par Abdelhalim Benyellès
Le Maroc viole l’accord de cessez-le-feu du Conseil de sécurité de septembre 1991 par une attaque militaire à Guerguerat contre les Sahraouis. Ibrahim Ghali, le chef du Front Polisario, déclare officiellement l’arrêt du cessez-le-feu : c’est la guerre. Les hostilités sont ouvertes. Cela s’est déroulé vendredi 13 novembre. Le scénario de la violation des accords de cessez-le-feu était-il prévisible et prémédité ?
Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) – Le président du Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, Saïd Ayachi, qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne 3, est formel.
«L’attaque militaire était planifiée et l’Algérie, dans ce cadre, n’a eu de cesse d’alerter le secrétaire général des Nations-Unies et le Conseil de sécurité sur les dangers de violation du cessez-le-feu », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter également que dans son dernier discours, le roi Mohammed VI avait signifié clairement cette menace d’intervention militaire.
Revenant aux faits, les autorités marocaines ont « lâché » au préalable des militaires en civil pour agresser les populations, avant l’intervention militaire pour l’ouverture de brèches. Le Front Polisario, qui était en état de légitime défense pour protéger les populations civiles, a répliqué et cela a généré une situation de guerre.
La violation des droits de l’Homme ne fait plus de doute, assure l’intervenant, citant les rapports de rappel à l’ordre de différentes ONG, du département d’État américain, du Parlement européen et du rapporteur spécial des Nations-Unies. Et de revenir à la première violation qui date de 2001 et au rappel à l’ordre de la Cour de justice du Parlement européen en 2018 déclarant illégale la commercialisation des produits agricoles du Sahara Occidental.
Il déplore, par ailleurs, que le Conseil de sécurité soit resté inactif face aux missions de la Minurso pour assurer une atmosphère sécuritaire conduisant à l’organisation d’un référendum en terres occupées.
Mais pourquoi, depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu en septembre 1994, le référendum n’a pas eu lieu malgré les appels à l’autodétermination des populations sahraouies qui revendiquent leur droit ? « Justement, c’est un droit puisque le Sahara Occidental est considéré comme un pays non autonome par les Nations-Unies depuis 1963 », répond le président du Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui. Poursuivant que la Minurso a été chargée de préparer un référendum d’autodétermination, mais la démarche a été enfreinte au départ par le roi Hassan II qui avait interrompu la phase d’identification des populations puis, par la suite, par les entraves qu’a subies la délégation de la Minurso dans sa mission.
Pour ce qui est de l’ouverture du consulat général des Émirats arabes unis dans les territoires occupés, Saïd Ayachi est catégorique en précisant que le Maroc cherche, avant tout, une légitimité internationale pour sa présence sur les territoires du Sahara Occidental, dira-t-il. Citant la participation du Maroc avec le lobbying des pays du Golfe dans le monde, il révèle également que les Émirats voudraient entraîner un pays d’Afrique du Nord dans la normalisation avec Israël.
Toutefois, l’intervenant doute que ce scénario de normalisation avec l’entité sioniste puisse réussir car il pourrait bien soulever la réaction de la rue, ce que craint le Palais royal, assure-t-il.
Enfin, parlant de l’influence de la France sur l’aboutissement du processus d’autodétermination du peuple sahraoui, il dira que le Maroc sert d’abord les intérêts économiques français au niveau de l’Afrique de l’Ouest et au Maroc, au même titre d’ailleurs que l’Espagne qui détient, selon lui, 200 entreprises au Maroc ainsi qu’une flotte de pêche estimée à 600 unités sur les eaux de la région.
Le port de Guerguerat étant le point d’accès des exportations vers le marché de l’Afrique de l’Ouest, conclut-il.
A. B.
Le Soir d’Algérie, 16 nov 2020
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