par Abdelkrim Zerzouri
Le glas a-t-il sonné pour le terrorisme en Algérie ? Il est loin le temps où les attentats meurtriers en Algérie faisaient la une des JT, des télévisions occidentales, surtout, laissant les spécialistes des questions sécuritaires parler d’une lente agonie du terrorisme dans ce pays qui a subi les affres de ce fléau bien avant que d’autres en prennent connaissance et conscience. Le bilan de l’année 2020 conforte cette vision avec la mise hors d’état de nuire par les éléments de l’Armée nationale populaire (ANP) de 37 terroristes, dont 21 d’entre eux ont été abattus, 9 capturés et 7 autres se sont rendus aux autorités militaires, en sus de l’arrestation durant la même période de 108 éléments de soutien aux groupes terroristes.
Un bilan évocateur sur le plan de la lutte antiterroriste. Car, on constate une nette diminution de l’activité terroriste en comparaison à l’année précédente (2019), où pas moins de 84 terroristes ont été mis hors d’état de nuire par les éléments de l’ANP, ainsi que l’arrestation de 245 éléments de soutien aux groupes terroristes et la reddition de 13 membres de familles de terroristes. Et les chiffres confortent cette thèse si on remonte plus dans le temps pour tirer une comparaison des bilans, plus consistants d’une année à l’autre. Non seulement les terroristes sont isolés et traqués jusque dans leurs derniers retranchements, mais il y a tout loisir de constater également que leur capacité de nuisance se trouve considérablement réduite.
Les mauvais jours sont derrière nous, certes, mais l’expérience conseille qu’il ne faut jamais baisser la garde dans la lutte antiterroriste. Car, un seul terroriste en circulation est déjà de trop. Cependant, il est clair que les nouveaux défis sécuritaires de l’Algérie sont, aujourd’hui, multiples. Sur le plan intérieur le terrorisme a été très affaibli par les coups de boutoir des éléments de l’Armée, mais la menace terroriste reste plus préoccupante face aux mutations dangereuses dans le sens d’un redéploiement stratégique des terroristes dans le voisinage immédiat, aux frontières du pays, notamment dans la région du Sahel, faisant craindre une plus grande radicalisation de ses actions.
Ainsi, hors cette menace terroriste dont la gestion est permanente et évolutive selon les nouveautés du terrain, le trafic de drogue, l’immigration clandestine et d’une manière générale la criminalité organisée transfrontalière constituent des défis sécuritaires majeurs pour l’Algérie durant les prochaines années. Le bilan de 2020 laisse entrevoir sur ce plan toute la réalité des nouveaux défis sécuritaires.
En effet, dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et la sécurisation des frontières, on fait état de l’arrestation, en 2020, de 1028 narcotrafiquants, et la saisie d’énormes quantités de kif traité, estimées à plus de 703 quintaux, et près de 28 kilogramme de cocaïne, ainsi que plus de 3,5 millions de comprimés psychotropes.
Sur le plan de la lutte contre l’immigration clandestine, qui ne révèle que la partie visible de l’iceberg, le bilan de l’ANP reste également révélateur quant à ces nouveaux défis sécuritaires, avec l’arrestation dans la même période de 8184 candidats à l’émigration clandestine via des embarcations de construction artisanale, et l’interception de 3085 immigrants clandestins de différentes nationalités.
L’Algérie est-elle bien parée face à ces nouveaux défis sécuritaires ? Quand on parle de crime transfrontalier, cela exige une collaboration étroite entre les pays, voisins notamment, pour y faire face avec efficacité, et c’est ce qui manque affreusement dans cette équation.
Le Quotidien d’Oran, 4 jan 2021
Tags : Algérie, terrorisme, Libye, Mali, Sahel,
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