En décidant de réinscrire la question du Sahara occidental dans l’agenda du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), au terme du sommet de l’UA tenu dimanche dernier sous le thème «faire taire les armes», le CPS de l’UA réaffirme l’attachement irréversible de l’Institution africaine à sa Charte et principes ainsi que ses textes juridico-politiques, notamment en matière de règlements des crises, des tensions et des conflits, comme celui opposant la République sahraouie au Maroc sur le Sahara occidental, question de décolonisation inscrite à l’Onu et l’UA.
Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Smaïl Chergui a fait savoir, sur la décision de l’UA de reprendre en main , par la réinscription de la question sahraouie dans l’agenda du CPS, est de lui donner « un nouveau souffle » pour en finir avec un conflit qui n’ a que trop duré, en raison du non-parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental. Un nouvel au souffle qui devrait intervenir, après les limites du rôle joué par la Troika africaine créée en 2018 à Nouakchott pour le suivi de la question sahraouie, sans pour autant avoir réussi à avancer sur cette question et par la reprise en main de celle-ci, le CPS retrouve, non seulement son rôle, mais aussi son mandat naturel de traitement des questions liées à la paix et la sécurité en Afrique. Le sommet africain qui a été sanctionné, dimanche dernier, par une recommandation portant prorogation de l’initiative «Faire taire les armes» pour dix autres années devra être suivie d’actions concrètes en vue de faire taire la voix des armes au Sahara occidental, après la reprise de la guerre entre l’armée de libération sahraouie et l’armée marocaine. Un conflit qui a été mis sur la voie du langage des armes, suite à l’agression militaire marocaine, le 13 novembre dernier, contre des civils sahraouis, dans la région de Guerguerat, en violation de l’accord de cessez-le-feu susmentionné.
L’annonce, par le CSP de l’UA de la réinscription de la question sahraouie dans l’agenda de l’Institution africaine semble être aussi un message fort au partenaire de l’organisation continentale dans divers domaines, notamment en matière des questions de paix et de sécurité, les Nations unies, principalement son Conseil de sécurité. Ce dernier étant aux abonnés absents, voire dans une situation de pause, ces dernières semaines avec l’absence de réunion de ses membres, sur la reprise de la guerre au Sahara occidental par la violation marocaine du cessez-le-feu de l’ONU, que le Conseil de sécurité, suit depuis 1991. Encore une fois, des membres du Conseil de sécurité font preuve de politique de deux poids deux mesures au regard de leur silence aux multiples appels, de pays et d’État, de peuples, d’institutions internationales et de responsables politiques, dont des députés africains, européens ou bien de militants d’ONG et d’associations de la société civile à travers les quatre coins du monde, exigeant à faire respecter et appliquer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Si au niveau de l’institution africaine le projet de décision de réinscrire la question sahraouie présenté par le Lesotho au 14e sommet extraordinaire des Chefs d’État et de gouvernement de l’UA a été largement approuvé, le président du Conseil de sécurité de l’ONU, appelant celui-ci à assumer son rôle engagé, à parachever la décolonisation du Sahara occidental par la nomination d’un successeur à Horst Köhler, poste politique vacant depuis plus de 18 mois. Une vacance rendue possible par la pression des lobbies au sein de l’institution onusienne, principalement, ceux-là même qui protègent le système coloniale de l’entité sioniste en Palestine de toute sanction ou rappel à l’ordre, outre le soutien inconditionnel de la France, membre permanent au CS de l’ONU au système colonial marocain au Sahara occidental.
Pensant dans ses tentatives, depuis son adhésion il y a quelques années, à l’Union africaine, après avoir paraphé les textes constitutifs de l’UA, organisation comptant parmi ses membres fondateurs, la république arabe sahraoui démocratique, que l’UA allait mettre en veille la question sahraouie, le Maroc vient par cette décision non seulement d’être rappelé à l’ordre, mais appelé à faire preuve de respect des textes constitutifs de l’UA, de ses textes et principes, ainsi que son agenda, dont celui de faire taire les armes à savoir notamment mettre fin à la dernière question de décolonisation en Afrique, le Sahara occidental. Il est à se demander si le Maroc cherche par son adhésion à l’UA de jouer le rôle semblable à celui celui d’ Israêl au sein de l’ONU, rendu possible grâce à ses alliés au Conseil de sécurité, la France et les États- Unis, d’autant plus que notre région compte encore, à ce jour, deux systèmes coloniaux, celui d’Israêl en Palestine et le Maroc au Sahara occidental.
Dans la demande de la réinscription de la question sahraouie, le CPS de l’UA est sollicité « conformément aux dispositions pertinentes de son protocole d’engager les deux parties, tous deux membres de l’Union africaine, de remédier à la situation (sur le terrain) en vue de préparer les conditions pour un nouveau cessez-le-feu et de parvenir à une solution durable au conflit qui prévoit l’autodétermination au Sahara occidental ». aussi, il est souligné dans cette solution, que celle-ci « doit être aussi conforme aux décisions et résolutions pertinentes de l’Union Africaine et de l’ONU ainsi qu’aux objectifs et principes de l’acte constitutif de l’UA » insistant dans ladite demande « sur le strict respect du principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ».
