Par Ali Akika – Après la politique de la canonnière de l’impérialisme, voici venue l’ère de celle du dollar et de la trahison. Avant d’habiller de honte cette trouvaille de ce monde qui panique devant les signes de son déclin, rappelons la nature de son système. Ce dernier se targuait d’avoir apporté à des «barbares» les bienfaits de la civilisation qui n’était en réalité qu’une entreprise de colonisation avec son cortège de misères et de massacres. Au passage, ces «barbares» ont légué à l’Humanité l’agriculture, l’écriture, la boussole et la poudre, sans parler des trésors intellectuels et artistiques qui font le bonheur des musées. Héritage qui a permis à l’Europe de flirter avec la Renaissance qui lui ouvrit les portes de la «modernité» et que les vrais penseurs appellent le capitalisme. Ce système domina le monde à l’aide de la politique de la canonnière jusqu’à l’aube du XXe siècle.
La Palestine et le Sahara Occidental vendus par la servitude et le dollar
Le réveil des peuples avec leurs révolutions et luttes de libération ouvrirent des brèches dans cette domination sans partage. Un autre monde émergea dans le sillage des révolutions en Russie (URSS), Chine, Vietnam, Algérie, Cuba. Et de nos jours avec ses défaites en Irak, Afghanistan, Syrie, Venezuela, l’impérialisme inventa la stratégie du dollar et de la trahison. Il faut dire que la gouvernance de ce monde-là est tombée dans les mains des hommes d’affaires qui idolâtrent le dieu dollar. Dès lors, il ne faut point s’étonner de voir cette politique appliquer en Palestine et au Sahara Occidental. Quand on réfléchit à cette nouvelle stratégie, on ne peut ne pas penser aux similitudes de la représentation du monde chez le trio Trump-Netanyahou-Mohammed VI.
Ces similitudes se retrouvent dans le triptyque de leur idéologie : je veux, je prends, ça devient mien légalement. Et ce n’est pas un hasard si ces chefs d’Etat sont à la tête de pays où l’on a précisément chassé les habitants de leurs terres et pensent qu’une simple signature sur du papier biodégradable légitimerait et légaliserait le vol d’autrui. Comme le dernier arrivé dans le trio, M6 n’est pas assez armé pour concevoir une stratégie à lui, il ne s’embête pas et copie à la virgule près les expériences des pays de Trump et de Netanyahou. Ces derniers s’appuient sur la Bible pour écrire l’Histoire. Pour eux, ce texte religieux est un titre de propriété inaliénable parce que «divin».
Mais comme ils savent que la Bible n’est pas le livre de chevet de toute l’humanité, ils sortent le carnet de chèques pour appâter ceux qui sont préparés à vendre leur âme sans honte, ni remords. Notre roi du Maroc a, enfin, trouvé en Trump et en Netanyahou des amis qui croient, comme lui, aux balivernes des contes de fée. Ses deux comparses croient en les divinités bibliques, lui leur préfère les liens d’allégeance de ses sujets et tribus. Allégeance veut dire rapport de soumission, de servitude, et c’est avec cette notion-là qu’il veut rivaliser avec la décision juridique de la Cour internationale de justice de La Haye.
Hélas, pour lui, le droit international est né précisément sur les décombres de toutes les règles d’allégeance propres au féodalisme et autres «droits divins». Nos rois du Maroc, père et fils vendirent ce droit d’allégeance à tous ceux qui ont accepté d’être les idiots utiles à l’intérieur du pays et les puissances qui tiennent à pérenniser leurs intérêts au Maroc. Mais leurs rêves et ambitions virent se dresser sur leur chemin le peuple sahraoui. Il ne restait qu’à se barricader derrière un gigantesque et interminable mur de sable en attendant que ce peuple se fatigue. Comme c’est bizarre, nos rois du Maroc imitèrent Trump avec son mur à la frontière mexicaine et Netannyahou avec ses murs le long des frontières, entre les villes et villages et poussa la folie jusqu’à séparer le champ du paysan de la maison où il habite. Ainsi, pour leurs interminables murs, nos rois firent appel au savoir-faire de l’armée de Netanyahou et aux drones américains pour surveiller ces satanés et têtus Sahraouis du Polisario.
