Le très attendu rapport de Benjamin Stora sur le contentieux algéro-français est, depuis hier, sur le bureau du président français, Emmanuel Macron. On ne peut pas présager de ce que sera l’avenir des relations entre les deux pays, mais il est entendu qu’en 58 ans de rapports, souvent orageux, cette dernière année est, le moins qu’on puisse dire, l’une des meilleures que les deux pays ont connu.
Force est de reconnaître, en effet, qu’Emmanuel Macron a réussi, à coup de déclarations par moment courageuses, à insuffler une sorte de vent de sincérité dans le discours de Paris en rapport avec l’histoire, pour le moins, tumultueuse de la France en Algérie.
Il n’a certes pas prononcé le mot de «repentance» pour les crimes horribles commis par l’armée coloniale, mais l’on a pu percevoir dans son propos une volonté de créer une opportunité historique à même de reconstruire les relations algéro-françaises sur la base d’une franchise mutuelle.
Il faut dire, à ce propos, que l’effort de franchise doit être consenti par la France, en levant le voile sur les nombreuses archives qu’elle détient. C’est d’ailleurs ce que refuse de négocier l’Algérie. Il faut savoir que le vis à vis algérien de Benjamin Stora, Abdelmadjid Chikhi, accorde bien plus d’intérêt aux archives qu’à la symbolique de la repentance. L’historien, qui se trouve être également Moudjahid et directeur des archives nationales, sait de quoi il parle. Et c’est visiblement la position d’Alger qui, une fois informé du contenu du rapport Stora, dans le cas où Paris le rend public, avisera sur sa posture future concernant le contentieux mémoriel.
Cela étant dit et au delà de ce qu’on pourrait dire sur la complexité du sujet, les relations entre les Etats sont exclusivement une affaire d’intérêts mutuels. Dans le dialogue mémoriel qui promet d’être fructueux, la France a sans doute beaucoup à gagner et l’Algérie aussi, si la politique politicienne ne s’en mêle pas. Cela pour ouvrir une perspective formidable en matière de coopération et de partenariat d’égal à égal. Cela détendra le climat politique appelé à un plus de sérénité comme l’Algérie et la France n’en ont jamais connu. De là à dire qu’il y a dans la démarche actuelle une belle occasion pour aller de l’avant et gagner une bataille décisive contre les nostalgiques de l’Algérie-française, un pas que toutes les bonnes volontés aimeraient faire. Cela dépendra de la sincérité du rapport Stora et de la volonté de la France à ouvrir grandes les portes de ses archives.
Par Nabil G.
Ouest Tribune, 21 jan 2021
Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation, Guerre d’Algérie,
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