« Au terme de l’année 2020, l’activité boursière a clôturé sur une note légèrement défavorable avec un Tunindex en baisse de 3,33% comparable à sa performance durant l’année 2019 avec une baisse de 2,06%, mais contre des progressions de 15,76% et 14,45% respectivement en 2018 et 2017. C’est ce qui ressort du bilan de l’activité boursière dressé au 30 décembre dernier. En 2020, le montant global des émissions réalisées par les sociétés cotées et autorisées par le Conseil du Marché Financier (Fin novembre 2020) a atteint 911MD pour 26 opérations. Ce nombre est réparti entre 14 emprunts obligataires qui ont porté au total sur 780MD, un Emprunt obligataire émis selon les principes de la finance islamique pour un montant de 15MD, et 11 augmentations de capital pour 116MD. »
Analyse
Durant l’année 2020, l’activité Boursière a plutôt bien résisté face au marasme économique engendré par la covid-19 sur notre pays. Une crise exogène qu’inattendu, elle a, en un temps record, fait son irruption dans la vie de la population mondiale. Les facteurs d’incertitude suscités par la pandémie sont à la fois d’ordre sanitaire, économique et financier dans un monde déjà fragilisé par l’excès d’endettement et les bouleversements écologiques. L’incertitude est telle que les prévisions de croissance du PIB des pays font un grand-écart jamais constaté.
Par conséquent, l’activité économique mondiale a été sévèrement affectée, surtout durant le premier semestre de l’année 2020, par la paralysie générale engendrée par la propagation rapide de la pandémie de la Covid-19 et le confinement général qui en a découlé. Sur l’ensemble de l’année 2020, le Fonds Monétaire International a révisé à la hausse ses prévisions de la croissance mondiale, la ramenant à -4,4% contre -4,9% prévue lors de la révision de juin 2020, après +2,8% en 2019 et +3,6% en 2018. Cette contraction quasi généralisée a concerné les principales économies avancées et émergentes, dont notamment, la Zone Euro à -8,3%, les Etats-Unis à -4,3%, pays émergents et pays en développement à -3,3%. Par contre en Chine, un retour à la croissance plus vigoureux que prévu, lui attribue une prévision positive de l’ordre de 1,9%. Mais à contrario, il y a des raisons d’espérer.
Les tests de dépistage s’intensifient, les traitements s’améliorent et les essais de vaccins se déroulent à un rythme sans précédent ; certains en sont même à leur phase de commercialisation. La solidarité internationale se renforce dans certains domaines et se traduit notamment par une levée des restrictions commerciales sur le matériel médical et une augmentation de l’aide financière en faveur des pays vulnérables. La baisse de la croissance mondiale n’a pas pu être évitée malgré des mesures de soutien sans précédent des autorités monétaires et fiscales. Concernant les banques centrales, elles ont augmenté l’apport de liquidités à l’économie et limité la hausse des coûts des emprunts. D’autres mesures de grande ampleur sur le plan des finances publiques et du secteur financier ont empêché que les pertes à court terme ne soient plus importantes. Les dispositifs d’activité partielle et d’aide financière aux travailleurs mis au chômage technique ont permis à beaucoup d’entre eux de conserver leur emploi.
A l’instar de la répercussion sur l’ensemble des pays du monde entier, la crise du COVID-19 a porté un coup dur à l’économie tunisienne qui souffre déjà bien avant cette pandémie surtout avec une fréquence élevée des tensions sociales et la fragmentation du paysage politique. En Tunisie, le produit intérieur brut ; aux prix de l’année précédente ; a diminué de 6,0% au cours du troisième trimestre 2020 par rapport à la même période de l’année 2019. Selon l’INS, notre économie a enregistré au cours des neuf premiers mois de cette année une baisse de 10,0% par rapport à la même période l’an dernier. Pour l’ensemble de l’année 2020, l’économie tunisienne devrait accuser une contraction de 7,3%, selon les dernières prévisions du budget économique contre une croissance de 2,7% initialement prévue, avant de se redresser progressivement en 2021 à +4%.
Ce repli sans précèdent est constaté sur la majorité des secteurs, bien que les pouvoirs publics aient également pris des mesures d’accompagnement pour les ménages et les entreprises et d’ordre monétaires visant à atténuer le choc économique provenant de la pandémie. La mauvaise prestation de notre tissu économique est constatée aussi sur les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur.
Au cours des onze premiers mois de l’année 2020, ils ont enregistré en volume (prix constant) par rapport à la même période de l’année 2019, une baisse à l’export de (-12,7%) et à l’import de (16,4%). Il ressort des différents indicateurs de l’activité économique durant le deuxième trimestre, la poursuite de la baisse de l’activité du secteur des industries manufacturières surtout avec le fléchissement aigüe de la demande extérieure notamment celle émanant de la Zone Euro ; principal partenaire de la Tunisie et la contraction du secteur minier et du bâtiment et génie civil. Sans oublier les secteurs directement exposés à la pandémie, notamment les services de l’hôtellerie, transport aérien, cafés et restaurants… A cet effet, les recettes touristiques en devises ont enregistré une contraction de 59,8%, au cours des neuf premiers mois de l’année 2020, contre une hausse de 41% une année auparavant.
Quant à l’inflation, et sur un an, les prix à la consommation augmentent de 4,9% en novembre 2020, après 5,4% le mois précédent. Soit le plus faible taux enregistré depuis le mois de juin 2017. Cette baisse de l’inflation résulte d’un ralentissement du rythme d’augmentation des prix de l’alimentation.
Côté Finances Publiques, et sous l’effet conjugué de la hausse des dépenses et la baisse marquante des ressources propres de l’Etat, le déficit budgétaire actualisé devrait atteindre 12,4% du PIB, soit l’équivalent de 13 729MD contre un taux de 3,0% prévu initialement dans la loi de finances pour l’année 2020.
Ce dérapage a accru les besoins de l’Etat, ce qui par conséquent augmenté le taux d’endettement à un niveau de 90% à fin 2020 contre 72,5% en 2019. Sur le volet monétaire, l’Institut d’émission a pris des mesures depuis le mois de mars 2020 afin de favoriser davantage l’accès aux financements de la part des ménages et des entreprises.
Quant au Dinar Tunisien, en termes de moyenne, son cours a enregistré, au 30 décembre 2020, et en comparaison avec sa valeur de l’année précédente, une dépréciation de 5,28% vis-à-vis de l’euro et une appréciation de 3,38% par rapport au dollar américain (selon les informations publiées par la BCT). La crise sanitaire n’a pas manqué de se répercuter sur les indicateurs de l’activité boursière durant l’année 2020. Une conjoncture interne et externe très difficile pour l’investisseur afin de bien marquer une stratégie d’investissement.
Malgré cette situation, les indicateurs d’activité des sociétés cotées, sur les 9 premiers mois de l’année 2020, font ressortir un revenu global en baisse modérée de 5% par rapport à la même période de l’année 2019, pour atteindre 12,2 milliards de dinars contre 12,9 milliards de dinars. Cette tendance baissière est moins acérée, si on compare seulement le troisième trimestre 2020 par rapport au trimestre similaire de l’année écoulée, soit une baisse de 0,22%. Ce qui plaide pour une reprise de l’activité de quelques secteurs de la cote après une période de confinement très ardue sur l’activité.
Source : Leaders, 3 jan 2021
Tags : Tunisie, année 2020, coronavirus, covid 19, bilan,
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