En dépit des misérables trouvailles de cette politique de la prédation, invention d’une légitimité divine ou féodale, de l’appât pour esprit vénal, de l’enfermement derrière des murs de sable, l’opinion et le droit internationaux restèrent sourds à cette politique de la force s’appuyant sur les dénis de l’Histoire. Alors, ils sortirent leur dernière carte d’un chapeau usité dans les cirques : le pigeon de l’illusion. Ils pensèrent au prestige lié au statut d’une ambassade installée comme une signature indélébile d’une reconnaissance d’un pays. Comme si une ridicule plaque d’une ambassade allait effacer des millénaires d’histoire dans une ville comme Al-Qods ou bien une baraque ensablée dans l’immensité du désert saharien. Voilà ce qui s’est tramé dans la tête de ce trio en quête d’un succès diplomatique pour réaliser leurs ambitions dans leurs Etats. Voilà sur quoi repose le marchandage Sahara contre la reconnaissance d’Israël. Dans cette équation, ils ont oublié un peuple à qui revient un jour ou l’autre le dernier mot. Ici, les combattants sahraouis qui ont repris les armes.
Ainsi, le grain de sable ou plutôt la grosse pierre dans le moteur de la trahison de M6, c’est le peuple sahraoui. Avec la pierre sahraouie, il faut aussi compter avec la géopolitique et la géostratégie de la région. M6 recevra, certes, des dollars mais il n’y aura aucune troupe militaire qui viendra mourir pour lui dans le sable chaud du désert. Ce ne seront pas les armées des féodaux qui font déjà appel pour leur propre protection à des puissances étrangères. Pas plus du reste, l’armée d’Israël ne viendra au secours du petit roi. Elle est occupée à occuper la terre de Palestine, à bétonner la frontière nord et le Golan face au Hizbollah. La défaite de la coalition internationale en Syrie et en Irak qui a favorisé l’entrée dans le Moyen-Orient de la Russie et de l’Iran a refroidi les va-t’en-guerre.
Quant à la Libye, les puissances (France et Angleterre) à l’origine du désastre ont été proprement dégagées de ce pays au profit d’amis (Turquie et Russie) qui ne leur veulent pas du bien. On voit mal les troupes des féodaux du Golfe venir défier le Polisario, ni Israël qui s’épuise pour zéro bénéfice à bombarder des ennemis coriaces qui voient à l’œil nu les premières lignes de défense de son armée. Le roi M6 sera bien seul dans un mois quand Trump sera à la retraite. Il n’est pas sûr que les 3 milliards promis seront «versés» par son successeur. Il sera seul et, en face de lui, il y aura le peuple marocain qui, à la différence de ceux du Golfe «endormis» par les dollars du pétrole et servis par les travailleurs étrangers esclavagisés, se soulèvera.
Avec le développement de la lutte armée du Polisario, les pressions économiques et diplomatiques et autres par le biais de la cyberguerre vont se manifester. Il ne faut pas exagérer l’importance du pion marocain au regard de la complexité et la géopolitique de la région. Les réactions diplomatiques ici et là montrent qu’il ne faut pas bouger une pièce du jeu de domino pour éviter une 2e Libye aux portes de l’Europe. Il n’y a que la vérité du champ de bataille qui vaille. Le Polisario est entré dans la seconde étape de sa lutte de libération. Rappelons la leçon de la première étape. Le roi Hassan II a fanfaronné en occupant tout le Sahara Occidental puis l’a partagé avec la Mauritanie. La lutte du peuple sahraoui a fait voler en éclats ce petit scénario et la Maurétanie a tourné le dos à ce marchandage. La lutte a continué.
Hassan II a voulu couper les liens du Polisario avec l’Algérie pour gagner la guerre. Il commit une faute en s’attaquant à l’armée algérienne qui aidait les populations sahraouies à Amgala. La riposte fut foudroyante qui se solda par la disparition de la garnison marocaine. Hassan signa pour gagner du temps un cessez-le-feu qui dura jusqu’au 13 novembre 2020. Au vu des déclarations du Polisario, les subterfuges des deux rois, et malgré l’aide et les complaisances de l’Occident, la guerre a repris pour ne s’arrêter que par la victoire sur le terrain et l’application de l’autodétermination du peuple saharaoui reconnu par l’ONU.
A. A.
PS : Je viens de lire le papier de l’Américain conseiller démocrate. Il nous joue la fable de La Fontaine du Corbeau et du Renard. Modestement, je dis qu’il conforte mon papier. Ses amis du Golfe et Israël sont incapables d’intervenir directement. Ils n’ont comme ressources que la flatterie et ils croient que tout le monde est alléché par le dollar. Les Algériens connaissent cette musique, De Gaulle en arrivant au pouvoir a lancé le plan de Constantine pour nous berner, on connaît la fin du film.
Algérie Patriotique, 16 déc 2020