par Abdelkrim Zerzouri
Sortira-t-on des formules de bonnes intentions sans lendemain, ou débouchant sur des résultats enchevêtrés pour le mieux qu’on puisse dire, lors de cette 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (Cihn) qui se tiendra à Alger le 18 janvier prochain ? Le climat est favorable pour bâtir une relation « apaisée », comme ne cessent de le répéter les responsables des deux pays, qui ambitionnent de dépassionner les débats en assumant le lourd héritage de l’histoire, notamment. Peut-être bien que les reports successifs de cette 5e session de la Grande Commission mixte algéro-française, qui devait se tenir en 2018, comme se sont entendues les deux parties à l’issue de la 4e session tenue au mois de décembre 2017 en France, auraient été bénéfiques pour déminer le terrain de part et d’autre et faire avancer les relations pour les placer à un niveau qui serait à l’abri des fritures fréquentes sur la ligne. Car, ce temps a servi à la réflexion et a finalement permis aux présidents des deux pays de voir plus clair à travers le prisme déformant des passions.
Ainsi, on compte cette fois-ci avancer dans de bonnes conditions sur le dossier de la mémoire, confié aux historiens Abdelmadjid Chikhi et Benjamin Stora, qui devait remettre son rapport au président français à la mi-janvier, soit à la veille de cette réunion du Cihn. Le président français sait pertinemment que ce dossier constitue la pierre angulaire du futur des relations entre les deux pays et il compterait, ainsi, présenter du concret sur ce plan. Il n’y a pas à dire, le dossier de la mémoire tiendra à l’occasion une grande part dans les travaux entre les deux parties, qui ont inscrit déjà, en 2017, parmi les recommandations de la 4e session du Cihn leur souhait de poursuivre du travail engagé par le groupe de travail sur les archives qui a permis, en mars 2016, d’adopter un cahier des charges opérationnel pour progresser dans la négociation archivistique, se félicitant de la remise, en marge de la 4e session du Cihn, de copies des inventaires réalisés qui décrivent trente-sept fonds d’archives.
Le scepticisme affiché récemment dans ce contexte par l’historien algérien Abdelmadjid Chikhi sera-t-il dissipé à l’issue des travaux de la 5e session du Cihn ? Aussi, l’action de la restitution d’une partie des crânes des résistants algériens conservés dans les collections publiques françaises devrait se poursuivre et occuper une bonne place des discussions entre les deux parties. Bien évidemment, accompagné d’une importante délégation, le Premier ministre français, Jean Castex, attendu en Algérie à partir du 18 janvier prochain, où il coprésidera, à l’occasion, avec le Premier ministre Abdelaziz Djerad, cette réunion de la 5e session de la Grande Commission mixte algéro-française (Cihn), cherchera à dégager avec son homologue algérien de nouvelles perspectives de coopération dans l’ensemble des domaines, à même de hisser la relation bilatérale à un partenariat d’exception que les deux parties ambitionnent de construire.
En attendant également d’autres orientations aux travaux après un éventuel entretien entre les deux présidents algérien et français, qui avaient convenu à l’issue d’un appel du président français, le 19 décembre dernier, pour prendre des nouvelles sur l’état de santé du président Tebboune lors de sa convalescence en Allemagne, de reprendre contact, début 2021, pour aborder nombre de dossiers et de questions d’intérêts communs, notamment les questions régionales et la situation en Libye, au Mali et au Sahara occidental.
Le Quotidien d’Oran, 9 jan 2021
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