Le docteur Lyes Akhamouk est membre du comité scientifique de suivi de l’évolution de l’épidémie du coronavirus en Algérie. Avant de se voir confier cette mission, il occupait le poste de chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tamanrasset. Il est de ce fait un des rares praticiens originaires de la région à avoir choisi volontairement d’exercer son métier dans la ville qui l’a vu naitre, malgré le manque de moyens et l’attrait des grandes villes du nord. Moins médiatisé que le docteur Mohamed Bekkat Berkani, il lui arrive cependant de monter au créneau pour dénoncer des comportements ou déplorer des situations, qui lui paraissent insoutenables.
Il y’a deux ans, il a été révolté en constatant que l’Etat algérien fasse appel à des Cubains, en leur assurant tout : cités hyper protégées, logements suréquipés et une prise en charge particulière, « au détriment des médecins algériens qui ne se reconnaissent pas dans leur propre pays ». Ces interventions dans les médias sont rares, mais elles ont la particularité d’être précises et ciblées.
Sollicité par la radio locale El Bahdja, dont le siège est à Alger, il ne s’est pas fait prier pour évoquer la situation épidémique critique, qui prévaut au niveau de plusieurs wilayas, où les structures sanitaires sont en train de subir une forte pression en raison de l’augmentation brusque du nombre des contaminations, les décès mais aussi la surcharge des services Covid-19.
« Depuis 10 jours, une augmentation continue du nombre de contaminations au coronavirus est enregistrée au niveau d’un certain nombre de wilayas comme Alger, Oran, Bejaia, Bouira, M’sila, Jijel et Tipaza », a-t-il signalé. D’autres wilayas qu’il n’a pas citées ne sont guère mieux loties.
Sans spéculer à propos d’une deuxième vague, devenue depuis quelques temps un thème outrageusement banalisé, que certains spécialistes abordent hélas d’une manière plus ou moins fantaisiste, dédiée à la consommation médiatique, il est resté concentré sur des problèmes cruciaux, tel que le calvaire des malades atteints de cancer sous traitement par chimiothérapie, qui, selon lui, sont plus exposés au coronavirus au même titre que certaines catégories de diabétiques, les patients qui souffrent d’asthme sévère, d’obésité ou de problèmes cardiaques.
Dans le même contexte, il a tenu à souligner que des tests de détection rapide du coronavirus seront approuvés peu après vérification de leur efficacité et approbation par l’Institut Pasteur. Moins précis que le PCR, il s’agit cependant d’une alternative salutaire à un moment où l’épidémie connait une flambée sans précédent. Concernant l’augmentation du nombre de contaminations en Algérie ces derniers jours, le membre du comité scientifique a affirmé que les autorités sanitaires s’attendaient à un tel scénario. «Nous nous attendions à une augmentation du nombre de cas, mais pas si rapidement», a-t-il reconnu.
Selon ses prévisions, le virus ne disparaîtra pas d’ici quelques jours ou semaines, et restera pendant plusieurs mois. « A mon avis, le virus ne disparaîtra pas avant l’été 2021 », a-t-il estimé, mettant l’accent sur le respect rigoureux des mesures préventives, notamment le port du masque, que les citoyens ne devraient pas négliger.
Mohamed M.
L’Est Républicain, 15 nov 2020
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