Le projet marocain intitulé Gazoduc Africain Atlantique pour alimenter l’Europe, qui devait relier le Nigeria au Maroc et se voulait concurrent direct du gazoduc transsaharien de l’Algérie, est définitivement mort et enterré.
Le ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar a indiqué ce lundi que le projet marocain du gazoduc devant relier le Maroc au Nigeria est un «projet politique imaginaire». Le ministre a en outre exposé les principales raisons qui rendent ce projet inopérant, notamment les «contraintes techniques» liées au projet et le fait que le «tracé du gazoduc passe par beaucoup de pays», ce qui nécessite une part des recettes pour chacun de ces pays traversés et donc rend le projet économiquement «inefficace». A contrario, le projet algérien du gazoduc reliant les deux pays en passant par un seul pays, le Niger en l’occurrence, «arrive à Hassi Messaoud, lequel est ensuite livré directement à Arzew et Skikda pour être acheminé directement en Méditerranée ou en Europe», a ajouté le ministre. Cette déclaration du ministre de l’Energie coïncide avec la récente réactivation du gazoduc le Transsaharien qui, après des années de léthargie, sera finalement réactivé. En effet, l’Algérie et le Nigeria, deux pays pivots du continent africain mais en froid depuis quelques années, ont repris langue il y a quelques jours à la faveur de la récente visite du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à Lagos. Les deux pays s’apprêtent à relancer leur coopération tant sur le plan politique qu’économique.
M. Boukadoum a réussi la prouesse de relancer avec le Nigeria de vieux projets continentaux, à l’exemple de la route transsaharienne, du gazoduc et de la liaison en fibre optique. Pour obtenir l’aval des autorités nigérianes, M. Boukadoum, qui a été longuement reçu par le chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, et par le président du comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants du Nigeria, Youssouf Bouba Yakoub, a dû faire jouer toute sa diplomatie et sa finesse pour renverser la tendance.
Les deux parties ont relevé «l’importance de donner l’élan nécessaire à la coopération économique» afin de la hisser au niveau des relations politiques traditionnelles empreintes d’amitié et de solidarité, notant «l’importance de la mise en œuvre des trois grands projets déjà identifiés, à savoir la route transsaharienne, le gazoduc et la liaison en fibre optique». Les deux chefs de la diplomatie ont procédé aussi à «une évaluation exhaustive de l’état de coopération bilatérale multisectorielle» entre l’Algérie et le Nigeria. Ils se sont, à ce sujet, félicités de «l’excellence des relations d’amitié et de coopération qui existent entre les deux pays», a ajouté le communiqué. Les deux parties ont discuté également des «voies et moyens de promouvoir les échanges commerciaux et d’encourager les communautés d’affaires des deux pays à explorer les opportunités d’investissement offertes de part et d’autre», soulignant «la nécessité de tenir, à Abuja, la 5e session de la Haute Commission bilatérale dès que possible», toujours selon le communiqué. Ayant connu des difficultés à démarrer, ce projet a failli être enterré et remplacé par un autre reliant le Maroc et le Nigeria. Il était même question, au printemps dernier, de discussions maroco-nigérianes entre experts, et ce autour de la faisabilité du projet. Cependant, cette option s’annonçait compliquée pour le Maroc en raison de la distance à parcourir par le gazoduc. Alors que pour l’Algérie, il suffit de raccorder le pipeline Algérie-Nigeria aux gazoducs déjà opérationnels traversant tout le Sahara algérien. Bien que l’idée du
gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie ait germé dans les années 1980, l’accord concrétisant la mise en œuvre du projet n’a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie. Sa longueur est de 4 128 kilomètres et sa capacité annuelle de 30 milliards de m3. Il devrait permettre à ces pays d’avoir plus de parts dans le marché du gaz européen. Le TSGP va emprunter le territoire nigérien et permettra d’approvisionner l’Europe par l’intermédiaire des gazoducs déjà existants entre l’Algérie d’un côté et l’Italie et l’Espagne de l’autre.
Le Jeune Indépendant, 7 déc 2020
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