Le moins que l’on puisse dire est que les relations entre l’Algérie et la France pour l’année 2020, qui s’achève, ont connu des hauts et des bas et n’ont pas été à la hauteur de la relance voulue par le chef de la diplomatie française – qui a effectué pas moins de trois visites à Alger au cours de cette année. Alors que les échanges téléphoniques ont été nombreux entre les deux chefs d’État, Abdelmadjid Tebboune et Emanuel Macron. Les deux présidents ont eu à se rencontrer lors de la conférence de Berlin sur la Libye.
Après l’élection de Tebboune à la magistrature suprême, Paris s’est contenté de prendre acte de son élection. Mais dès le mois de janvier, la France décide de la relance de ses relations bilatérales à la faveur d’une visite de travail du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Alger, qui est reçu par le président Tebboune et par le Premier ministre, Djerad et a eu des entretiens avec son homologue Sabri Boukadoum. Le chef de la diplomatie française déclare que « le président Tebboune a manifesté une ambition pour l’Algérie, celle de la réformer en profondeur pour renforcer la gouvernance, l’État de droit et les libertés, également pour relancer et diversifier l’économie conformément aux aspirations exprimées par les Algériens depuis un an, a-t-il dit .Il ajoute que le chef de l’État « s’est engagé à conduire l’Algérie dans un esprit de dialogue, afin que tous les Algériens puissent s’exprimer sur ces réformes. Nous souhaitons qu’il réussisse dans cette mission. » M. Le Drian se félicite en outre du rôle joué par notre pays dans l’apaisement des conflits dans la région, notamment en Libye. Les visites du chef de la diplomatie française point culminant des relations Alger-Paris , avant la pause forcée due à la pandémie du covid-19 , est intervenue au milieu d’un véritable ballet diplomatique à Alger de chefs de diplomatie européens et de chefs d’État, sera suivie par plusieurs entretiens téléphonique, entre les présidents Tebboune et Macron qui, aux yeux des observateurs, semblaient marquer un rapprochement entre les deux pays.
Les restes de 24 résistants à la colonisation française rapatriés
L’accent est mis sur la priorité à donner à la question mémorielle, après la remise par la France des restes de 24 résistants à la colonisation française.
À Paris, on estimait que la restitution des crânes des résistants algériens se voulait un signal « fort du dégel » des relations bilatérales. Dans un entretien à la chaîne de télévision France 24, le Président Tebboune rappelait une exigence nationale, « les excuses de la France pour la colonisation de l’Algérie afin de rendre le climat plus serein entre les deux pays ».
Le chef de l’État a révélé qu’il a décidé avec son homologue, pour porter et approfondir le chantier mémoriel , de confier à l’historien Benjamin Stora, côté français, et Abdelmadjid Chikhi, côté algérien, de travailler chacun sur le dossier de la mémoire . « Nous souhaitons que les deux historiens accomplissent leur travail dans la sérénité et l’apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations politiques, le climat des affaires et la bonne entente », avait déclaré le président algérien le 5 juillet dernier, lors de son interview à la chaîne TV France 24 . Il a rappelé que « le président Macron a eu le courage de dire que la colonisation était presque un crime contre l’humanité, ce que d’autres n’ont pas dit », estimant à ce propos que « l’Algérie a déjà reçu des demi-excuses » de la part d’Emanuel Macron.
Au plan économique plusieurs dossiers sont en instance et ont été actualisés lors de la 6e session du Comité mixte économique algéro-français, tenue à Alger le 12 mars 2020.
Mais désormais, les relations économiques obéissent à de nouveaux paramètres et les partenaires français ne seront pas systématiquement privilégiés, comme ce fut souvent le cas durant l’ère Bouteflika. Sur les grands dossiers diplomatiques, à Alger on ne cesse de stigmatiser la position partisane et le parti-pris de la France pour le Maroc, même si le nouvel ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, affirme au lendemain de la reprise des hostilités entre le Maroc et la RASD qu’il faut « un retour à l’ONU » pour le règlement de la question du Sahara occidental.
De son côté, le Front Polisario ne cesse de dénoncer la position de la France et son soutien au Maroc qui pousse ce pays à l’intransigeance et au blocage du processus onusien. Sur la situation au Mali où la force Barkhane se heurte de plus en plus aux attaques mortelles des groupes terroristes, la convergence des points de vue a été fortement endommagée par les dernières évolutions au Mali avec la libération d’otages contre le paiement de rançons et la libération de centaines de terroristes islamistes, dont certains ont été arrêtés en Algérie.
M. Bendib
Source : Le Courrier d’Algérie, 2 jan 2021
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