Karima Bennour
CYRIL RAMAPHOSA, PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’UA :
« Le règlement de la question sahraouie passe par le respect du droit de son peuple à l’autodétermination »
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali a présenté, lors du sommet africain, « un exposé » devant ses homologues africains sur les développements de la cause sahraouie et la poursuite de l’occupation des territoires de la république sahraouie et notamment sur la dernière agression marocaine dans la zone d’El Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental. Le président en exercice de l’UA et président de la République de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa a affirmé que « le règlement de la question sahraouie passe par le respect du droit de son peuple à l’autodétermination », exprimant la profonde préoccupation du continent africain face à la situation qui prévaut au Sahara occidental. Appelant l’UA et son Conseil de paix et de sécurité (CPS) à « assumer leurs responsabilités face à l’agression marocaine contre le peuple sahraoui », le président sahraoui, SG du Front Polisario, B.Ghali, a aussi appelé à « œuvrer à faire taire les armes au Sahara occidental à la faveur d’un effort africain ferme et déterminé, soulignant que « la situation est très critique et exige que le sommet, l’Union africaine et le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA assument leurs responsabilités face à l’agression qui cible aujourd’hui le peuple sahraoui ».
Faire taire les armes au Sahara occidental étant « un impératif » pour le président sahraoui, il dira que celui-ci au Sahara occidental ne peut être qu’ «à la faveur d’un effort exceptionnel et résolu pour rétablir la sécurité dans la région », assurant que « la responsabilité est grande et exige une position ferme » et ce poursuit-il « pour faire face à l’agression et à l’expansion marocaine qui menace la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique ». Le président sahraoui, SG du front Polisario a appelé, «à l’adoption de la proposition du Premier ministre du Lesotho, en faveur de la réinscription de la question sahraouie à l’agenda de l’UA, à travers son CPS, soulignant que « le sommet est souverain dans la prise des décisions appropriées, notamment lorsqu’il s’agit de la République sahraouie ». Adoptée et réinscrite à l’agenda de l’institution africaine, cette étape a été la cible de nombreuses tentatives de Rabat visant à torpiller cet organe décisionnel de l’organisation africaine, notamment dans sa responsabilité à faire aboutir le processus de règlement du conflit au Sahara occidental.
Réagissant aux fausses allégations formulées par le président de la délégation marocaine lors des travaux du Sommet, le président de la République sahraouie, Brahim Ghali a réaffirmé et rappelé à l’autre membre de l’UA, le Maroc en loccurrence, que « la République sahraouie n’est pas marocaine », invitant par là même le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale chargé de la Coopération africaine, Mohcine Jazouli, « à se conformer et se référer aux déclarations de l’UA et l’ONU ». M.Ghali a déploré, à cette occasion « le fait que le sommet n’ait pas pris de positions précises vis-à-vis de l’agression que le peuple sahraoui continue à subir depuis 1975 ». Poursuivant « nous souhaitions voir ce Sommet africain, consacré au thème : faire taire les armes, tenu dans une conjoncture où le peuple sahraoui est de nouveau agressé et de plus sur ses territoires libérés, et au moment où l’occupation s’étend vers de nouveaux territoires sahraouis, condamner cet acte criminel », a-t-il regretté. Invitant l’UA à faire pression sur le Maroc « afin de mettre un terme à l’occupation militaire illégale de pans entiers des territoires sahraouis », le président sahraoui poursuit que l’état sahraoui étant « membre fondateur de l’UA, et compte tenu de l’extrême gravité de cette nouvelle agression marocaine, la République sahraouie revendique, en urgence » a-t-il précisé «l’obligation pour notre voisin le Royaume du Maroc, d’adhérer pleinement aux objectifs et principes de l’acte constitutif qu’il a signé et ratifié » souligne le SG du Front Polisario, président de la RASD.
K. B.
Le MINISTÈRE DE LA DéFENSE DE LA RASD
L’armée sahraouie frappe plusieurs bases de soldats marocains
Les attaques de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent ciblant des positions des soldats de l’armée d’occupation marocaine, tout au long du mur de la honte séparant les territoires libérés de la RASD et de la partie de ses territoires encore sous occupation marocaine. Le communiqué numéro (25) du ministère de la défense de la république sahraouie démocratique (RASD) de samedi à dimanche « des héros de l’Armée sahraouie ont ciblé des bases de l’armée d’occupation marocaine », citant des bombardements violents ciblant des positions des soldats marocains de l’ennemi à Ghalb Dhlaïm dans le secteur de Tachla. Aussi cite la même source, bombardements concentrés, ciblant des bases des soldats de l’occupant marocain, dans la zone de rousse la rivière de Chdida, secteur de Farsia et des bombardements effectués, « concentrés et à plusieurs reprises ciblant des positions des soldats marocains dans la zone de Benghrat secteur de Smara ». Ces attaques intenses, poursuit le ministère de la défense sahraoui « sont en riposte à la violation de cessez-le-feu par le Maroc suite à son agression contre des civils sahraouis sans défense, le 13 novembre dernier dans la zone d’El-Guerguerat au sud-ouest du Sahara occidental », rappelle-t-on.
K. B.
Le Courrier d’Algérie, 9 déc 2020
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