Soupçonné de «trafic d’influence»: Sarkozy de nouveau dans le viseur de la justice française

par R.N.


L’ancien président français Nicolas Sarkozy, sous forte pression judiciaire depuis sa retraite politique, est visé par une nouvelle enquête du parquet national financier (PNF), qui soupçonne cette fois l’ancien président d’un possible « trafic d’influence » dans ses lucratives activités de conseil en Russie. Le parquet anticorruption, qui a déjà croisé le fer en décembre avec l’ex-chef de l’Etat lors du procès dans une autre affaire, enquête depuis l’été 2020 sur les rémunérations dont il a bénéficié de la part d’une société d’assurances russe, Reso Garantia, contrôlée par deux milliardaires russes, Sergueï et Nikolaï Sarkissov, selon Mediapart. Joint par l’AFP, le PNF a confirmé vendredi avoir ouvert cette enquête préliminaire des chefs de « trafic d’influence » « et « blanchiment de crime ou de délit », sans confirmer la date d’ouverture des investigations, qui auraient été déclenchées par un signalement du service de renseignement financier Tracfin. « La justice cherche à vérifier si l’ancien chef de l’Etat a seulement agi comme consultant, ce qui serait parfaitement légal, ou s’il se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles pour le compte des oligarques russes », écrit Mediapart.

Le contrat conclu en 2019 porterait sur plusieurs années et un montant de 3 millions d’euros. Nicolas Sarkozy aurait déjà touché 500.000 euros au titre de ce contrat, début 2020, sur son compte à la banque Edmond de Rothschild, toujours d’après Mediapart.

«Serein»

La banque, jointe par l’AFP, « ne fait pas de commentaire et rappelle que le respect des obligations légales et réglementaires figure au premier rang de ses priorités ». Sollicité par l’AFP, l’entourage de Nicolas Sarkozy se déclare « parfaitement serein » et assure que « les activités de conseil » de l’ancien chef de l’Etat « sont encadrées dans le strict respect des règles légales et déontologiques ». Reso Garantia, fondée en 1991, est l’une des principales sociétés d’assurance en Russie, spécialisée notamment dans l’assurance auto/moto, avec plus de 34.000 agents dans ce pays et 11 millions de clients. En 2007, l’assureur français AXA avait conclu un accord avec les actionnaires de Reso Garantia pour acquérir une participation de 36,7% dans cette société pour environ 810 millions d’euros. D’après Mediapart, AXA est un important client du cabinet d’avocats Realyze, co-fondé en 1987 par Nicolas Sarkozy. L’ancien président français a déjà plusieurs fois eu l’occasion d’exprimer sa colère contre le PNF. « J’ai l’impression que le Parquet national financier est fait pour moi », avait-il déclaré le 7 décembre devant le tribunal de Paris.

M. Sarkozy comparaissait alors pour « corruption » sur un haut magistrat et « trafic d’influence », des accusations nées en 2014 après les interceptions par le PNF de ses conversations avec son avocat Thierry Herzog sur une ligne officieuse ouverte au nom de « Paul Bismuth ». Le jugement dans cette affaire est attendu le 1er mars. Nicolas Sarkozy sera à nouveau au tribunal de Paris dès le 17 mars pour l’affaire Bygmalion, soupçonné de « financement illégal » de sa campagne électorale de 2012. Mais la principale affaire contre laquelle se débat l’ancien chef de l’Etat reste celle sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007, dans laquelle le PNF porte l’accusation sur des soupçons de « pacte de corruption » avec la dictature de Mouammar Kadhafi.

Le Quotidien d’Oran, 17 jan 2021

Tags : France, Nicolas Sarkozy, trafic d’influence, Reso Garantia,

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