La Françafrique est un terme qui a été conceptualisé, il y a quelques décennies par l’ancien Président de la République Ivoirienne Félix Houphouët Houphouët-Boigny en 1955 qui a employé cette expression pour désigner les « bonnes relations » entre l’Afrique et la puissance coloniale dont il était député tout en militant pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Les objectifs de cette politique sont multiples : le maintien du rang de la France à l’ONU avec un cortège d’Etat clients ; l’accès aux matières premières stratégiques comme le pétrole ( Congo-Brazzaville, Angola, Nigéria … ) ou l’uranium ( Niger ) ; le financement occulte des activités politiques du gaullisme, par la suite, de tous les partis de gouvernement ; et enfin le maintien ( dans le contexte de Guerre froide ) des pays africains dans l’orbite occidentale.
Dans un premier temps, nous présenterons le système mis en place par Foccart, ensuite, il sera question de l’internationalisation du système avant de mettre en évidence les connexions militantes pour combattre la françafrique.
I) La Françafrique, le bébé de Foccart.
En 1960, l’histoire accule De Gaulle à accorder l’indépendance aux colonies d’Afrique Noire.
Cette nouvelle légalité internationale proclamée fournit la face émergée, immaculée, la France meilleure amie de l’Afrique, du développement et de la démocratie. En même temps, Foccart, conseiller Afrique du tout nouveau chef de l’Etat le Général Charles de Gaulle, est chargé de maintenir la dépendance, par des moyens forcément illégaux, occultes, inavouables.
Il sélectionne des chefs d’État » amis de la France » par la guerre ( plus de 100 000 bamiléké, partisans de l’UPC, massacrés au Cameroun ), l’assassinat ou la fraude électorale.
À ces gardiens de l’ordre néocolonial, il propose un partage de la rente des matières premières et de l’aide au développement. Les bases militaires, le franc CFA convertible en Suisse, les services secrets et leurs faux-nez ( Elf et de multiples PME, de fournitures ou de » sécurité » ) complètent le dispositif.
Qui est Jacques Foccart ? Jacques Koch-Foccart était secrétaire général de l’Elysée chargé des affaires africaines et malgaches.
On a déjà une ébauche de la vision colonialiste du fameux conseiller puisque Madagascar est dissocié de l’Afrique. En 1952, il participe à l’Union Française censée gérer les relations entre la France et ses colonies. Comme disait François-Xavier Verschave, dans son célèbre ouvrage ‘ Noir Silence ‘,
« Il était le principal géniteur de la Françafrique. Tissée sous la IV° République, en soutien d’un gaullisme écarté du pouvoir, la Françafrique a été centralisée de 1958 à 1974 par le jacobin Foccart, en charge officielle des affaires africaines. Elle s’est familiarisée et privatisée, presque aussitôt africain, par paliers côté français. On est passé du super intendant Foccart aux frères et neveux de Giscard, aux fils[page] de Mitterrand et de Pasqua ; les Elf, Bouygues, Bolloré ont pris leurs aises ; les membres et correspondants des services secrets se sont taillés des fiefs rivaux ( Général Jean-Claude Mantion au Tchad, à Djibouti, à Khartoum, à Kinshasa ; Bob Denard aux Comores… ) ou des sociétés de mercenaires comme Paul Barril et sa société Secrets ( pour » Société d’Etudes de Conception et de Réalisation d’Equipements Techniques de Sécurité » ) ».
Pour que ce système perdure pendant autant de décennies, il a fallu éliminer les opposants comme Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandie, Félix Moumie, Barthélémy Boganda, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba ( avec l’aide de la CIA et des services secrets belges ), Dulcie September ( membre de l’ANC ) assassinée en plein Paris et en pleine journée qui a désormais une place à son nom dans le X° arrondissement.
C’est donc l’illégalité la plus totale érigée en système, l’infraction constante et sans vergogne de « l’indépendance » proclamée.
