Sahara occidental : ce qui manque à l’Algérie pour remporter sa guerre contre l’Empire?

Les propos du ministre algérien des A.E., Sabri Boukadem, qui, ayant rencontré l’ambassadeur de Damas à Alger, lui a présenté ses condoléances pour le décès de son homologue syrien, Walid al-Mouallem, méritent réflexion.

A l’issue de cette rencontre, Boukadem a déclaré à Al-Mayadeen que la « perte d’un diplomate chevronné comme Walid al-Mouallem n’était pas propre à la Syrie », mais que « le monde arabe et la diplomatie arabe venaient de subir une grande perte » :  » L’Algérie apporte son soutien à la Syrie. Le peuple syrien devra décider de son propre destin et aucun pays étranger ne devra s’immiscer dans cette question. La position de l’Algérie est décisive et fondée sur des principes : l’Algérie avait été aux côtés de la Syrie dans les circonstances les plus difficiles et elle restera toujours à ses côtés, pas seulement en paroles, mais en pratique ».

En effet, en mars 2020 et alors même que l’axe US/OTAN faisait une première percée au Maghreb par la Turquie et les Émirats interposés, via la pseudo guerre libyenne, Alger a rapidement compris que son soutien à la Syrie ne pouvait se réduire à des appels lancés aux pays arabes pour créer les conditions d’un retour de Damas au sein de la Ligue arabe. A l’époque et alors même que la Turquie continuait, à l’aide de l’OTAN à faire débarquer des terroristes takfiristes à bord de ses navires et puis après avoir pris le contrôle d’al-Watiya, à bord de ses avions, en Libye, non loin des portes de l’Algérie, une importante délégation algérienne s’est rendue à Damas pour faire part de la volonté algérienne de coopérer avec l’armée syrienne. Vint ensuite une nouvelle percée turque au Sahel avec en toile de fond le projet de déstabilisation des frontières algéro-maliennes et là encore, le besoin de davantage de coopération algéro-syrienne s’est fait sentir.

La guéguerre inter OTAN autour du gaz méditerranéen n’étant qu’un prétexte, on a vu dans la foulée, l’armada otanienne occuper la Méditerranée occidentale, projetée même d’y ériger des bases navales, là encore pour imposer un blocus de facto à l’Algérie. Le parallèle avec la Syrie venait à tout esprit jusqu’à ce que n’éclate cette rupture de trêve au Sahara occidental. Le feu que l’axe US/OTAN vient d’allumer au Maghreb islamique rien que pour faciliter l’emprise israélienne dans la région pourrait-il s’éteindre sans une alliance effective avec la Syrie et autres États et groupes de Résistance?

Inquiète du danger des terroristes en Afrique du Nord, l’Algérie continue non seulement la politique du soutien au gouvernement syrien qui lutte contre la propagation du terrorisme dans d’autres régions du monde, mais elle a autorisé le déploiement de l’armée algérienne à l’étranger selon sa nouvelle Constitution. Dans ce sens, il a décidé de lutter contre le terrorisme au Mali, mais aussi la possibilité d’une intervention militaire pour défendre l’allié stratégique de l’Algérie dans la région : La République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), membre à part entière de l’Union africaine.

En effet, la rupture de la trêve Rabat/Polisario, décidé par l’axe US/Israël avec en toile de fond une intervention militaire éminemment dangereuse des forces marocaines dans la zone tampon de Guerguerat, ne ne pourrait avoir d’autre objectif que celui de porter atteinte à la profondeur sécuritaire et stratégique algérienne. C’est d’autant plus vrai que les Emirats et Israël ont décidé cette fois de ne plus jouer à visages masqués, mais direct et sur table. Le fait d’ouvrir des consulats au Sahara occidental, ce qu’ont fait les Émirats, cadre d’ailleurs parfaitement la volonté US/OTAN/Israël de voir cette région se transformer en une « nouvelle Syrie » ou un « nouveau Yémen », propre à justifier le déploiement des troupes étrangères occidentales, « mobilisées évidemment à l’effet de porter l’assistance à un Maroc qui vient de signer un accord militaire de dix ans avec les USA.

D’ici peu, il faudrait d’ailleurs s’attendre à ce que le trône marocain soit soumis à de fortes pressions pour lancer des appels aux États Unis, à la France, à leurs satellites golfiens pour combattre les “terroristes et séparatistes sahraouis” et tout ceci, parallèlement à des opérations de déstabilisation internes qu’Abou Dhabi et Tel-Aviv mènent depuis deux ans en Algérie, sans succès, mais dont le rythme serait sans doute accéléré. L’histoire des incendies du Nord algérien n’y étant pas étranger. Il va sans dire que l’ANP s’y prépare, mais face à une “coalition”, il faut faire partie d’une coalition. L’allusion faite par le MAE algérien au soutien pratique à l’armée syrienne voudrait peut-être dire cela, note un analyste qui affirme :

” Près de dix jours après la reprise de la guerre au Sahara Occidental, le Conseil de sécurité brille par son silence, quitte à pousser à ce que la mèche de la guerre, une énième, soit allumée au Maghreb qui abrite les musulmans les plus anti-sionistes du monde. Etre Kidnappé par l’axe US/Israël rend possibles tous les comportements, y compris les crimes de guerre contre la population civile dans les territoires occupés, à un moment où la MINURSO n’a d’autre mandat que de surveiller un cessez-le-feu qui a volé en éclats en raison de l’action marocaine dans la zone tampon. En cherchant à imposer aux Sahraouis, et partant à l’Algérie une guerre, l’axe US/Israël impose aussi à l’allié marocain un fardeau au moment où l’économie du royaume tend à s’écrouler sous l’effet de la pandémie. Au lieu de lui livrer le riche territoire sahraoui, ils poussent le Maroc à l’effondrement. C’est ce qu’ils ont fait à l’Arabie saoudite, en l’entrainant dans la guerre au Yémen et à la Turquie, en la poussant à s’enliser en Syrie. Pour l’axe US/Israël, toute alliance signifie l’asservissement ».

Pars Today, 23 nov 2020

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