La doctrine sécuritaire algérienne reste l’objet d’attention des chercheurs dans le domaine des études sécuritaires et stratégiques, notamment avec l’évolution des nouvelles menaces régionales, comme l’a évoqué le professeur en sciences politiques et relations internationales à l’université d’Alger, M. Salim Bouskine, dans son livre intitulé «La doctrine sécuritaire algérienne et les nouvelles menaces régionales», édité par la nouvelle publication universitaire de l’année 2020, en 233 pages.
CET ouvrage comprend une étude analytique des différentes menaces sécuritaires croissantes dans l’environnement régional de l’Algérie, notamment avec les répercussions de ce qu’on appelle «le printemps arabe» sur les pays voisins et les problématiques sécuritaires au Sahel qui deviennent de plus en plus complexes, suite à l’ingérence étrangère, particulièrement, selon l’auteur, celle de la France dans la région, qui démontre l’adaptation de la doctrine sécuritaire algérienne à ces défis pour préserver et renforcer la sécurité nationale.
Dans le même contexte, l’écrivain a abordé en détail les répercussions politiques, sécuritaires, économiques et sociales dudit «printemps arabe» qui a causé l’effondrement de certains Etats et leurs institutions et a induit à l’instabilité et au chaos et provoqué des conflits tribaux, régionaux pour détruire les Etats en interne, avec l’émergence de milices armées soutenues par des parties étrangères en tant que nouveaux acteurs non-étatiques, telle que la Libye dont la crise a été aggravée par l’intervention étrangère. S’agissant des répercussions économiques et sociales, celles-ci peuvent se résumer en la détérioration du niveau de vie des Etats ainsi que l’absence de l’investissement extérieur du fait de l’insécurité.
En outre, ce livre a traité des différentes menaces et risques qui pèsent sur la sécurité et la stabilité de l’Algérie, du fait de son environnement régional, à l’ombre des mutations et des changements survenus dans les pays voisins, aux frontières est, sud et la région du Sahel, en général. De même, l’écrivain a mis en avant les menaces croissantes et asymétriques du terrorisme, du crime organisé, de l’immigration clandestine, du trafic d’armes et de drogues. A titre d’exemple, la menace terroriste persiste malgré le fait qu’elle ait été éradiquée à l’intérieur, puisque les frontières de l’Algérie sont liées aux pays limitrophes. Etant donné la détérioration de la situation sécuritaire dans certains Etats de la région, ceci a créé un climat propice à la propagation des organisations et groupes terroristes ainsi que le trafic d’armes et la contrebande. L’Algérie a pu arrêter 200 personnes accusées de trafic d’armes, des dizaines de groupes mafieux et saisi 1500 armes en 2011.
De plus, l’Algérie souffre toujours de la menace liée au trafic de drogues, puisque le Maroc a produit, en 2008, 877 000 tonnes de cannabis et, selon les évaluations du Fonds monétaire international, les recettes financières du trafic de drogues sur le plan mondial sont estimées entre 300 et 500 milliards par an. En ce qui concerne l’immigration clandestine, le chercheur a démontré les efforts de l’Algérie visant à mettre fin à ce phénomène, notamment les menaces qui y sont liées avec certaines organisations terroristes, les réseaux du crime organisé transfrontalier et le trafic d’être humains.
Pour faire face à toutes ces menaces, le chercheur a démontré l’adaptation de la doctrine sécuritaire algérienne aux mutations et changements, en passant du concept de la sécurité dure à la sécurité douce, à travers l’adoption d’une stratégie basée sur un ensemble de mécanismes sécuritaires et militaires, dont l’ANP a pris en charge la mission de lutte antiterroriste. Sur le terrain, de nombreuses mesures ont été prises avec une nouvelle vision qui exige la restructuration de certaines forces par la création de nouvelles structures qui ont pour mission principale la lutte antiterroriste, à l’instar des unités (détachements de la garde communale et d’autodéfense). Au niveau des frontières, l’Algérie a intensifié sa présence en matière de sécurité et de renseignement tout le long de la bande frontalière nationale, à l’ombre des crises qui sévissent dans les pays voisins, et ce, afin de faire échouer toute tentative visant à exploiter ces situations et porter atteinte à notre sécurité nationale. De grandes capacités matérielles et humaines ont été mobilisées par notre pays pour assurer sa sécurité aux frontières avec la Libye, en raison de la complexité de la crise, comme il a adopté le principe du dialogue et de la réconciliation nationale. Afin d’empêcher le financement du terrorisme, le paiement de la rançon a été incriminé dans le but de tarir les sources du terrorisme.
Au plan de la coopération, l’Algérie a élevé le niveau de la coordination sécuritaire commune avec certains pays limitrophes pour faire face aux différentes menaces, en plus de ses efforts diplomatiques pour la lutte antiterroriste à travers sa participation aux activités et manifestations internationales ainsi que son adhésion et sa ratification des conventions internationales et régionales relatives à la lutte contre le terrorisme.
Pour conclure son ouvrage, le chercheur a constaté que les mécanismes sécuritaires, militaires, diplomatiques et juridiques adoptés par notre pays pour faire face aux menaces sécuritaires et régionales issues des crises des pays voisins, sont efficaces et efficients aux fins de s’adapter à la situation et maintenir la sécurité et la stabilité. L’Algérie a déployé des efforts fructueux à l’échelle internationale et régionale dans le règlement de certaines crises, telle que la crise malienne, en réunissant les protagonistes et en adoptant la voie du dialogue, loin de l’intervention étrangère, ainsi que les efforts de règlement de la crise en Libye, sans oublier son soutien permanent et immuable aux questions justes dans le monde.
El Djeich n°690, janvier 2021
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