Qui dit illégalité dit secret, mécanismes cachés. Les meilleurs éléments capables de pouvoir effectuer des opérations dans le plus grand secret pour le compte de l’Etat sont les agents secrets. Ils forment une des parties les plus importantes du système. De plus, il est important de savoir que Foccart a mis en place des bureaux de liaison et le chef du bureau de liaison local ( par exemple implanté en RDC, au Congo-Brazzaville ou au Tchad ) était le deuxième personnage du pays après le Chef de l’Etat, ce qui permet à la France « amie de l’Afrique » de tenir les pays « indépendants ».
Ce chef du bureau local du S.D.E.C.E ( ancêtre de la D.G.S.E ) avait carte blanche avec « le Président de la République » du pays fraîchement indépendant.
Ces militaires qui sont friands de faire carrière en Afrique viennent de diverses agences comme la Direction Générale de la Sécurité Extérieure ( la D.G.S.E ), la Direction du Renseignement Militaire ( la D.R.M ), la Direction de la Surveillance du Territoire ( la D.S.T ) et la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense ( la D.P.S.D ).
Ces personnes se croient tout permis en Afrique et dépassent sans cesse les budgets qui leur sont votés en ayant des accroches avec les narcotrafiquants et la mafia. On retrouve l’appât du gain qui a fait fureur chez les négriers européens et arabes entre le XV° et le début du XX° siècle. Depuis quatre décennies, sous la houlette des Services français, une République souterraine à dominante néogaulliste a ponctionné sur les ventes d’armes et le pétrole africain, entre autres, des sommes faramineuses.
Dans la région des Grands Lacs, la DGSE, et plus encore la DRM, ont répandu le mythe des « Khmers noirs » tutsis, et l’ont diffusé dans les médias parisiens.
Le millier de militaires du Service Action de la DGSE provient du 13° Régiment de dragons parachutistes ( R.D.P ) de Dieuze, en Moselle, et du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine ( R.P.I.M.A ), de[page]
Bayonne. Tout ce petit monde compose le 11° Bataillon de parachutistes de choc ( 11° choc ), créé en 1946, dont Foccart fut le « patron hors hiérarchie ».
Il faut savoir que ce bataillon a écrit quelques-unes des pages les plus sombres de la Guerre d’Algérie. Bruno Gollnish et Bernard Courcelle furent officiers du D.P.S.D, Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense adepte des habilitations « défense ». Ce dernier a créé le… D.P.S ( Département Protection Sécurité ), milice du Front National.
Bernard Courcelle a fait ses armes dans la « coloniale », au 6° R.P.I.M.a. Ce personnage a d’ailleurs proposé ses services à un Mobutu en fin de règne, en 1996. Des militants et responsables sont partis instruire des armées africaines : Bob Denard aux Comores en 1995, Christian Tavernier dans l’ex-Zaïre en 1996-1997, au Congo-Brazzaville lors de l’épuration ethnique de la région du Pool qui a permis le retour en grâce de Sassou II en 1997, 1998 et 1999.
Le monde politique français n’est pas étranger à cette situation du « tout-est-permis » en Afrique.
Le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur, de droite comme de gauche, sont indifférents à l’acharnement dont font preuve tous ses acteurs françafricains.
Le conseiller diplomatique de Lionel Jospin, Serge Telle, disait à propos de la « guerre civile » au Congo-Brazzaville en juin 1998 : « Les problèmes des Congolais relèvent de la seule responsabilité des Congolais ». ( Il faut savoir que beaucoup d’anciens ministres de Jospin et de responsables socialistes font partie du Groupe de Bilderberg, lui-même faisant partie des Illuminatis qui sont à l’origine des concepts des Etats-Unis d’Amérique et des Institutions Internationales comme l’ONU, l’O.M.C, l’O.C.D.E… ).
Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, tous ces politiques sont « victimes » de chantage et de pressions de la part de responsables des Services, on imagine qu’il y en a eu d’énormes pour préparer le génocide rwandais, la « kriegsspiel » du Congo-Brazzaville. Dès lors que les gaullistes ont quitté le pouvoir en 1974, les libéraux proches de Giscard vont jouer la carte de la continuité dans le système françafricain et vont monter leur propre réseau. Cela commence en 1976 avec la requête de Giscard de fournir l’U.N.I.T.A de Jonas Savimbi en armes et en instructeurs parallèlement à la CIA.
