par Abdelkrim Zerzouri
Aurait-on fini une bonne fois pour toutes avec cette valse-hésitation à propos de l’importation des véhicules de «moins de 3 ans» ? Le gouvernement en place, ainsi que d’autres qui l’ont précédé ces dernières années, ont toujours buté contre cette alternative qui offrirait au citoyen d’importer son propre véhicule d’occasion et lui éviterait de passer par les concessionnaires automobiles locaux ou par les usines d’assemblage de véhicules qui ne vendent que du neuf, à des prix hors de portée des bourses moyennes.
La formule d’importation des véhicules «moins de 3 ans», qui allait et revenait dans les législations et dans les débats depuis plus d’une décennie, n’est plus sortie de l’antichambre des cabinets gouvernementaux depuis l’avènement de l’entrée en service des usines d’assemblage de véhicules en Algérie, qui considéraient cette mesure comme une menace qui plane sur leur activité, et qui ont pu faire pression sur les autorités pour interdire cette pratique d’importation de véhicules par les particuliers et également par les concessionnaires eux-mêmes.
Du temps des anciennes autorités qui gouvernaient aux destinées du pays, les raisons derrière le blocage de l’importation des véhicules étaient, ainsi, clairement identifiées, mais qu’est-ce qui a bien pu conduire l’actuel gouvernement à ce revirement, au gel de l’article 110 de la loi de finances 2020, qui autorise les citoyens d’importer des véhicules de moins de 3 ans ?
Trois motifs sont avancés sur ce plan. Primo, le gouvernement ne veut pas encourager le recours au marché informel des devises, secundo, on ne veut pas importer de la ferraille, et tertio, il y a cette impromptue arrivée sur la scène de pas moins de 133 concessionnaires automobiles et de 51 constructeurs de véhicules, qui ont affiché leur ambition d’investir dans ces créneaux à travers des préinscriptions effectuées du 20 septembre au 1er octobre, et la liste reste encore ouverte.
Les deux premiers motifs étant connus avant la promulgation de la loi de finances 2020 et la loi de finances complémentaire de la même année qui a introduit des modifications sur l’article 110, sans toucher au fond, on serait plus enclin à croire que c’est le troisième motif qui a véritablement poussé le gouvernement à geler l’importation des véhicules de moins de 3 ans. A-t-on à travers ce gel devancé les évènements en prévoyant les inévitables revendications des concessionnaires et des constructeurs de véhicules à l’entame de leurs activités ? Ou bien on s’est rendu compte que les vérifications et les contrôles techniques des véhicules importés de moins de 3 ans d’âge étant presque impossibles à opérer, ouvriraient toute grande la voie à l’introduction dans le pays de la ferraille européenne ?
La mesure autorisant l’importation des véhicules de moins de 3 ans a, certes, offert et pourrait encore offrir de nos jours aux citoyens l’opportunité d’acquérir un véhicule de bonne occasion et relativement moins cher, mais cela a également favorisé un vaste trafic et créé de véritables «mafias» sur ce segment très lucratif, vu la grande importance du marché algérien.
D’ailleurs, avec un euro atteignant des cimes inabordables pour le citoyen moyen, et autres droits et taxes à verser au niveau des douanes, si cette mesure de gel des importations des véhicules de moins de 3 ans devrait fâcher quelque part, on n’entendrait râler que cette mafia qui s’apprêtait à réactiver ses réseaux pour fourguer aux Algériens des véhicules de série «gonflée», à leur insu ou avec leur complicité.
Le Quotidien d’Oran, 5 oct 2020
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