par Tarek Hafid
Le Front Polisario a réagi militairement à l’agression de l’armée marocaine, menée vendredi 13 novembre, contre des civils qui manifestaient dans la région de Guerguerat. L’artillerie sahraouie a déclaré avoir pilonné des positions militaires dans quatre zones du mur de «défense» marocain. Hier, le Président sahraoui Brahim Ghali a déclaré officiellement la fin de l’accord de cessez-le-feu signé avec le Maroc en septembre 1991.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – La guerre a repris au Sahara Occidental. Vendredi, quelques heures après l’agression de Guerguerat, le Front Polisario a donné ordre à son artillerie de pilonner des positions de l’armée marocaine dans plusieurs zones du mur de «défense» qui sépare les territoires occupés des territoires libérés. Vendredi soir, un communiqué du commissariat politique du ministère sahraoui de la Défense nationale a annoncé le lancement des premières opérations dans les secteurs d’El Mahbas, El Farsia et Hawza au nord-est et Aousserd au sud.
«Le secteur de Mahbas a été témoin d’intenses bombardements sur la base numéro 23, et le secteur de Hawza a également été témoin d’un bombardement similaire, notamment à la base 4 ainsi que la sonnette 71. Le secteur d’Aousserd a également fait l’objet de frappes de l’Armée populaire de libération sahraouie, dans les bases 17 et la sonnette 172. Le secteur d’El Farsia n’a pas été épargné par les tirs de nos courageux combattants, les bases 18 et 17 ayant subi, ce jour à 16 heures et 17 heures, des tirs d’artillerie et de mitrailleuses», précise ce communiqué publié par l’agence officielle sahraouie SPS. Le Front Polisario affirme que ces frappes « ont causé des dégâts en vies humaines et matériels, et ont terrorisé les soldats marocains». Le communiqué ne donne pas de bilans chiffrés des pertes humaines et ne fait pas mention d’une réaction de l’armée marocaine. Une source gouvernementale sahraouie indique que le pilonnage de ces positions s’est poursuivi durant la nuit de vendredi à samedi et que «les forces ennemies ont riposté timidement».
Balafre au milieu du désert
Érigé entre 1980 et 1987, le mur marocain a été construit grâce à l’apport technique d’officiers israéliens et au financement d’États arabes du Golfe, principalement de l’Arabie Saoudite. Telle une balafre au milieu du Sahara Occidental, il s’étend, du nord-est au sud-ouest, sur une longueur de 2 720 km. La fonction de ce mur, fait de remblais de sable et de rocaille et de plus de 6 millions de mines antipersonnel et antichars, est de protéger l’armée marocaine des attaques des unités de combat sahraouies. Environ 100 000 militaires, appartenant à différentes armes, sont stationnés en permanence dans ces régions désertiques. Ils sont postés dans des bases équipées de radar de mouvements. Chaque base est reliée à un cantonnement appelé «sonnette», qui comprend une unité d’infanterie chargée de donner l’alerte en cas d’incursion. À titre d’exemple, la base 8 est reliée à la sonnette 81. Au vu des moyens matériels et humains engagés, ce dispositif peut être efficace en temps de paix, mais il s’avère terriblement désuet dans la situation actuelle.
Dans leurs cantonnements faits de toitures légères, la troupe marocaine devient une cible facile pour les unités de combat sahraouies.
Fin officielle du cessez-le-feu
Une chose est sûre, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est décidée à poursuivre les combats. Le décret présidentiel mettant fin à l’accord de cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991 par le Front Polisario et le royaume du Maroc a été promulgué hier, samedi 14 novembre. Officiellement, les autorités sahraouies ne reconnaissent plus les termes de cet accord ni les engagements militaires et diplomatiques qui en découlent.
T. H.
Le Soir d’Algérie, 15 nov 2020
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