Denard fait partie du voyage. A Paris, le lobby pro-Unita s’organise autour des héritiers de Giscard : François Léotard, Gérard Longuet, beau-frère de Vincent Bolloré, Claude Goasguen, Jean-Pierre Binet l’autre beau-frère de Vincent Bolloré.
Cet épisode va propulser la carrière industrielle de Vincent Bolloré. Le Groupe Bollore est leader mondial du papier mince pour livres et cigarettes, mais aussi des condensateurs. Après Elf-Total, dont je parlerai plus tard, le groupe Bolloré est le deuxième conglomérat françafricain.[page]
Sa fabuleuse histoire commence par le rachat de l’armateur Delmas-Vieljeux. Le groupe impose sa suprématie dans le secteur du transport maritime en Afrique, élargit son domaine aux ports, aux chemins de fer ( notamment le CFCO, le Chemin de Fer Congo-Océan ), aux routes.
Il reprend le groupe Rivaud qui abritait la banque du RPR et quelques cent mille hectares de plantations coloniales. Voici un des bienfaits du colonialisme !
Il s’impose avec succès dans la cigarette, étend ses concessions forestières, entre en force dans le cacao et guigne celui du coton. C’est un baron de l’Afrique francophone et « latine ». Venons-en au mastodonte de la françafrique. Voici pour vous ELF ! L’affaire ELF a permis de faire la lumière sur le pillage de plusieurs milliards d’euros de rentes pétrolières africaines passés par les comptes en Suisse. Le plus gros distributeur, Alfred Sirven, qui voulait « mettre la République à feu et à sang » à emporter tous ses secrets dans la tombe. André Tarallo et d’autres anonymes ont été mis en examen.
D’importants bénéficiaires ne sont toujours pas inquiétés par la justice française. La justice française est-elle la même pour tout le monde ? Cet argent est le fruit d’une longue histoire rythmée par des guerres civiles « venues d’ailleurs », des putschs, la corruption, des assassinats. L’article du site africamaat intitulée « la Férocité Blanche » présente une liste exhaustive d’assassinats de leaders panafricains qui se battaient pour Kamita.
Malgré sa privatisation et ses bonnes résolutions énoncées à ce moment-là, force est de constater que Elf n’en a pas fini avec la Françafrique de douloureux épisodes comme le Congo-Brazzaville, l’Angola, le Gabon, le Tchad et le Cameroun sont là pour nous fournir une preuve tangible. L’arrivée de Total, allié en Birmanie à une narcodictature dopée par le travail forcé, n’est pas de nature à remettre en question les mœurs pétro-françafricaines. Le nouveau groupe, plus puissant, sera apte à faire la pluie et le beau temps et à faire changer d’avis plus d’un récalcitrant en deux temps trois mouvements.
La Banque F.I.B.A, banque du RPR et de la nomenklatura congolo-gabonaise qui servait de transit aux redevances pétrolières et aux ventes d’armes, a été dissoute lors du rachat d’ELF par Total. Cette prouesse a un parallèle avec le rachat de la Banque Rivaud par le groupe Bolloré qui a trouvé beaucoup de comptes perso des neveux du RPR. Une équation s’est installée dans la tête des kamites : ELF = Françafrique. Son premier président, Pierre Guillaumat, a mis en place un service de renseignement capable de changer le cours de l’histoire.
En 1977, Marien Ngouabi, mécontent du contrat passé entre son pays, le Congo-Brazzaville, et la compagnie pétrolière, le fait savoir en augmentant la fiscalité sur le pétrole. Elf n’apprécie pas et Guillaumat asphyxie l’économie du pays et fait assassiner Marien Ngouabi en Mars 1977, ainsi que son prédécesseur Alphonse Massembat-Débat qui était en discussion avec Ngouabi pour revenir au pouvoir d’un commun accord. Ngouabi projetait de rendre le pouvoir à une personnalité du sud du pays, ce qui[page]
déplaisait aux tribalistes en chef que sont les agents de la DGSE comme j’ai pu le dire plus haut. Les agents de la D.G.S.E ont pour mission secrète de raviver les flammes allumées au début de la traite négrière entre les clans en Afrique comme le racisme anti-Bamiléké au Cameroun, « le Hutu power », l’acharnement contre les gens originaires du Pool au Congo-Brazzaville.
