Coronavirus : Le long tunnel noir

par Abdou BENABBOU

Des pays forts d’institutions solidement structurées et de savoir-faire avéré se débattaient déjà dans des difficultés économiques sans issue avant que la pandémie ne survienne. Des Etats supposés bien assis peinaient à redresser une barre de leurs économies et n’avaient comme ressorts échappatoires que la gonflée de leurs dettes publiques au détriment de leurs générations futures. Des crises décennales se succédant, les états-majors gouvernants tentaient sans conviction de trouver des parades si ce n’est de verser dans l’amplification de la dette, ce qui donnait un autre apparat subtilement invisible au déroulé permanent de la planche à billets.

La rupture de l’équilibre social entre les droits et les devoirs censé donner un sens à la démocratie n’a pas attendu que le coronavirus apporte sa malédiction pour contrarier le bien-fondé de la citoyenneté. Le contentement des nombreux vœux des populations n’avait pas pu aboutir et les recettes politiques des différents pouvoirs se sont manifestées en flops. Les sujets à guider vers le progrès n’avaient déjà depuis lors que les ressentiments et les émeutes pour protester contre le grand échec. Peu de pays dits nantis échappaient à ce chagrin. Les autres se sont focalisés sur des nations souffre-douleurs accusées d’être les causes de tous les malheurs.

On en était encore là quand l’épidémie est arrivée avec fracas transformant les inquiétudes en torpeur pour que l’existence des hommes soit davantage et sérieusement contrariée.

Le long tunnel noir s’est élargi pour le monde entier pour s’interroger sur un devenir impossible à partager entre l’espoir dérisoire et la certitude d’un futur compromis. La notion de démocratie s’est parée de différentes couleurs pour que chacun l’utilise selon ses intérêts. Face à cette marmelade planétaire, la question à poser est de se demander comment les peuples plus atrophiés que les autres et en mal de développement pourraient-ils présager de quoi demain sera né.

Inutile de remuer le couteau dans la plaie et d’interroger le restaurateur ou le cafetier du coin. S’il est armé du seul jerricane d’essence, il prendra la demande pour la pire des insultes.

Le Quotidien d’Oran, 5 déc 2020

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