Sahara Occidental : L’histoire des légionnaires espagnols qui ont rallié le Polisario

Parmi les contingents militaires espagnols opérant au Sahara Occidental jusqu’à 1975 se trouve le 3ème Tercio Millan Astray de la Légion. Celle-ci offrait l’aministie à toute personne qui s’y engage dont beaucoup d’étrangers.

En novembre 1975, il était claire que la présence espagnole dans son ex-colonie arrivait à sa fin. Certains légionnaires ont décidé de fuir les mauvais traitement subis dans la légion et rallier le Front Polisario, notamment parce qu’il avait des amis sahraouis. Parmi ceux que je connais il y avait deux espagnols, un vénézuélien et un portugais.

Le réglement interne du Polisario exigeait de changer de nom pour assurer la clandestinité. Un des légionnaires était connu sous le nom de « Abdala ». Il a participé à la bataille d’Amgala et selon ses compagnons, il a brillé par son courage et son génie dans l’utilisation du mortier. Il est tombé dans la première bataille d’Amgala le 29 janvier 1976. Il est resté dans la mémoire de tous ceux qui l’ont côtoyé. Ceux-ci raconte que lorsque les combattants ont reçu l’ordre de « Linsihab » (retrait), il disait « Non, pas de linsihab », il ne voulait pas fuir devant les marocains.

L’autre légionnaire espagnol se trouvait à Rabouni, où j’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises. Il est disparu en 1978. Personne ne connaît son sort, mais on s’en doutait tous. Il a été assassiné. Les dirigeants sahraouis voyaient des « espions » partout, même parmi les sahraouis dont nombreux ont été tués et emprisonnés dans la tristement célèbre prison d’Errachid.

Le vénézuélien se faisait appeler Larosi, mais les amis l’appellaient Larry. Il a forgé le respect grâce à sa broche, c’était un artiste dont les toiles sont restés dans l’histoire de la peinture sahraouie. Ses traces se trouvent dans les écoles, les wilayas et les murs construits à l’occasion des congrès et des fêtes d’anniversaire de la RASD et du Front Polisario. Il a asauvé sa peau grâce à son art et sa capacité d’adaptation. A présent, se trouve à Barcelone où il s’est marrié à Montserrat Aizcorbe, une ancienne infirmière qui a exercé dans les camps des réfugiés sahraouis en Algérie dans les premières années de l’exile.

Le 4ème légionaire, le portugais Joseph Henrique Furtado travaillait avec moi dans la base arrière de la 2ème Région Militaire à Ouediane Towtrate, en territoire algérien, tout près de la ville sahraouie de Mahbes. Il s’occupait de la boulangerie. Plus tard, Babia Chiaa, chef de la base à l’époque et actuel ministre du commerce de la RASD, l’a chargé de l’utilisation et la maintenance du générateur d’électricité. Un générateur qui était une véritable bénédiction à une époque où la seule lumière étaient les lampes de pétrole. Ce générateur fait partie du butin d’un bateau qui a été détruit par les unités de la marine sahraouie, des unités formés à Cuba et dont l’action était un véritable cauchemar et pour le Maroc et pour l’Espagne dont les bateaux de pêche opéraient dans les eaux territoriales du Sahara Occidental en vertu des closes des Accords illégaux de Madrid du 14 novembre 1975. Accords qui ont permis au Maroc et à la Mauritanie de partager le territoire sahraoui riche en ressources naturelles.

Le pseudonyme de Joseph était Hosein et se donnait à coeur à son travail malgré le mépris de ses compagnos sahraouis dont la mentalité était archaïque. Souvent, je me rendais dans sa chambre pour bavarder et lui remonter le moral.

Au mois de janvier 1981, j’ai quitté la base pour rejoindre un groupe de jeunes selectionnés pour la formation en Libye sur les missiles anti-aériens connus sous le nom de Sam-6. Hosein a disparu après mon départ. Une autre victime de la paranoïa des leaders sahraouis.

Prochain récit : La formation sur les misiles SAM-6 en Libye

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