Enquête sur les biens des présidents africains

Pendant que leurs peuples vivent dans la misère, trois chefs d’états africains vivraient grand train sur la Côte. La justice ouvre une enquête

Sous le luxe, le soupçon d’une corruption sans limite ? De Mobutu, en passant par Omar Bongo à Paul Biya, le leader camerounais, ou Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale, la Côte d’Azur fut le théâtre d’une somptuaire saga africa. Comme si les rapports Nord-Sud, ici, s’inversaient.
Pendant que dans leurs pays, la misère, la violence, voire la famine sont le pain quotidien de leurs administrés, les « rois » de ces états africains vivraient ici grand train. Et c’est cette terre de contraste qui est désormais dans le collimateur de la justice.

L’histoire des biens « présumés » mal acquis par ces chefs d’état africain a pourtant bien failli être classée. Lorsqu’en 2007, l’ONG Transparency International dépose plainte sur les conditions d’acquisition en France (essentiellement à Paris et sur la Côte d’Azur entre Cannes et Menton) d’un important patrimoine immobilier par trois chefs d’État africains, à savoir Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée Équatoriale et le défunt chef d’état gabonais, Omar Bongo Ondimda, la chambre criminelle de la Cour de cassation juge la requête irrecevable.

2 000 ans de salaire…

Transparency International, ainsi que plusieurs autres organisations non gouvernementales ont pourtant recensé une multitude de biens, de comptes bancaires ou de collections de voiture de luxe que ces trois leaders africains n’auraient pas pu s’offrir… au vu de leurs émoluments officiels. Question : comment un homme qui gagne certes 20 000 euros par mois, est-il en mesure de payer rubis sur l’ongle, une des plus belles villas de la Côte d’Azur, évaluée à prés de 240 millions d’euros. Soit l’équivalent de 2 000 ans de son salaire annuel de président ? Comment tel autre peut faire un chèque de 392 000 euros pour payer à sa compagne, son énième coupé sport de l’année ?

Ce dossier qu’on pensait enterré va finalement, dans les prochains jours, être confié à un juge indépendant après une décision inédite de la Cour de cassation. Et les investigations qui seront fatalement menées sur la Côte d’Azur – qu’elles confirment ou non les soupçons de corruption – vont, à coup sûr, démontrer en revanche que certains leaders africains n’ont rien à envier en terme de fastes et de bling-bling aux nouveaux russes ou aux rois du pétrole.

Makaila.fr, 22 nov 2020

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