Le renforcement de la coopération militaire entre l’ANP et l’armée mauritanienne constitue plus qu’une nécessité, en vue de faire face aux défis sécuritaires qui s’imposent dans la région.
La visite du Chef d’Etat-Major Général des Armées mauritaniennes, Mohamed Bamba Mokit, revêt un très grand intérêt géostratégique tout autant pour l’Algérie que pour la Mauritanie surtout qu’elle intervient dans un moment de grande tension dans la région. La rencontre du général Mokit avec le général de corps d’armée, Saïd Chanegriha a certes été une occasion de passer en revue l’état de la coopération militaire bilatérale mais elle a surtout permis d’échanger les analyses et points de vue sur les questions de sécurité régionale. Il va sans dire que les événements d’El Guergarate ont mis sous les feux des projecteurs les relations entre le Maroc et la Mauritanie. Car, si le retour des civils au pouvoir avait ouvert la porte à un réchauffement des relations entre Rabat et Nouakchott, cette option s’éloigne de plus en plus après que le Maroc ait fait éclater la guerre aux frontières de la Mauritanie, tirant dernièrement «par erreur» et à deux reprises sur ses patrouilles militaires, dans la zone frontalière avec le Sahara Occidental. C’est dire que la Mauritanie subit indirectement les conséquences de l’agression marocaine sur le Sahara occidental.
La normalisation du Maroc de ses relations avec l’état sioniste a été, elle, le coup de grâce. Car, la Mauritanie ne semble pas inscrire l’option de la normalisation avec Israël dans son agenda. D’ailleurs, ses parlementaires ont appelé hier, à une loi criminalisant une éventuelle normalisation des relations diplomatiques entre Nouakchott et Jérusalem. Ce qui laisse supposer donc que la Mauritanie va chercher à renforcer sa sécurité aux frontières avec le Maroc avec l’arrivée du danger sioniste. Mais plus que ce danger sur lequel, elle garde une position neutre, c’est surtout pour faire face au risque d’une amplification du terrorisme et des narcotrafiquants que la Mauritanie va chercher à rendre sa frontière hermétique. A ce titre, le renforcement de la coopération militaire entre l’ANP et l’armée mauritanienne constitue plus qu’une nécessité, en vue de faire face aux défis sécuritaires qui s’imposent dans la région. Cette consolidation se fera notamment à travers le comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) qui englobe l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger.
Pour Alger, le renforcement de la coopération avec Nouakchott est une aubaine à plus d’un titre. Car, cela va permettre de combattre plus efficacement le crime organisé et le terrorisme mais aussi développer le commerce vers l’Afrique. D’ailleurs, les exportations vers Nouakchott ont déjà été lancées et les produits algériens connaissent une présence forte en Mauritanie. C’est dire que le rapprochement Alger-Nouakchott aura des répercussions très bénéfiques sur les deux pays.
Amine Ghouta
Source : Cresus quotidien, 6 jan 2021
Tags : Algérie, Maurianie, Maroc, terrorisme, Sahel, trafic de drogue,
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