Croyant à tort s’être tiré d’affaire face à la répression des Sahraouis dans les territoires occupés, au lendemain de l’acte de normalisation avec l’État sioniste, le Maroc a été lessivé par une salve de condamnations à l’intérieur comme à l’international.
Désormais, il devra aussi composer avec un autre front, celui des droits de l’homme, dont l’ONG Human Rights Watch venait à clouer les autorités royales au pilori. Ainsi, par la voix du directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord, Eric Goldstein, HRW a condamné vivement la répression du peuple sahraoui, les violences subies par ses militants et les poursuites judiciaires pour lesquelles ils sont détenus arbitrairement. Si en tant que telle, l’ONG est restée en dehors du conflit opposant le Maroc au Polisario, en situation d’affrontement dans la région d’El Guerguerat depuis la violation par Rabat du cessez-le-feu, auquel état de fait s’ajoute le pacte consolidé du Makhzen avec l’entité sioniste, il n’en demeure pas moins que l’oppression d’un peuple qui aspire au droit d’autodétermination ne doit pas passer sous silence et encore moins rester impunie. Autrement, déclare HRW, « cela n’autorise en rien le Maroc à réprimer des civils sahraouis qui s’opposent pacifiquement à son administration du territoire ».
« Les autorités marocaines contiennent fortement, depuis longtemps, toutes les manifestations d’opposition à leur administration du Sahara occidental. Elles empêchent les rassemblements de soutien à l’autodétermination sahraouie, soumettent les activistes indépendantistes à des violences, dans la rue ou en garde à vue, les emprisonnent, les condamnent au terme de procès entachés d’irrégularités ou d’actes de torture, entravent leur liberté de déplacement, et les font suivre ouvertement », a noté, en effet, l’ONG dans un communiqué. HRW, dont le siège est élu à Washington, a rappelé dans ce sens que « les forces de sécurité marocaines ont brutalement dispersé après l’incident d’El Guerguerat des manifestations en faveur de l’indépendance du Sahara occidental. Elles ont aussi harcelé, frappé ou arrêté plusieurs activistes, ou encore attaqué leurs domiciles »
Dans le même contexte, l’ONG a rapporté le sort inhumain infligé à Hayat Diyya, une fille sahraouie âgée de 12 ans, dans son collège de Laâyoune, et ce, « après qu’un membre du personnel de l’école a signalé qu’elle portait une veste de type militaire et qu’elle avait cousu, sur son uniforme scolaire, un écusson représentant le drapeau sahraoui. « Les policiers l’ont retenue pendant cinq heures, l’ont giflée, lui ont tiré les cheveux, et l’ont frappée brutalement sur plusieurs parties de son corps. Ils l’ont aussi forcée à s’agenouiller et à chanter l’hymne national du Maroc face à un portrait du roi. Depuis, elle fait régulièrement des cauchemars », a déclaré Lahbiba Diyya, la mère de Hayat, à l’ONG. En outre, HRW souligne que « les autorités marocaines font systématiquement obstruction au travail des associations qui plaident pour l’autodétermination au Sahara occidental.
Les Sahraouis ont le droit de s’opposer pacifiquement
À ce propos, l’ONG relève que le 29 septembre, en réponse à la création de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine, un nouveau groupe militant pour l’autodétermination du peuple sahraoui, fondé entre autres par la célèbre militante, Aminatou Haidar, un procureur de Laayoune a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour » activités visant à porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume « . « La police a encerclé, le même jour, le domicile de six membres de ce nouveau groupe, dont Haidar », a ajouté l’ONG. Le directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch a indiqué, par ailleurs, « que les Sahraouis ont tout à fait le droit de s’opposer pacifiquement contre la volonté du Maroc d’annexer leurs territoires et que personne ne peut leur ôter ce droit ». « Ni la reconnaissance de Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ni la répression du Maroc, ne peuvent ôter aux Sahraouis leur droit fondamental de s’opposer pacifiquement à l’administration du territoire par le Maroc », a indiqué Eric Goldstein.
HRW a rappelé, par ailleurs, « que la reconnaissance du président américain sortant Donald Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ne change en rien à son statut de territoire non autonome, tel que déterminé par les Nations unies ». « Les Nations unies ne reconnaissent pas l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, et ont fait savoir que leur position demeurait « inchangée « malgré l’annonce du président Trump. « Le Maroc a toujours refusé que le mandat de la mission des Nations unies pour le maintien de la paix au Sahara occidental (Minurso) soit élargie afin d’englober le suivi des droits humains » a déploré l’ONG. Enfin, dans son communiqué HRW a appelé à un tel élargissement à plusieurs reprises, afin d’aligner cette mission sur la quasi-totalité des opérations modernes de maintien de la paix menées sous les auspices de l’ONU.
F. Guellil
Le Courrier d’Algérie, 19 déc 2020
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