Située très à droite, le Grande Loge Nationale de France ( la G.L.N.F ) est la seule grande obédience française rattachée à la très puissante franc-maçonnerie américaine. Presque tous les » présidents » agréés par la Françafrique y ont été initiés ( Bongo, Sassou N’Guesso, Biya, Déby, Compaoré… ) ainsi qu’un panel de plus en plus déterminant de personnalités françaises de la politique, la finance, les industries sensibles ( c’est-à-dire ? ), l’armée, les services secrets, les médias ( TF1 en tête ), la justice.
Vous avez pu remarquer que depuis que le « nabo » est à l’Elysée, on a pu voir revenir sur les plateaux télé : le très pimpant Charles Pasqua. Il a été le vice-président du SAC et Pierre Le Dizet en fut le Directeur. Michel Debré et Jacques Foccart n’était pas loin de cette création pour contrôler les adversaires du gaullisme en France qui pourrait regarder de trop près les activités « inavouables » du régime gaullien en Afrique.
Je voudrais mettre l’accent sur un pan de la modernisation du système foccartien qui se transforme. Je veux parler de la Mafiafrique.
II) De la Françafrique à la Mafiafrique.
Ce qu’offre aujourd’hui l’Afrique à toutes les mafias, c’est la mise à disposition d’États de complaisance par des cliques dirigeantes retranchées sur les positions prédatrices qu’elles peuvent encore exercer, c’est l’aventurisme de ses guérillas mercenaires.
La mafiafrique est syro-libanaise, belge, ukrainienne, américaine, russe, israélienne, saoudienne, émirat, anglaise, indo-pakistanaise, française, chinoise. La mafiafrique est même afghane : selon le journaliste portugais Gustavo Costa, dans un article publié dans L’Express en novembre 2001, Luanda est devenu à la fin des années 1990 le cœur d’un trafic de contrebande de biens divers organisé par les milieux trafiquants afghans de Dubaï en contrepartie du blanchiment de l’argent de la drogue.
Dans l’autre sens s’organisait, suivant les réseaux rôdés de l’« Angolagate », l’approvisionnement en armes du régime taliban. La mafiafrique est planétaire. Mais, pour des raisons historiques, la mafiafrique est assez largement française.
De son vaste empire africain, de ce grand mythe vécu d’un lien charnel entre la France et ses anciennes colonies, qui ne fut jamais aussi fort qu’après la décolonisation des années 1960, la France a hérité d’un capital relationnel avec les élites africaines et maghrébines et d’un savoir-faire qui font aujourd’hui merveille, bien au-delà du pré carré colonial, sur tous les terrains de la mafiafrique.[page]
Le » système Foccart » verrouillait la Françafrique, exerçant un contrôle politique et policier sur le continent pour le compte du camp occidental et contre l’Union soviétique. Ce rôle planétaire n’a pas été sans bénéfices secondaires spécifiquement françafricains : au travers des mécanismes maintenant à peu près connus de la circulation perverse de l’aide au développement et des flux de l’économie rentière, la Françafrique a joué un rôle essentiel dans le financement de la vie politique française, pour le camp présidentiel et même au-delà, avec l’habitude prise de la cohabitation.
La politique africaine ne pouvait donc pas être discutée sur la place publique, comme pouvaient l’être les relations avec l’Allemagne, la Russie ou les États-Unis. Le » foccartisme « , celui de Jacques Foccart comme de ses successeurs, Jacques Toubon, Jacques Godfrain et Jacques Chirac ( ils peuvent au moins partager un point commun qui n’aura échappé à personne ), fermait le débat en France aussi.
