«On s’y attendait», a déclaré le président de la République, dimanche de son lieu de convalescence à l’étranger, à propos des récentes situations politiques et sécuritaires dans la région.
De l’étranger où il se trouve depuis près de deux mois, selon ses propres propos, le président de la République a préféré atténuer du danger qui guette l’Algérie depuis qu’elle a notamment refusé, pour le reprendre, de saluer une «harouala» arabe vers l’entité sioniste. «L’Algérie est plus forte que ne le pensent certains», s’est-il contenté de dire à propos des bruits de bottes qui se fait entendre aux frontières ouest. Avant lui, son Premier ministre, Abdelaziz Djerad a avoué, inquiet, qu’il faille se mobiliser parce qu’«Israël est à nos portes». Dans l’éditorial de la revue El Djeïch’, l’état-major de l’ANP demande, lui, carrément aux Algériens «de se tenir prêts à faire face à la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région». L’armée appelle au «renforcement du front interne pour faire échec à tous les complots ennemis et aux campagnes médiatiques tendancieuses». L’appréciation de Tebboune des récents événements survenus au-delà des frontières ouest, est sereine comparée à celles des ses responsables, Djerrad et Chengriha. Il n’y a pas que cette appréciation qui étonne mais aussi le fait que le président de la République ait promis aux Algériens de faire rédiger la nouvelle loi électorale «dans les plus brefs délais, dans 10-15 jours» pour amorcer le processus politique post-constitution. Il est curieux qu’après avoir laissé le pays en stand-by pendant près deux mois, Tebboune fait des élections législatives et communales sa priorité politique. En s’adressant aux Algériens avec l’image et le verbe, il a peut-être bousculé ceux qui appellent avec insistance à l’application de l’article 102 (Constitution 2016) ou 94 de la Constitution non promulguée et ceux qui disaient de lui qu’il est dans un état de santé handicapant au plan physique et moral.
Quoi que le constat de l’empêchement (Alinéa 1 de l’article) reste toujours d’actualité parce qu’il est visible que le président ne pourra pas exercer toutes ses fonctions dés son retour au pays.
«Les médias ont été pris de court»
Médecins spécialistes et malades du COVID-19 avouent qu’il est très difficile de se mettre sur pied juste après la fin du traitement en raison de la grande asthénie qui s’empare de tout le corps après sa contamination par le coronavirus. De nombreuses questions ont ainsi surgies, à tous les niveaux, après les quelques minutes de son intervention, sur son contenu et sur les moyens de son enregistrement et sa diffusion. «Les médias ont été pris de court», a lâché dimanche soir, en direct un présentateur de Journal télévisé d’une chaîne publique. Tous les Algériens ont été surpris par cette soudaine apparition bien qu’elle rassure que le président soit vivant et possède toutes ses capacités mentales. Des sources proches du palais d’El Mouradia affirment que «c’est son fils Mohamed qui se trouve à ses côtés à l’étranger, qui a enregistré les quelques vidéos et les a diffusées sur le compte Twitter de son père». L’on nous dit qu’«il est le seul à avoir le mot de passe». Donc selon eux, «ce n’est pas l’équipe de l’ENTV qui s’est déplacée, il y a quelques jours en Allemagne qui l’a filmé, on ignore d’ailleurs les raisons pourquoi ce n’est pas une caméra de professionnel qui l’a fait». Et c’est plus tard que ces séquences de vidéos ont été rassemblées par les médias télévisuels publics et privés pour être diffusées sur leurs écrans.
Le choix de Twitter pour transmettre un message du président de la République, absent depuis longtemps du pays a fait beaucoup jaser. L’on n’hésite pas à rappeler qu’en janvier dernier, la présidence de la République a rendu public un communiqué par lequel elle affirme à l’ensemble des médias publics et privés que toute information concernant la présidence doit impérativement provenir, en premier de la seule APS (Agence Presse Service)». L’on se demande alors pourquoi dans ce moment aussi complexe, Tebboune a-t-il choisi de «parler» à Twitter et non à l’ENTV.
Simple consigne ou rappel à l’ordre
Ce constat laisse croire que même les hauts responsables civils et militaires ont été obligés de se rabattre sur ce compte pour avoir des nouvelles du président de la République. D’ailleurs, il l’a comme sous-entendu puisqu’une partie de son message, il l’a consacrée directement au ministre de l’Intérieur et aux walis qu’il a instruit pour «mettre en application tout ce que nous avons convenus ensemble au profit des zones d’ombre notamment après les chutes de pluies et de neiges». Il a insisté pour qu’ils assurent particulièrement «le transport scolaire et les repas chauds aux élèves». S’il suit «heure par heure ce qui se passe dans le pays», il doit alors savoir que le Premier ministre tient régulièrement la réunion du gouvernement pour évaluer les mises en œuvre des différents programmes adoptés et des actions décidées.
En s’adressant directement à un ministre et à des walis, l’on pourrait imaginer que Tebboune ne doit pas être content de ce que fait le gouvernement depuis son transfert en Allemagne. Une telle interpellation ressemble plus à un rappel à l’ordre qu’à une simple consigne. Si tel est le cas, l’agencement de ses priorités devra changer. L’on avance dans ce sens que sa mise en avant des élections législatives et locales répond justement en premier à son souci de revoir ses personnels de fond en comble. Acte I, il a chargé la commission Laraba (puisqu’il a repris tous ses membres) à rédiger la nouvelle loi électorale à «huis clos». Les partis politiques devront se contenter de se conformer à une loi à l’élaboration de laquelle ils n’auront pas participé. «Probablement pour ouvrir les portes du Parlement à plus d’indépendants», nous dit-on. Il a fait savoir d’une manière implicite qu’il promulguera la Constitution et signera la loi de Finances 2021 dès son retour.
Le Président Tebboune a promis aux Algériens de rentrer «très vite, dans deux ou trois autres semaines», a-t-il dit. En priant Dieu qu’«il en sera ainsi Inchallah».
Le Quotidien d’Oran, 15 déc 2020
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