RABAT- La journaliste marocaine, Afaf Bernani a mis à nu, les pratiques de la répression auxquelles se livre la sûreté marocaine à l’encontre des journalistes opposants, précisant que le Makhzen » mobilise ses suppôts de la presse, en vue de dénoncer leurs collègues qui rejettent ses politiques ».
Afaf Bernani s’est rappelée dans son post publié sur le réseau social Facebook, ce qu’elle avait subi avec sa collègue, comme injustice commise par la police marocaine, pendant le mois de Ramadhan, le 5 juin 2018, lorsque plus de 10 éléments de la sûreté ont tenté de s’introduire dans le domicile, dans la ville de Rabat ».
« Sous l’effet du choc et du traumatisme que nous avons subi du fait des poursuites policières, j’ai décidé avec ma collègue de ne pas ouvrir la porte de l’appartement et nous nous sommes réfugiées dans une chambre, sous les menaces de coupure d’eau et d’électricité, proférées par les policiers », a écrit Bernani.
Ayant exécuté leurs menaces, ces éléments ont forcé la porte et fait sortir les deux journalistes par la force. » Ma collègue a perdu connaissance, suite au choc, ce qui les a amenés à appeler une ambulance », a-t-elle ajouté.
Une fois arrivées au tribunal dans la ville de Rabat, à 00h00, en provenance du siège de la Sûreté, j’ai trouvé un grand nombre de » journalistes de la presse de diffamation (…) qui avaient pour instructions, de nous prendre en photos, ce qui est une grave violation de la Constitution », a-t-elle indiqué.
« Le juge au sein du tribunal, ainsi que ses collègues m’ont traitée de tous les noms , parce que j’ai refusé de livrer du faux-témoignage, j’ai contredit le PV et refusé même que des propos me soient attribués concernant des déclarations qui condamnent le journaliste Taoufik Bouachrine.
« Ces fait font partie du vécu d’autres journalistes, comme le journaliste Slimane Raissouni, Omar Radi et l’académicien Mâati Monjib ».
Une liberté d’expression et de presse muselée au Maroc
Des activistes marocains ont diffusé un reportage intitulé » La liberté d’expression et de presse muselée au Maroc », lequel relate le vécu de journalistes marocains les plus importants ayant été victimes de l’arbitraire du régime marocain et de ses pratiques de répression au cours des deux dernières années.
Il s’agit d’un rédacteur en chef du Journal indépendant Akhbar Al-Youm, le journaliste Souleiman Raissouni qui a critiqué dans son éditorial les pratiques des services de sécurité, lequel a été arbitrairement arrêté le 22 mai 2020 devant son domicile par des policiers en tenue civile et mis en prison depuis plus de 7 mois, sans procès.
Le rapport a également révélé que l’arrestation était « sans aucun document officiel la justifiant », en ce sens que les autorités marocaines l’ont donc accusé « d’attentat à la pudeur avec violence et détention », ajoutant que la détention est intervenue « deux semaines après une sale campagne de dénigrement » lancée à son encontre par des sites médiatiques pro-Pouvoir.
Le rapport a en outre rappelé l’arrestation du propriétaire du Quotidien Akhbar Al-Youm et du site Alyaoum24, Taoufik Bouachrine, le 23 février 2018 au siège du journal par 40 agents de sécurité, dirigés par le chef de division de la Police judiciaire, indiquant qu’en date du 26 février de la même année, le Parquet général a retenu contre lui des accusations de « viol et de traite des êtres humains », précédées d’une large campagne de « diffamation » contre sa famille et ses sympathisants.
Les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont par ailleurs condamné l’injustice faite au journaliste Bouachrine et souligné son droit à un procès équitable, appelant à ce titre à sa libération et à une indemnisation financière pour son arrestation arbitraire.Le journaliste a, néanmoins, été condamné à 12 ans de prison ferme, passant après un procès en appel à 15 ans de prison.
En termes de violations faites aux journalistes marocains, le journaliste et militant des droits de l’homme, Omar Radi se trouve actuellement dans sa cellule d’isolement dans des conditions très effroyables, alors que la sécurité marocaine a commencé à l’interroger, le 24 octobre 2020, pour « intelligence avec une puissance étrangère et atteinte à la sécurité de l’Etat, bien qu’il ait été initialement arrêté pour viol ».M. Bouachrine a déjà été arrêté le 26 septembre 2019 et condamné à quatre mois.
Il est actuellement en détention pendant cinq mois, sans procès, a poursuivi le rapport. Le rapport a en outre évoqué le cas du militant des droits de l’homme, El-Mouti Mondjib qui se trouve dans un isolement depuis son arrestation le 25 décembre 2020 pour « blanchiment d’argent », indiquant que la première arrestation arbitraire a débuté en 2015.Les communiqués rendus publics par les organisations de défense des droits de l’homme au Maroc et à l’étranger, ont appelé à sa libération et à mettre fin à toutes formes de persécution, dont il fait l’objet de façon permanente et aux pratiques de harcèlement au Maroc, notamment contre la liberté d’expression ».
APS
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