Avec la reconnaissance de l’État sioniste, le roi Mohamed VI ne bafoue pas seulement les aspirations des peuples sahraoui et palestinien. Il prend le risque de provoquer l’embrasement de toute la région du Maghreb. Dans le sillage de la fallacieuse « pax americana » sur la Palestine, le Makhzen s’est ouvertement mis sous la botte des puissances impérialistes comme ses acolytes de classe égyptiens et autres larbins de la région, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn. Le peuple marocain qui rejette cette forfaiture risque d’en payer le prix fort.
Les États-Unis, première puissance du monde, chef de file des Etats impérialistes, assistés de leurs caniches que sont la France, l’Angleterre, l’Allemagne et d’autres, font fi de toutes les lois internationales et des résolutions de l’ONU sur la décolonisation du Sahara occidental. Ils appuient ouvertement ou par leur silence la « marocanité » du Sahara occidental en échange de la honteuse reconnaissance de l’État sioniste. C’est une décision d’une gravité exceptionnelle. Les USA n’en sont pas à leur coup d’essai. En témoigne l’annexion du Golan syrien par Israël, voie ouverte à une future guerre.
Même si toute la ploutocratie du monde capitaliste feint depuis plus de 40 ans de regarder ailleurs, le peuple sahraoui n’a pas renoncé à lutter pour ses droits à l’indépendance. Le Maroc avec l’appui et la complicité des puissances impérialistes, dont la France en première ligne, occupe le pays illégalement, massacre et emprisonne les sahraouis, pille les richesses du Sahara occidental dans l’impunité totale.
Le Front Polisario est en guerre depuis l’annexion en 1975 du Sahara occidental. Pour maintenir ce pays sous sa domination, le monarque a construit entre 1980 et 1986, un mur de sable de 2700 km de long. C’est un champ de mines de 100 m de large surveillé en permanence par 120 000 militaires marocains que les médias des pays impérialistes n’évoquent jamais ( Évidemment ce n’est pas le mur de Berlin). Suite aux succès du Front Polisario, aux lourdes pertes infligées aux forces marocaines, un accord de cessez-le-feu a été signé en 1991 sous l’égide de L’ONU, après 15 ans de conflit armé. Cet accord prévoyait un referendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Le Maroc n’a jamais accepté de le mettre en application. Une guerre larvée s’ensuivit.
Le Maroc continue d’occuper illégalement le territoire sahraoui sans que les médias aux mains des magnats de la finance, US ou français en particulier, habitués à crier au respect des droits des minorités quand cela les arrange n’en soufflent mot. L’annexion du Sahara Occidental s’est faite au mépris des résolutions de l’ONU. Il peut massacrer et emprisonner les sahraouis, piller leurs richesses avec la bienveillance des puissances impérialistes comme si le conflit du Sahara Occidental n’existait pas. Mais les faits sont têtus. Le peuple sahraoui résiste toujours sous la direction du Front Polisario, son représentant légitime, pour forcer l’occupant à reconnaître son droit à la liberté, à l’indépendance du pays, à son propre Etat dans les frontières issues de la décolonisation, conformément aux règles adoptées par l’OUA dès sa création en 1963.
Le Polisario est en état de guerre de légitime défense. La guerre est loin d’être finie.
En véritable provocateur, le roi a envoyé le 13 novembre dernier des troupes à l’extrême sud du territoire, à la frontière mauritanienne, pour chasser un groupe de militants sahraouis qui bloquait la seule route menant à la Mauritanie. Cette route a été construite en violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991. Des accrochages sérieux faisant plusieurs victimes ont eu lieu selon le Polisario qui n’a pas exclu « l’extension des batailles au territoire marocain. »
En plus du conflit du Sahara Occidental qui perdure, la reconnaissance par le Maroc de l’État sioniste s’inscrit dangereusement dans l’extension de l’alliance avec impérialisme US, assisté de ses valets et de l’État sioniste. Mais surtout, c’est le renforcement de la puissance militaire d’Israël et de son rôle de gendarme au Moyen Orient. C’est un mauvais coup porté contre le peuple sahraoui ainsi que contre le droit légitime du peuple palestinien à un État. Cette reconnaissance donne quitus à la colonisation totale par l’’État sioniste de la Palestine, à la création d’un État d’apartheid, raciste et colonial.
Sans l’ombre d’un doute, c’est aussi une véritable provocation contre l’Algérie. Le Président Tebboune a dû rappeler que la question palestinienne est « sacrée pour le peuple algérien ». « C’est la clé du Moyen-Orient », a-t-il ajouté. On voudrait bien croire que cette position ne sera pas remise en cause. Elle souligne que sans règlement du problème de la Palestine, il ne peut pas y avoir de paix dans la région.
Le Premier Ministre Abdelaziz Djerad a souligné de son côté le fait que la situation politique subit une évolution dangereuse tournée contre l’Algérie : « L’Algérie est visée (…) Quand ont dit aux citoyens qu’il y a des opérations à l’étranger visant la stabilité du pays, voici les preuves, quand on voit que nous sommes entourés de dangers et de guerres. Il y a une volonté de ramener l’entité israélienne et sioniste à nos frontières ».
Encore faut-il mener une politique nationale sans compromission avec les puissances impérialistes. Malheureusement ce n’est pas le cas. D’autre part, Il a également appelé les Algériens à ne pas oublier les dangers qui entourent l’environnement régional du fait de l’instabilité de la région, ajoutant : « Il y a des opérations étrangères en dehors du pays qui veulent saper la stabilité du pays ». En disant cela, il fait en particulier référence aux opérations militaires que mène l’impérialisme français dans la zone sud sahélienne et aux interventions en Libye. De son côté l’Armée Nationale Populaire (ANP) insiste sur les dangers que représente l’accord entre le Maroc et Israël pour la sécurité dans la région.
