De Tunis, Mohamed KettouÀ l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), il n’y a plus de limite à la violence. Les députés ont habitué leurs électeurs à la violence verbale depuis longtemps. Mais, depuis lundi, c’est à un degré supérieur que ces députés sont passés en transformant l’hémicycle en arène.
C’est un député du bloc démocratique qui en a fait les frais avec une blessure au front suite au jet, en sa direction, d’une bouteille en verre par un député du parti Al Karama, satellite du parti islamiste Ennahdha, empêchant, ainsi, la tenue d’une réunion devant statuer sur les propos misogynes lancés la veille par l’un des leurs.
Le chef du parti Al Karama a été encore plus loin en adressant ses insultes au président de la République Kaïs Saïed en le qualifiant d’«incapables» de lui faire quoi que ce soit. Ce langage a été tenu suite à l’audience accordée par le chef de l’État à un groupe de députés du bloc démocratique pour examiner la situation devenue «intenable» au Parlement. Ce n’était pas du goût du président du parti Al Karama qui bénéficie, ce n’est un secret pour personne, du soutien et de la couverture du président du Parlement, Rached Ghannouchi.
Cette scène est, depuis lundi, objet de tous les commentaires sur les plateaux des chaînes de télévision, des radios et des réseaux sociaux. Les intervenants s’interrogent sur la position qu’adopterait le président de la République dont les mains sont liées par une Constitution qui ne lui laisse qu’une marge de manœuvre très limitée. Il s’est déclaré «garant» de la Constitution et s’est déclaré contre l’effusion du sang, mais que pourra-t-il faire pour ramener le Parlement dans le droit chemin ?
Les spécialistes en droit constitutionnel lui rappellent son droit de recourir à l’article 80 de la Constitution. Cet article qui pose comme condition la constatation d’un danger pour la sécurité du pays permet au Président d’arracher tous les pouvoirs sans dissoudre le Parlement qui restera en séance ouverte pendant 20 jours. Ce sera «l’état d’exception» comme appelé dans la Constitution.
Franchira-t-il le Rubicon ? Ou jusqu’à quand laissera-t-il la pagaille régner au Parlement ?
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