tentative, le 6 janvier, d’une prise du Capitol. Rien que ça. Quelques heures avant que le congrès certifie la victoire de Joe Biden, notre cher Trump, qui avait rassemblé à Washington ses plus fidèles supporters venus de tous les États-Unis, les a avertis et exhortés. Avertis en leur disant, citons-le « Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles », exhortés en leur ordonnant, citons-le toujours « Vous devez montrer de la force et devez être forts ». Et il finit en leur demandant de marcher sur le Capitol. #spartacus
Nous sommes aux États-Unis d’Amérique, au 21ème siècle et c’est le 45ème président qui parle. Bilan, un Capitol envahi, un pays qui est la risée du monde, et le sentiment de vivre une énorme farce si le bilan n’avait pas été de 5 morts.
Et c’est donc ainsi que le désormais golfeur, Donald Trump, va affronter une deuxième procédure en destitution à partir du 8 février 2021. Si l’accusé venait à être condamné, sa destitution ne sera pas exécutée puisqu’il a déjà quitté la Maison Blanche grâce aux urnes, mais il deviendrait inéligible, lui qui caresse le doux espoir de pouvoir revenir dans le Bureau Ovale en 2024. Et si la distance que prennent les républicains avec leur ancien leader se confirme, la procédure d’impeachment, a, cette fois-ci, des chances de prospérer. #horsjeu
Biden, vieux loup de la politique a saisi la portée de l’enjeu et exprime beaucoup de réserve quant à cette procédure. D’abord, elle chamboule et retarde son calendrier de réformes qu’il veut proposer au congrès. Ensuite, une éventuelle condamnation viendrait creuser un peu plus le fossé qui sépare les deux Amériques que Trump a clivé et offrirait encore de beaux jours aux antisystème en apportant de l’eau aux moulins des populistes. Trump, moins politisé, n’a pas encore réalisé la faille, et se concentre sur le trou numéro 15 de son golf de Miami. #swing
Le Coronavirus a continué sa lancée en 2021, non sans s’adapter. Après le virus chinois, nous avons désormais sa variante britannique, sud-africaine ou encore brésilienne. Elles partagent entre-elles la même origine et une transmission de 40 à 60% plus élevée.
Le monde se vaccine, et le temps de l’immunité dont on ignore tout, l’Europe se reconfine, la Chine remet quelques villes sous cloches, le Japon tremble et la Tunisie lance une application par sms pour s’enregistrer.
Boris Johnson, Premier ministre britannique devant son peuple, scientifique devant l’éternel, nous annonce vendredi matin, sans autre forme de démonstration que celle de l’affirmation, que la variante britannique est probablement plus létale de 30% que la souche initiale du virus. La messe anglicane est dite. Les chaines d’information en continu vont faire le reste. Et la communauté scientifique. #herboriste
Quatre milliards d’individus ont été confinés, puis il a été expliqué au monde à quelle heure il pouvait sortir de chez lui et quand il devait rentrer. Ensuite, où il avait le droit de se rendre et ce qui n’était pas essentiel. Parce qu’il fallait infantiliser un peu plus, on a mis une jauge au nombre d’individus maximal qu’on pouvait recevoir chez soi. On a organisé les gestes d’affection en les supprimant, le président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris est allé jusqu’à préciser le 24 novembre 2020 dans quelle pièce de la maison devaient être les grands parents. En l’espèce il préconisait la cuisine.
L’académie de médecine française, qui trouvait qu’il demeurait quelques espaces de libre arbitre, a demandé aux usagers des transports en commun de se taire pour éviter la propagation de gouttelettes.
Ceci intervient après que le Canada, par la voix de sa responsable de santé publique, a préconisé qu’il convenait aux couples « d’éviter de s’embrasser » et « que les visages ne se touchent pas ou ne soient pas près l’un de l’autre ». Sans oublier de conclure que « les activités sexuelles les moins risquées pendant la Covid 19 sont celles où vous êtes seul » nous dit-elle. #prisonbreak
Heureusement en Tunisie, le gouvernement a le sens des priorités, et a donc décidé d’organiser un énième remaniement en ce début d’année. Il n’y a pas de stratégie vaccinale connue, mais une application permet de s’inscrire pour se faire vacciner avec un vaccin qu’on n’a pas. A peine a-t-on appris, par l’Algérie, que nous nous verrons offrir 500.000 doses du Spoutnik V. Quand ? Pour qui ? Quel calendrier entre les deux doses ? Où ? Et le reste ?
Silence. En Tunisie, on remanie. Encore. Sans réaliser qu’ils se partagent un gâteau qui n’existe plus, qu’ils se battent pour exercer un pouvoir auquel plus personne ne croit, ils s’étripent pour exercer une autorité sur tous sauf eux-mêmes.
Même l’ordre des médecins, qui aurait dû jouer un rôle sanitaire salvateur, a pour seule préoccupation l’élection de son conseil. Censé organiser la profession dans l’intérêt du patient, il organise des élections pour l’intérêt du titre. #desordremedical
La rue gronde, la presse internationale y voit une nouvelle révolution, les diplomaties des pays qui s’y intéressent y lisent une mauvaise gouvernance, la classe politique tunisienne la manipule, l’économie en souffre, Covid y prospère. Et finalement, il est fort à parier, que cette année encore, rien n‘en sortira en terme de justice sociale, en moyen pour constituer un amortisseur social, en réforme pour favoriser une croissance inclusive ? Rien n‘en sortira si ce n’est une population un peu plus exsangue, un circuit économique parallèle encore plus prospère, un état encore plus faible, des entrepreneurs qui n’entreprennent plus et une population qui n’espère plus. #desespoir
C’est la fin de la semaine, c’est la fin de ce trip, vous pouvez éteindre vos smartphones et continuer la course folle de cette nouvelle année.
Business News, 23 jan 2021
Tags : Tunisie, printemps arabe,
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