Chaïma, kidnappée et tuée : l’horrible crime qui a secoué l’opinion publique
Chaima… le prénom le plus prononcé ces derniers jours. La jeune fille, âgée de 19 ans a été kidnappée, violée, torturée puis brûlée vive par son agresseur. Une tragédie qui a laissé une maman dans la tourmente, réclamant la condamnation à mort contre le bourreau de sa fille.
Inconsolable, la maman de Chaima, qui doit survivre au décès de sa fille, se trouve dans un état psychologique critique. Essayant de la joindre, cette dernière ne pouvait plus parler de la mort de sa fille. L’une de ses voisines a pris la parole pour nous parler de Chaima et des souffrances de cette famille, occupant une baraque de fortune à la cité Ben Saidane, dans la commune de Reghaia, située à une trentaine de kilomètres de la capitale Alger. Attristée par le décès tragique de sa jeune voisine, la dame, elle aussi mère de famille, réclame la peine de mort à l’encontre du bourreau de Chaima. « Personne n’est à l’abri. Aujourd’hui, c’est Chaima, demain c’est une autre personne. Chaque jour, on entend des faits pareils mais rien n’a été fait pour arrêter ces criminels. C’est pour cela qu’on réclame « el qissas », a-t-elle réclamé, avant de nous annoncer que tous les voisins ont décidé d’organiser une marche, ce jeudi, pour appeler à l’application de la peine de mort contre le tueur de Chaima et réclamer justice pour tous les enfants qui ont subi le même sort.
« Je lance un appel aux citoyens et à tous ceux qui ont compati à la mort de notre fille de se joindre à nous et faire de cette marche la voix des parents qui ont perdu leurs enfants », a-t-elle indiqué. Cette voisine très proche de la maman de Chaima a tenu à nous parler des souffrances de sa voisine pour subvenir aux besoins de ses deux enfants, Chaima et son frère. « Ma voisine a travaillé partout, même dans les mosquées pour que rien ne manque à ses enfants. Elle s’est sacrifiée pour que Chaima puisse continuer ses études. Cette dernière, elle était brillante et elle espérait avoir son bac pour aller ensuite continuer ses études à l’étranger », raconte-t-elle. Et de poursuivre : « le but était de fuir la situation précaire dont elle vit avec son frère et sa mère. Elle espérait les faire sortir de la misère et là elle n’est plus, elle est auprès de Dieu au paradis ».
Une autre voisine tenait à nous parler et raconter la douleur que sentait la maman de Chaima. « On est partis ce matin au cimetière, elle a piqué une crise sur place. Personne parmi nous n’arrive à la consoler, elle a perdu sa fille qu’elle a mis au monde et qu’elle a fait grandir et éduquer », raconte la voisine, qui a tenu à préciser que la maman de Chaima était en même temps le papa et la maman pour ses enfants, puisque elle est séparée depuis longtemps de son mari.
L’horrible crime
Le corps calciné de la jeune Chaima a été retrouvé le vendredi 2 octobre, dans une station-service abandonnée de Thenia, une ville située à une soixantaine de kilomètres à l’Est d’Alger. Le suspect, qui avait fini par reconnaître les faits, a, selon la famille de la victime, déjà tenté de violer la fille, alors que celle-ci n’avait que 15 ans.
C’était en 2016. La famille de Chaïma avait à l’époque déposé plainte à la police. Rien ne l’a dissuadé, l’agresseur a vite retrouvé sa liberté pour harceler encore la jeune fille et la menacer à chaque occasion, selon les dires de sa maman. Les faits horribles se sont produits ce maudit 1er octobre. Le lendemain, samedi 2 octobre, le suspect s’est rendu de lui-même à la police, en expliquant qu’il avait laissé sa petite amie dans une station-service la veille, le temps d’aller lui chercher à manger. Quand il était revenu quelques minutes plus tard, il avait découvert son corps en train de brûler et s’était enfui. Suite à sa comparution devant le procureur général, le meurtrier a fini par avouer les faits. Il a par la suite révélé avoir attiré la victime vers le lieu abandonné, avant de la violer, la frapper, puis la brûler en l’aspergeant d’essence.
Ainsi, l’auteur de crime a été inculpé pour « viol » et « meurtre avec préméditation ». Coïncidant avec la révélation du crime commis contre Chaima, le Conseil des ministres, faut-t-il le rappeler, a examiné une loi contre les enlèvements et les kidnappings.
Selon le communiqué du Conseil des ministres, le Président Tebboune a ordonné que soient imposées les peines maximales, sans possible allègement ou grâce, quels que soient les tenants et aboutissants de l’acte d’enlèvement. Il a rappelé également « l’engagement de l’État à protéger les citoyens, à renforcer la justice et la primauté de la loi et restaurer l’autorité de l’État pour être juste et protecteur des faibles, au vu de la propagation du phénomène d’enlèvement ». Un article portant sur la protection des femmes est également inscrit dans le projet de la révision constitutionnelle.
Lynda Louifi
Le Jeune Indépendant, 7 oct 2020
Tags : Algérie, Chaïme, assassinat, crime, peine de mort