Évident sur la scène politique, cet étouffement a également longtemps prévalu ( et cela est moins
connu ) dans le monde universitaire. Ce n’est nullement le fruit du hasard si la France compte relativement peu de bons spécialistes de l’Afrique contemporaine et du Maghreb.
Ce qui n’a pas empêché de faire germer une pléthore de spécialistes de l’Afrique. Dans certains organismes de recherche publics ( comme l’O.R.S.T.O.M ), il était tout simplement interdit aux chercheurs de s’occuper de questions politiques au sens le plus académique du terme, la science politique : ils étaient soumis à une censure préalable.
Et dans le même temps, des professeurs de droit ont écrit les constitutions africaines sans être trop regardants sur leur application dans des régimes policiers de parti unique… À partir de 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir a brièvement permis un certain dégel intellectuel, en ouvrant le champ de l’expertise reconnue, y compris autour de l’Élysée, à des universitaires d’un genre que l’on n’avait jamais vu jusqu’alors sous les ors de la République : pendant quelques mois, ils ont côtoyé le patron de la DGSE ( Pierre Marion ) et les conseillers spéciaux de l’Élysée ( comme Guy Penne et Jean-Christophe Mitterrand ).
Mais la tendance était lourde et les experts indépendants sollicités par l’État au début des années 1980 ont été ensuite tenus à l’écart dès lors qu’ils entendaient rester indépendants. La politique de développement, héritière des combats anticolonialistes et tiers-mondistes, que la gauche victorieuse transportait dans ses valises pesa peu face aux liens d’argent qui fondaient les pouvoirs africains, via la redistribution clientéliste, et contribuaient largement au financement des partis politiques français via les » rétro commissions « .
L’expulsion de l’intrus Jean-Pierre Cot de la scène françafricaine prouva rapidement que tout allait continuer comme avant, mais avec des partenaires supplémentaires. Pour fin septembre 2008, les[page]
États-Unis rassembleront leurs activités militaires en Afrique ( sauf en Égypte ) sous un seul commandement.
Leur objectif, le contrôle complet des matières premières africaines. La décision a été dévoilée au début de ce mois et montre bien l’importance stratégique de l’Afrique pour les États-Unis. C’est la première réorganisation de la structure de commandement de l’armée américaine sur le plan mondial depuis 1946. La nouvelle structure a été baptisée African Command et reprend une partie des tâches de l’EUCOM, le commandement installé à Stuttgart.
Le pétrole est une des raisons importantes du regain d’intérêt des Américains pour l’Afrique. La seconde est la présence accrue de la Chine en Afrique comme le disent les experts américains du Council on Foreign Relations : « La Chine a modifié la situation stratégique de l’Afrique. Sur tout le continent, elle est en quête de richesses naturelles, elle dame le pion aux entreprises occidentales dans les grands travaux d’infrastructure, elle fournit des prêts avantageux. »
Actuellement, plus de 25 % des importations chinoises en pétrole viennent déjà d’Afrique. Ces dernières années, le commerce entre la Chine et l’Afrique est passé de 3 à 55 milliards de dollars ( cf. reportage des « Dessous de la carte » sur les relations sino-africaines sur le site Africamaat ), faisant de la Chine le troisième partenaire commercial de l’Afrique après les Etats-Unis et la France.
III) La mobilisation contre la prédation mafieuse à Kamita et en France.
La montée en puissance des mouvements africains issus de la société civile africaine semble aujourd’hui un phénomène irréversible.
L’ « appel d’air démocratique »issu des conférences nationales des années 1990 interrompues brutalement dans certains pays comme le Congo-Brazzaville par la Françafrique, l’essor de la presse libre dans certains pays, la naissance du mouvement altermondialiste et j’ajouterai l’émergence en Europe d’une génération de kamites fiers de leurs glorieux ancêtres quelle que soit l’endroit d’où ils viennent ( Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti… ) prêts à créer des passerelles entre la diaspora et Kamita pour une véritable et durable Renaissance africaine.
