LE DECONFINEMENT approche, mais la dénonciation de confinés reste un sport national très en vogue (« Le Canard », 15/4). Et, en la matière, ont n’arrête plus les progrès ! « Le Figaro » (24/4) vient de dénicher un cas délation de toute beauté, qui a conduit à l’arrestation d’une grand-mère, dans le Tarn. Son crime : avoir rendu visite derrière la fenêtre de son Ehpad et lui avoir écrit des messages sur une ardoise. Allez, hop ! Balancé par un voisin aux poulets, qui l’ont verbalisé illico, avant d’annuler la procédure face au tollé provoqué par cette histoire des plus éclairantes.
Un récent sondage Harris Interactive (17/4) semble conformer que le fond de l’air est très frais : 43 % des sondés approuverait le signalement à la police d’un non-respect du confinement. Et tant pis si le cafté est un peu vite déclaré coupable. Dans la plupart des cas, les flics constatent surtout « des phénomènes de jalousie » entre voisins qui ne vivent pas le confinement avec la même joie. La chasse aux barbecues et aux gens heureux est ouverte !
Policiers et gendarmes notent ainsi de plus d’appels pour dénoncer des proprios de chiens qui sortiraient beaucoup leur clébard, des joggeurs qui joggeraient un peu trop ou des gamins qui jouent au foot dans la rue. Avec cette nouveauté : les corbeaux des temps modernes envoient des photos et des vidéos censées constituer la preuve du délit !
Le syndicat Alternative Police révélait il y a 15 jours que, dans certaines régions, et surtout dans les grandes villes, jusqu’à 70 % des appels d’urgence concernaient désormais des dénonciations. De quoi mettre en pétard ledit syndicat, dont un représentant rappelait qu’il ne faudrait pas en oublier de dénoncer les vrais délits, « si votre voisin commet des violences conjugales sur son épouse, par exemple »…
Mais, pour ces fait-là, le nombre d’appels grimpe nettement moins vite ! C.N.
Le Canard enchaîné – 29.04.2020
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