Ainsi, dans son numéro de décembre, la revue de l’ANP El-Djeïch, appelle les Algériens à se « tenir prêts à faire face à des menaces imminentes ». Dans son éditorial il fait état de « la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et de la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps. »
La mobilisation des masses populaires face à ces dangers croissants suppose une politique économique et sociale en faveur des masses populaires et non de la bourgeoisie. Les intérêts de cette classe la portent inévitablement à pactiser avec l’impérialisme ou à chercher un compromis avec lui aux dépens de l’indépendance du pays et des travailleurs. Le pouvoir croit amadouer les puissances impérialistes par de multiples concessions. Les mesures en faveur des capitalistes externes ou internes sont un autre clin d’oeil en direction de ces puissances. De telles orientations pousseront par elles-mêmes à d’autres aussi injustifiables. C’est cette politique de recherche de compromis avec l’impérialisme qui met au contraire le pays en grand danger en affaiblissant ses capacités de résistance aux pressions et menaces impérialistes. Les mémorables journées de décembre 1960, dont le souvenir a été commémoré il y a quelques jours, nous rappellent que le peuple a fait échouer les plans de l’une des plus grandes puissances du monde.
L’impérialisme s’appuie toujours sur ses relais internes pour mettre à genoux un peuple
Il ne faut pas être un stratège de haut niveau pour comprendre les objectifs de l’impérialisme US et de ses valets au Sahara Occidental et dans la région en général. Les exemples du vampire étasunien sont connus. Tout d’abord en Afghanistan où ils sont empêtrés dans une guerre désastreuse depuis 20 ans contre le peuple de ce pays réduits à l’état de ruines. Puis l’invasion de d’Irak, à partir d’un mensonge ; L’armée américaine est intervenue sauvagement avec ses bombardiers, massacrant sans état d’âme le peuple irakien, laissant sur le terrain des milliers de morts, tuant sans distinction femmes et enfants. Le pays est à feu et à sang, complètement détruit, l’armée américaine occupe toujours certaines zones de ce pays où ce qu’il en reste. Et l’agression contre le peuple syrien. L’armée américaine occupe toujours une partie du territoire syrien sans l ‘accord du gouvernement légitime. La Libye à subi le même sort, après avoir été bombardée à coup de missiles. Des villes et villages ont été écrasées sous les bombes, plus de cent mille morts sur lesquels les médias observent un silence de plomb. Le « travail » a été fini avec l’assassinat filmé en direct du chef de l’État libyen sous les cris de joie de la « démocrate » Hillary Clinton. Depuis la Libye n’existe plus en tant que pays, les groupes terroristes et les pays impérialistes se disputent le butin et la manne pétrolière. Sans compter les grossières ingérences dans divers pays : Venezuela, Nicaragua, Equateur, Bolivie, Brésil, etc., et les nombreux coups d’État (Chili, etc.)
Alors que les médias à la solde de la ploutocratie du système capitaliste, parlent à longueur d‘antenne de la dangerosité du terrorisme, comment qualifier ces criminelles actions des dirigeants de l’impérialisme US et de sa clique. Il n’y a pas d’autres expressions, ce sont bien les plus grands terroristes que la terre ait portés et qui agissent dans l’impunité totale.
L’Africom n’est pas un instrument de paix mais le bras armé de l’impérialisme en Afrique
Mais ce n’est pas un hasard si l’impérialisme américain et son caniche français interviennent brutalement dans le conflit au Sahara Occidental. C’est un prétexte pour les USA qui lorgnent depuis de longues années du côté de l’Algérie. Ils veulent avant tout récupérer ses richesses et en particulier ses champs de pétrole. Pour les Américains, l’Algérie c’est la porte de l’Afrique et pour commencer ils veulent impérativement implanter l’Africom (en anglais United States Africa Command ) dans notre pays. C’est un commandement militaire spécialisé pour tout le continent africain. Il a été créé par le département de la Défense des Etats-Unis en 2007 et est entré en fonction en 2008. C’est une organisation qui coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des USA en Afrique. Ce n’est donc pas une organisation pour enfiler des perles. C’est sans l’ombre d’un doute une véritable machine de guerre contre les peuples africains pour piller l’Afrique entière et notre pays est en première ligne. Pour l’instant aucun pays africain n’a consenti à servir de siège permanent de l’Africom. Mais pour combien de temps encore ?
Nos dirigeants n’ont pas l’air de prendre au sérieux l’agressivité de l’impérialisme américain contre notre pays. L’impérialisme français voudrait bien lui aussi récupérer notre Sahara.
Le Maroc avec le soutien des puissances impérialistes, américains et français, risque de se lancer dans une aventure guerrière contre notre pays. Il ne faut pas oublier que le régime marocain n’a pas hésité à agresser militairement l’Algérie en septembre 1963, alors que le peuple algérien venait de sortir de 8 ans d’une terrible guerre pour arracher son indépendance. C’est la mobilisation populaire à travers les centaines de milliers de jeunes qui se sont portés volontaires pour repousser l’agresseur qui a effrayé le roi du Maroc. Cuba a manifesté son internationalisme en dépêchant du matériel et un encadrement militaire pour aider l’Algérie à obliger l’agresseur à évacuer les terres occupées par traîtrise.
L.S.
24 décembre 2020
Alger Républicain, 11 jan 2021
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