Au Mali, la Coalition des alternatives Dette et Développement ( CAD Mali ) créée à l’occasion du Jubilé 2000 pour l’abolition de la dette, regroupe des dizaines d’organisations. Elle organise depuis 2001 un contre-G8 des Pauvres délocalisé à Bamako. La question des relations franco-africaines fait partie de ses préoccupations premières, comme l’a démontré l’organisation à Bamako du sommet alternatif France-Afrique de décembre 2005.
Au Tchad, le Comité de suivi de l’Appel à la Paix et à la Réconciliation regroupe des organisations qui militent depuis 2002 pour obtenir des conditions favorables à la pacification et à la démocratisation de[page]
leur pays. Le comité suit de près l’évolution des relations entre la France et le Tchad et participe à des actions de plaidoyer menées auprès des autorités françaises.
Au Burkina Faso, des ouvrières en grèvent réussi à obtenir gain de cause face à Yves Rocher tandis qu’au Mali le syndicat Cocidirail, qui plaide pour la restitution et le développement intégré du rail malien harcèle la filiale du groupe Bouygues qui a racheté le chemin de fer Bamako – Dakar.
Au Togo, une coalition de mouvements de la société civile s’est organisée en avril 2005 pour observer les conditions de déroulement du scrutin présidentiel et pouvoir dénoncer la fraude. Leurs appels et le résultat de leurs travaux ont été largement diffusés par leurs partenaires associatifs, en Afrique et en France.
Ce n’est qu’à cause du soutien du Président français au candidat frauduleusement élu du clan Gnassingbé que cette mobilisation n’a pas pu aboutir.
Le terrain syndical est en pleine expansion et laisse peu de répit aux multinationales françaises qui pillent allègrement les ressources naturelles et humaines du continent. En Côte d’Ivoire, l’omniprésence des investisseurs français dans tos les secteurs économiques, les soupçons de financement de la rébellion par des groupes hexagonaux ont attisé le sentiment anti-français d’une partie importante de la société ivoirienne, dans un climat marqué par l’interventionnisme militaire de la France dans le pays
( opération Licorne ).
A Abidjan, la colère contre l’ancienne puissance coloniale a pris un tournant lors des évènements lors des évènements de Novembre 2004. Le sentiment anti-français s’est déplacé au Togo après l’élection de Faure Gnassingbé en Avril 2006, le débat sur le rôle positif de la colonisation puis sur l’immigration choisie et a gagné une grande partie de l’opinion africaine. Je voudrais, pour finir, parler de la mobilisation des artistes contre la Françafrique.
La plume du Martiniquais Aimé Césaire, du Camerounais Mongo Béti, la voix du Kongolais Franklin Mukaka, du Nigérian Fêla Kuti ont été autant d’armes au service de l’émancipation de l’Afrique.
La mobilisation reprend tout son sens grâce au rap, au reggae mais aussi à la littérature et au théâtre ; après la génération perdue des années 1970-1980, dont je voudrais vous parler avant de conclure. Le journaliste burkinabé Norbert Zongo dirigeait l’hebdomadaire le plus lu au Burkina Faso,
« L’Indépendant ».
Amoureux de la nature, il avait créé une réserve de faune au sud de pays. Il s’y rend en voiture le dimanche 13 décembre 1998, avec un chauffeur et deux de ses collaborateurs. Le véhicule est retrouvé incendié le long de la route, les quatre occupants sont morts, leurs corps sont plus ou moins carbonisés. Les positions contestataires du journaliste, les rumeurs de complot à son égard ainsi que[page]
les traces de balles retrouvées dans la porte arrière suggèrent immédiatement une mise en scène.
Il enquêtait sur le scandale de pesticides Saphyto, fournis par la Sofitex, la plus grande entreprise burkinabé qui encadre toute la production cotonnière du pays puis la commercialise via sa maison mère parisienne, la C.F.D.T.
Il enquêtait aussi sur le trafic des parcelles à bâtir, un système de corruption et d’escroquerie à l’encontre des candidats à l’acquisition d’un lotissement. Au premier des personnes impliquées, le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré. Tiens !?
