A peine une dizaine de jours après la controversée résolution du Parlement du vieux continent, la diplomatie algérienne renoue le dialogue avec son partenaire en tant que bloc du Nord, l’Union européenne. En effet, ce lundi s’est tenue la 12e session du Conseil d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, coprésidée par le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum et le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Josep Borrell. L’occasion de faire le point sur l’état de la coopération, ainsi que sur les questions bilatérales et régionales d’intérêt commun. Si le communiqué officiel ne donne aucun détail quant à la teneur de ce dit «dialogue politique», qui au demeurant reste habituel, sauf que cette fois-ci il intervient dans un contexte particulier et empreint de tensions. Il y a en premier lieu l’Accord d’association qui lie les deux partie depuis 2005 et qui au final s’est avéré plus bénéfique aux Européens qu’aux Algériens. Sa révision, notamment dans son volet commercial, est devenue une priorité pour la partie algérienne, c’est un processus un peu long mais il demeure toutefois primordial.
Vient ensuite la récente ingérence du Parlement européen dans les affaires internes de l’Algérie qui n’a pas été, et ne le sera jamais, admise à Alger. Le ton «paternaliste» et à la limite «colonialiste» utilisé par les élus européens a été contesté à tous les niveaux de l’establishment politique national, d’autant que les promoteurs et commanditaires de cette démarche malsaine sont connus, les regards se tournent, sans hésitation, vers la France, car Paris joue, manœuvre et tente de faire pression sur Alger afin de sauvegarder des intérêts que le régime déchu lui garantissait alors que depuis pratiquement un an la tendance a changé. La France perd des marchés en Algérie et n’a pratiquement plus aucune emprise sur les décisions politiques et économiques du pays, présentes et surtout à venir. Elle n’est plus le «parrain» d’un pays qui a décidé, et d’une manière irréversible, de s’affranchir de cette tutelle trop pesante, mais surtout hypocrite. Les tentatives du président français à s’interférer dans les affaires algéro-algériennes, rajoutées à la sous-traitance avec le Maroc d’une pression supplémentaire sur les frontières Ouest et les agitations de certaines forces aux relais douteux à l’intérieur même du pays, ont fait réagir les décideurs algériens et la réplique ne s’est pas fait attendre.
Pour le voisin de l’Ouest, et en dépit d’un appui affiché de certaines monarchies du Golfe dans son hasardeuse aventure au Sahara occidental, l’Algérie a réagi diplomatiquement par la stratégie de l’isolement. Outre la réinscription du dossier de la RASD aux Nations unies et l’Union africaine, lors du sommet extraordinaire de cette dernière, Boukadoum a réussi la prouesse de mobiliser pas moins de présidents et chefs de gouvernement africains en faveur de la cause du peuple sahraoui. Mieux encore, il a même fait voler en éclats un projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigeria, qui est en réalité «inefficace», pour faire valoir son équivalent plus réaliste entre l’Algérie et le Nigéria. Dans la foulée, la diplomatie algérienne a su sensibiliser, avec finesse, le continent africain autour d’une nouvelle politique continentale qui rejette toute ingérence étrangère, et que les nations africaines doivent choisir elles-mêmes leur destin. Et dans ce contexte, elle donne l’exemple en tenant tête à son ancien colonisateur qui n’admet pas que les paramètres du pouvoir ont changé à Alger et ses relations futures sont inscrites dans une logique qui sauvegarde les intérêts du pays et son peuple en premier. Une puissance étrangère qui continue à payer des rançons aux terroristes du Sahel est mal placée pour donner des leçons, de quelque nature que ce soit.
Combinée avec la consolidation des relations avec les partenaires traditionnels, en l’occurrence la Russie et la Chine, et des partenaires stratégiques en Europe comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, c’est cette nouvelle tendance lourde qui guidera la nouvelle politique extérieure algérienne et c’est autour d’elle que devrait être façonnée sa politique intérieure. A voir cette démarche globale, on pourra aisément imaginer le cours des événements politiques à l’échelle nationale, à court terme, et même qui en seraient ses acteurs.
M. H.
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