Alors que la Tunisie s’apprête à marquer les 10 ans de la chute de Ben Ali, le pays fait face à un chômage endémique, encore aggravé par la crise du Covid-19.
Un appel à la liberté qui a raisonné à travers toute la région. Dix ans ont passé depuis le mouvement de contestation populaire qui a conduit, le 14 janvier, à la fuite du président Ben Ali. Pourtant, cet événement d’une ampleur inédite en Tunisie, et qui avait lancé une vague de soulèvements à travers le monde arabe, n’a pas permis les avancées sociales tant espérées par la jeunesse.
Le taux de chômage national avoisine les 15 % avec certaines régions particulièrement touchées comme le Gouvernorat de Tataouine, où près de 30 % de la population est sans emploi.
« Rien n’a changé »
Si la production pétrolière tunisienne est modeste, plus de la moitié de l’approvisionnement provient de la région de Tataouine, dans le grand sud tunisien. Une zone qui concentre de nombreuses ressources naturelles notamment de gypse, de marbre et d’eau mais qui souffre pourtant d’un fort degré de marginalisation, notamment parmi la jeunesse qui peine à accéder au marché de l’emploi.
Face à cette dure réalité, certains s’organisent et protestent pour mettre la pression sur les autorités. Des manifestants ont même bloqué, en juin, la principale vanne d’alimentation du site pétrolier d’Al Kamour, premier pipeline desservant la ville de Tatouine. Un bras de fer interminable avec les autorités qui leur a permis d’arracher des dizaines de promesses d’embauche. « Le peuple tunisien, après 2011, n’acceptera plus qu’aucun responsable, quel qu’il soit, utilise les vieilles méthodes. Cette jeunesse est consciente. Ou bien tu me donnes mes droits ou je bloque le pays. On le dit clair et net », lance Tarek Haddad, coordinateur du mouvement citoyen Al Kamour, organisateur de ces manifestations.
En attendant que les promesses soient tenues, Oussama survit en écoulant de l’essence de contrebande libyen. « C’est un business risqué. C’est vraiment risqué. On n‘a pas d’alternatives. Sois-tu fais ça soit tu prends la mer. Rien n’a changé on est passé d’une marginalisation à une autre » déplore-t-il.
Un anniversaire morose
Quelques rassemblements et manifestations ont eu lieu à travers le pays en décembre pour marquer les dix ans du début de la révolte, notamment à Sidi Bouzid où Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant excédé par le harcèlement policier, s’était immolé par le feu le 17 décembre 2010.
10 ans après la révolution tunisienne : une célébration au « goût amer »
Le pays s’est doté en 2014 d’une Constitution saluée comme un compromis historique, posant les bases d’un régime semi parlementaire. Il a poursuivi ses avancées politiques, avec des élections équitables, un début de décentralisation et une liberté de parole sans précédent, en dépit de crises politiques et d’une série d’attentats terroristes sanglants en 2015.
Si la démocratisation de la Tunisie est largement saluée, l’espoir a néanmoins cédé la place à la colère au fil des ans, en l’absence de progrès social.
Le chômage continue à ronger les rêves d’une large part de la jeunesse, surtout dans les régions marginalisées, où de nombreux habitants sont toujours entravés par un système d’autorisations kafkaïen, qui les pousse à l’économie informelle, sans droits ni protection sociale.
Une situation encore aggravée par la pandémie de Covid-19 qui frappe durement le tourisme, secteur clé de l’économie tunisienne.
Avec AFP
France24, 11 jan 2021
Tags : Tunisie, printemps arabe,
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