Architecte du plan de paix pour le Sahara occidental, l’ancien secrétaire d’État américain, James Baker, a déclaré que la normalisation des relations entre le Maroc et Israël représentait un «compromis cynique», ajoutant qu’il a sacrifié le droit du peuple sahraoui à l’autodéterminatior.
Baker, qui réagissait vertement à l’annonce du président US, Donald Trump, sur la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, a souligné qu’un tel accord devait être conclu de « manière appropriée et non pas en sacrifiant cyniquement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », a-t-il soutenu.
Il a souligné être d’accord avec James Inhofe, le président de la Commission défense du Sénat américain, qui a qualifié cette évolution de « choquante et profondément décevante », déclarant dans la même veine qu’ « il semblerait que les États-Unis d’Amérique, qui ont été fondés avant tout sur le principe de l’autodétermination, ont abandonné ce principe s’agissant du peuple du Sahara occidental». Il a estimé que la situation créée par la décision du président sortant Trump est « très regrettable», a fait savoir cette figure emblématique du Parti républicain US. Pour rappel, le Maroc avait sabordé les efforts de James Baker en rejetant son plan de paix en torpillant son plan de paix qui traçait les principales démarches de la mise en œuvre du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui .
De son côté, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, a regretté fortement la décision unilatérale, de Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, renonçant ainsi à trente ans de politique américaine sur le règlement de la question du Sahara occidental. « Trump a tort d’abandonner trente ans de politique américaine sur le Sahara occidental juste pour remporter une victoire rapide en politique étrangère », a déploré l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump. Il estime qu’ «un accord israélo-marocain était possible sans abandonner l’engagement des États-Unis en faveur d’un référendum du peuple du Sahara occidental, comme l’a déclaré à juste titre le sénateur James Inhofe ».
Les droits du peuple sahraoui hypothéqués
Le sénateur d’Oklahoma, James Inhofe, également président de la Commission défense du Sénat américain, a affirmé que le président Trump a été « mal conseillé par son équipe », dans une claire allusion à l’influence néfaste de son gendre, Jared Kushner, ardent défenseur des intérêts d’Israël et ami intime du sioniste Netanyahou. Le sénateur Inhof, ami de Donald Trump, a affirmé que l’accord de normalisation israélo-marocain, pouvait être conclu sans hypothéquer les droits d’ « un peuple sans voix », en l’occurrence le peuple sahraoui.
« L’annonce de la Maison Blanche alléguant de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est choquante et profondément décevante. Je suis attristé que les droits du peuple du Sahara occidental aient été troqués », a, en outre, déclaré l’influent sénateur républicain, qui a visité les camps de réfugiés sahraouis.
Trump, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier, a indiqué jeudi qu’il avait signé une proclamation reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, en même temps qu’il annonçait que Rabat s’était engagé à normaliser ses relations avec Israël.
L’ONU a déclaré jeudi que sa position sur le Sahara occidental demeurait « inchangée ». Antonio Guterres « pense (…) que la solution à cette question peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité », a souligné son porte-parole, Stéphane Dujarric. La résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité a chargé la Mission onusienne (Minurso) d’organiser un référendum libre et équitable au Sahara occidental et en proclamer les résultats. La proclamation du président américain compromet gravement le rôle des États-Unis au Conseil de sécurité dont ils sont un membre permanent. Par ailleurs et selon des informations à Washington, le roi du Maroc aurait consenti à la normalisation de ses relations avec Israël, en contrepartie d’une aide financière de 3 milliards de dollars qui seront investis dans ses entreprises. En contrepartie Trump aura la possibilité d’investir avantageusement notamment dans la ville occupée de Dakhla, au Sahara occidental.
M. Bendib
Le Courrier d’Algérie, 13 déc 2020
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