Le régime de Paul Biya qui passe pour être le plus corrompu du monde. Le combat pour une presse libre, résistant aux constantes pressions du pouvoir ; tentatives de corruption ou d’étranglement financier, censure, interdiction, menaces, brutalités. Pius Njawé a réussi à traverser toutes ses épreuves. Il est directeur du « Messager » à Douala.
Il a été condamné à deux ans de prison pour avoir diffusé un article qui relatait les problèmes de santé du Président Biya survenus lors d’un match de football. A sa sortie de prison, il a bénéficié d’une solidarité extraordinaire, de ses confrères du monde entier jusqu’ aux citoyens français, des lycéens alsaciens précisément.
Narléjy Yorongar qui a récemment publié un livre en vente aux Editions Menaibuc intitulé « Tchad, Le Procès d’Idriss Déby ». Il est député et responsable du parti fédéraliste, le Front d’Action pour le Renouveau. Il a félicité Nicolas Sarkozy pour son accession à la magistrature suprême ( sic ).
Conclusion : En guise de conclusion, nous pouvons nous demander pourquoi l’on nous ressasse à longueur de journée que l’Afrique est pauvre alors que la somme des transactions réalisées avec l’Afrique est de l’ordre de 800 milliards de dollars, d’après un article du site africamaat sur les relations sino-africaines.
Les personnes viennent de toutes les régions du monde pour faire des affaires en Afrique mais ceci n’empêche pas les médias de nous abreuver de reportages sur les africains qui meurent sur les rives méditerranéennes, les bébés qui souffrent de malnutrition… On passe sous silence le fait que la population africaine va rejoindre la Chine et l’Inde.
Depuis quelque temps, on entend ici ou là : « Il faut aider l’Afrique car elle ne pourra pas assumer toute la population car elle n’a pas toutes les ressources nécessaires pour pouvoir satisfaire tous enfants »
( Journal de R.F.I en Juillet dernier ). L’Afrique a toutes les ressources pour satisfaire ses enfants mais des intrus viennent s’enrichir dans le plus grand secret, à l’insu des populations africaines. Je reste optimiste pour Kamita car je vois que ses enfants sont en train d’ouvrir les yeux et s’organise pour[page]
préparer la Renaissance africaine chère à l’Osiris/Cheikh Anta Diop qui est assis à la droite d’Amon.
L’avenir appartient à l’Afrique et la vision spirituelle africaine peut, de près et de loin, éclairer l’humanité. Tous ces faits que j’ai pu relater ci-dessus ont des origines qui remontent à la traite négrière lorsque les leucodermes et les sémites sont arrivés en Afrique pour disséminer des armes à feu pour empêcher les royaumes africains de créer de véritables Etats africains. ( cf. « La traite négrière européenne : Vérité et Mensonges » ). Ankh Oudja Seneb
( piankhy.com )
( Sites à consulter pour compléter votre lecture :
Livres traitant de la Françafrique :
– ‘ La Françafrique, le plus long scandale de la République ‘ de François-Xavier Verschave, 1998, Ed. Stock
– ‘ Noir Silence de François ‘ de François-Xavier Verschave, 2000, Ed. Les Arènes
– ‘ Noir procès : offense à chefs d’Etat ‘ de François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, 2001, Ed. Les Arènes
– ‘ Noir Chirac ‘ François-Xavier Verschave, 2002, Ed. Les Arènes
-Négrophobie. Réponse aux « négrologues », journalistes françafricains et autres falsificateurs de l’information, de François-Xavier Verschave, Odile Tobner-Biyidi et Boubacar Boris Diop, 2005, Ed. Les Arènes
– ‘ De la Françafrique à la Mafiafrique ‘ de François-Xavier Verschave, 2004, Ed.Tribord
– ‘ Au mépris des peuples : Le néocolonialisme franco-africain ‘ de François-Xavier Verschave et Philippe Hauser, 2004, Ed. La Fabrique
– ‘ Le choix volé des Togolais. ‘ Rapport sur un coup d’Etat électoral perpétré avec la complicité de la France et de la communauté internationale ‘, coordonné par l’association Survie, 2005, Ed. L’Harmattan )
Source : AfrikaMaat Institut