LE CONSEIL DE SÉCURITÉ A EXAMINÉ LES DERNIERS DÉVELOPPEMENTS AU SAHARA OCCIDENTAL, SYNONYME D’UN RAPPEL À LA LÉGALITÉ INTERNATIONALE : Une gifle pour le Maroc
Croyant avoir achevé la question Sahraouie en criant victoire au lendemain de sa reconnaissance, par le président Trump, de sa supposée souveraineté sur les territoires occupés, le Maroc a essayé un échec diplomatique cuisant, encore un autre, émanant de surcroît du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, en réunion lundi soir, le Conseil de sécurité a examiné les derniers développements survenus, depuis le 13 novembre dernier, à El Guerguerat, après la violation marocaine du cessez-le-feu de 1991 signé avec le Front Polisario sous l’égide des Nations unies. Ainsi, les participants ont souligné « l’urgence de reprendre le processus politique au Sahara occidental », à l’arrêt depuis 2019, appelant le Front Polisario et le Maroc, les rivaux en conflit, « à revenir à la table des négociations sans préconditions. » À l’issue de cette réunion, l’Afrique du Sud a, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Jerry Matjila, exprimé son « impatience » quant à la nomination d’un nouvel envoyé du secrétaire général onusien, pour « soutenir les négociations et la reprise du processus politique ». « L’Afrique du Sud attend avec intérêt la nomination d’un nouvel envoyé personnel du secrétaire général » pour le Sahara occidental, poste vacant depuis plus d’un an, « pour appuyer les négociations et relancer le processus politique », a déclaré M. Matjila à l’issue de ces consultations tenues à huis clos. Les deux parties en tant qu’États membres de l’UA, a-t-il poursuivi, « doivent préparer les conditions pour un nouveau cessez-le-feu, en étroite coordination avec le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, conformément à toutes les dispositions pertinentes de son protocole, pour parvenir à une solution juste et durable du conflit » qui assure au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination. Déplorant l’absence d’un nouvel émissaire onusien, l’ambassadeur Matjila, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, a indiqué que le Conseil et la communauté internationale devraient » envisager toutes les méthodes alternatives et pacifiques pour faire avancer la voie politique ». Après une intense médiation qui a ravivé l’espoir de paix au Sahara occidental, le processus onusien se trouve depuis mai 2019 dans l’impasse depuis le départ de l’envoyé personnel, Horst Köhler, à qui l’ONU tarde à nommer un successeur.
Appel au respect du droit à l’autodétermination
L’appel au respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination a été fortement réaffirmé par l’Allemagne, la Russie et le Royaume Uni qui ont exprimé leur opposition à la décision unilatérale du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire. L’Allemagne qui a demandé la tenue de cette réunion a fait part de la frustration des sahraouis face au gel du processus de paix, appelant à cette occasion à concrétiser leurs aspirations. Son ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen, a déclaré dans ce sens: « Pour nous, résoudre les conflits pacifiquement, c’est suivre les règles, mettre en œuvre les résolutions de l’ONU et appliquer le droit international ». L’ambassadeur d’Allemagne a exprimé en outre la préoccupation de son pays face au blocage du processus politique et à la dangereuse escalade du conflit. « Soutenir la Minurso est essentiel », a-t-il encore dit dans un tweet. Le Royaume Uni, a de son côté, réitéré son appel à des négociations constructives permettant au peuple sahraoui de déterminer son avenir. La délégation belge auprès de l’ONU a souligné, pour sa part, que « le statut final du Sahara occidental sera déterminé par un processus conduit par l’ONU, conformément au droit international, à la Charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité onusien. « Nous appelons les deux parties à revenir à la table des négociations », a-t-elle insisté. Et la mission de la République d’Estonie a, elle aussi, également indiqué dans un tweet que l’Estonie « soutient les efforts du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour trouver une solution politique acceptable pour les deux parties au conflit (Maroc/Front Polisario) sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies ». La Mission estonienne a réaffirmé également la position de l’Estonie qui « respecte une solution basée sur les normes internationales, les résolutions des Nations unies et le droit international ». Au cours de cette réunion, la Chine, le Niger, la République dominicaine et la Tunisie, ont renouvelé leur soutien à la reprise du processus onusien sous les auspices d’un nouvel émissaire que l’ONU doit désigner rapidement. Peu avant ces consultations, le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric, a affirmé que la position des Nations unies demeurait inchangée sur cette question.
« Notre position sur les déclarations concernant le Sahara occidental n’a pas changé et nous continuons de croire qu’une solution peut être trouvée par un dialogue fondé sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », de l’ONU, a déclaré M. Dujarric avant le briefing du Conseil de sécurité.
La réunion du Conseil de sécurité est intervenue au moment où les affrontements entre les deux parties au conflit ont repris, après que les forces militaires marocaines ont rompu le cessez-le-feu le 13 novembre dernier en agressant des manifestants sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental.
Elle est survenue également dans le sillage de la reconnaissance le 10 décembre par l’administration Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, moyennant la normalisation des relations maroco-israéliennes, une démarche vivement dénoncée à travers le monde sur fond d’appels au président élu Joe Biden de l’ »annuler ».
R. N.
Le Courrier d’Algérie, 23 déc 2020
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