Algérie : Les hôpitaux en alerte

Les structures sanitaires, du moins celles qui sont habilitées à accueillir et à prendre en charge les malades Covid-19, sont en alerte, en prévision d’une augmentation soudaine et significative du nombre de contaminations. Le ministre de la Santé, qui s’est réuni samedi dernier avec les responsables des établissements sanitaires de la capitale, dans le but de tout mettre en œuvre pour faire face à une hausse brutale des cas Covid-19, a instruit les directeurs des principaux hôpitaux concernés par l’épidémie de se tenir prêts à toute éventualité.

Selon le docteur Mohamed Bekkat Berkani, qui a assisté à la réunion en sa qualité de membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie du coronavirus en Algérie, la situation est déjà compliquée à Alger où des hôpitaux sont saturés et donc dans l’incapacité de recevoir de nouveaux cas. Les responsables des structures hospitalières comme le CHU Mustapha Pacha, le CHU Béni Messous ou l’hôpital Nefissa Hamoud (Hussein Dey) ont été instruits de procéder à une réaffectation de plusieurs services et prendre des mesures organisationnelles adéquates, afin d’être disposés à prendre en charge le surplus de patients, le cas échéant. Dans plusieurs hôpitaux du pays, la remobilisation des moyens logistiques et des personnels est donc à l’ordre du jour.

Il y’a lieu de préciser que la situation épidémiologique ne cesse de s’aggraver de jour en jour, dans un contexte marqué par un relâchement quasi-généralisé de la part des citoyens dans le respect des gestes barrières. La tendance haussière des contaminations pour le 6èmejour consécutif le démontre et les multiples appels à une prise de conscience lancés par les autorités sanitaires illustrent l’inquiétude montante. Le bilan communiqué hier par le porte-parole du comité scientifique a fait état de 276 nouveaux cas confirmés de coronavirus et 7 décès.

La situation est de plus en plus instable faisant craindre le pire avec la reprise des cours dans les collèges et les lycées, sans oublier le rendez-vous électoral programmé le 1er novembre prochain. Preuve qu’elle est préoccupante, à l’hôpital de Boufarik, le service des maladies infectieuses affiche complet depuis une dizaine de jours. Selon son responsable, le professeur Mohamed Yousfi, « il n’y a plus de place au niveau de l’hôpital pour accueillir les malades atteints de la Covid, les lits de tous les services Covid sont occupés. Aujourd’hui, on a été obligé de transférer les malades vers d’autres hôpitaux de la wilaya de Blida.

Alors qu’il y a quinze jours, l’hôpital affichait un taux d’occupation autour de 30 à 40% ». Le ministère de la Santé, qui s’attend à une demande accrue de lits d’hospitalisation, semble déterminé à prendre les devants avant que les structures hospitalières ne soient dépassées, en mettant la pression sur les responsables, qui à leur tour, vont solliciter un personnel soignant au bord de la rupture, obligé de maintenir la mobilisation quelles que soient les circonstances. Mais à quel prix ?

Il est à signaler que toutes ces mesures pourraient s’avérer insuffisantes, sans un sursaut des citoyens, dont le relâchement déplorable risque de mettre le pays dans une situation similaire à celle qui prévaut dans d’autres pays où la hausse des contaminations a amené les autorités à revenir aux dispositifs de confinement et de couvre-feu.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 27 oct 2020

Tags : Algérie, coronavirus, covid 19, pandémie, confinement,

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