Algérie : Où est la panne ?

Les Algériens désireux d’acquérir un véhicule neuf et les opérateurs économiques intéressés par ce marché d’importation désormais encadré par un cahier de charge rigoureux, avaient poussé un ouf de soulagement de savoir qu’enfin, les autorisations allaient être accordés aux « heureux élus ». Et pour cause ! Le département de l’industrie dirigé par Ferhat Ait Ali avait annoncé le plus officiellement du monde via un communiqué, que dix dossiers d’opérateurs sur 40 déposés qui remplissent les conditions requises pour être autorisés à importer des véhicules, allaient être connus dimanche, 17 janvier.

Mais qu’elle ne fut la surprise de ces patrons et des algériens en général de constater, que quatre jours plus tard, aucune annonce n’a encore été faite ! C’est tout de même assez curieux… Que s’est-il donc passé pour que Ferhat Ait Ali et son ministère reportent sans aucune explication l’annonce officielle des noms des dix opérateurs économiques choisis pour recevoir leur agrément même « provisoire » ? Mystère et boule de gomme ! La short list de ces hommes d’affaires retenue a-t-elle suscité des remous ? Y a-t-il eu des interventions au profit de certains opérateurs qui auraient été exclus ? Ou alors des réserves sur d’autres bénéficiaires qui ont été retenus ?

L’opinion ne sait absolument rien de cette affaire quatre jours après l’expiration du délai annoncé par le ministre himself. Il est donc légitime de s’interroger sur la transparence et le sérieux de cette opération qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il est du reste aisé de deviner les enjeux dans un pays rongé par la corruption et les « interventions ».

Dans un pays qui se respecte, une telle opération aurait obéi aux seuls critères économiques et aux besoins du marché de l’automobile. Mais en Algérie, tout ou presque est calculé. Et, souvent, les opérateurs qui sont choisis pour des projets ne sont pas forcément les plus offrants ou les moins disant. Ce sont hélas ceux qui sont bien épaulés par des parties proches des décideurs qui tirent le jackpot. Alors que ce n’est qu’une simple étude de la conformité des dossiers présentés aux clauses du cahier des charges, le choix des importateurs de véhicules devient un enjeu quasiment stratégique, non pas pour le pays mais pour des fonctionnaires de la haute administration qui trouvent là un filon en or pour les bonnes affaires…

C’est comme cela que les affaires marchent en Algérie… Rien n’est clair, rien n’est facile. Les opérateurs et les investisseurs ont eux aussi appris à faire avec. C’est un serpent de mer qui ronge les rouages de l’État. Et cette cascade de procès de corruption qui touchent de hauts responsables, confirme que les sous des hommes d’affaires et des affairistes de tout acabit, cachent souvent des dessous.

Imane B.

L’Est Républicain, 19 jan 2021

Tags : Algérie, voitures d’occasion, import,

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