Sahara occidental: L’ONU face à ses responsabilités

Le Conseil de sécurité de l’ONU devait débattre hier du Sahara occidental, pour la première fois depuis la rupture il y a plus d’un mois du cessez-le-feu et la reconnaissance américaine le 11 décembre de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé. 

Demandée par l’Allemagne et ayant pour thème «La situation au Sahara occidental» ces consultations devaient se tenir dans l’après-midi et à huis-clos. Les consultations s’annoncent ardues. Pour les responsables sahraouis, les atermoiements persistent, en dépit des appels incessants de la communauté pour la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité.
Le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande, Kamel Fadel, a appelé, le président américain élu, Joe Biden, à annuler la décision unilatérale de Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, écartant la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboiter le pas au président américain sortant. «Le Front Polisario veut que le président américain élu, Joe Biden, annule la décision du président sortant, Donald Trump, de reconnaître la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», a-t-il déclaré. «Nous espérons que le président américain élu, Joe Biden, que je considère comme un homme intègre (…) aura une influence positive sur l’autodétermination au Sahara occidental et qu’il remettra en cause cette décision», a ajouté le diplomate sahraoui, assurant que «le Sahara occidental ne fait pas partie de l’immobilier de Trump à donner au Maroc» et «qu’il aurait pu leur donner l’une de ses propriétés du Golfe, mais pas le Sahara occidental». Le diplomate sahraoui a écarté la possibilité de voir d’autres pays ou organisations emboîter le pas au président américain sortant, Donald Trump.
L’ancien responsable des affaires politiques aux Nations unies, Moncef Khan, a affirmé que l’annonce du président américain sortant, Donald Trump, sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental «ne changera pas la nature juridique de ce conflit, car il s’agit d’une question de décolonisation inscrite sur les listes de l’ONU». Khan a assuré, dans une déclaration aux médias, que le conflit du Sahara occidental est considéré comme «une question de décolonisation qui est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1960 et du Conseil de sécurité depuis 1975 après l’invasion militaire marocaine qui continue d’occuper certaines parties du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique». L’ex- responsable onusien a rappelé, en outre, que le SG de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré le 12 décembre dernier, que la position de l’ONU concernant la question sahraouie «demeure inchangée» et ne dépend pas de la reconnaissance individuelle des pays, mais de la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de sécurité. Tout en condamnant les déclarations du président sortant, des experts du droit international et des affaires stratégiques, estiment qu’il s’agit d’«une violation flagrante du droit international» et une «consécration d’une occupation illégale».
L’expert en droit international, Stephen Zunes, a souligné, lors d’une conférence numérique organisée par le Centre arabe à Washington, que «la déclaration de Trump sur le Sahara occidental est une violation claire du droit et des normes internationales et affectera d’autres questions telles que l’occupation israélienne des territoires palestiniens». Il a relevé «la similitude entre les territoires sahraouis occupés et le plateau du Golan», rappelant que «la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre de l’Union africaine et reconnue par plus de 80 Etats» expliquant que «le peuple sahraoui n’est pas marocain et a sa propre culture, langue, dialecte, conditions sociales et identité nationale qui le distinguent du Maroc», notant que «la question du Sahara occidental est une question d’autodétermination et les Sahraouis devraient pouvoir décider de leur propre avenir».
Sud Horizons, 21 déc 2020
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