Le phénomène peut paraître invraisemblable dans un pays où la jeunesse affiche un mal être qui frise l’hystérie et qui est prête à mettre sa vie en danger pour tenter l’aventure à haut risque de la «harga ». C’est pourtant bien réel. Oui des dizaines de jeunes haragas algériens en Espagne qui sont évidemment sans-papiers, prennent le chemin du retour !
C’est le journal espagnole El Pais qui révèle cet incroyable retournement de situation. Mieux (ou pire c’est selon) encore, nos jeunes laissés-pour-compte, mettent même plus de 5000 euros sur la table pour s’offrir une place dans une barque de fortune appartenant à une faune de passeurs qui écument les mers. Et pour cause ! Ces derniers qui étaient à sec depuis le déclenchement du coronavirus en raison du confinement imposé en Espagne et la restriction des déplacements, viennent de trouver un autre filon tout aussi lucratif que la «harga» au sens usuel.
A en croire El Pais, ils proposent aux jeunes haragas algériens livrés à eux-mêmes en Espagne (sans avoir où manger, ni dormir encore moins travailler) de les faire revenir au pays ! Le prix de la place ? 5000 Euros au moins !
Eh oui ! Nos jeunes haragas partis d’Annaba, d’Oran, de Tipaza et d’ailleurs dans l’espoir de trouver un pays d’attache au dos de l’Europe en raclant toutes leurs économies, sont rattrapés par la triste réalité de devoir rentrer les bras ballants…En cause, le terrible COVID-19 qui a réduit la vie dans le paradis imaginé, à un enfer qu’il fallait quitter coûte que coûte au risque d’être dévoré sans pitié. Et à choisir entre survivre et mourir, le choix naturel de nos jeunes haragas est vite fait, même si revenir ici s’apparentait pour eux à mourir un peu…
El PAIS nous apprend ainsi qu’au moins trois embarcations transportant 12 migrants faisant le chemin inverse (Espagne vers l’Algérie), ont été interceptées au large des côtes Oranaises. Mais si l’instinct de survie a poussé ces jeunes désespérés à payer cher leur retour au pays dans les mêmes conditions de leur départ, rien ne garantit qu’ils ne referont pas l’aventure en mer une fois le COVID mis hors d’état de nuire. Parce que, ces malheureux n’ont pas été attirés par une quelconque promesse que leurs conditions allaient changer à leur retour. Ils veulent juste se cacher un peu pour ne pas mourir du Corona quitte à en payer le prix fort.
Imane B.
L’Est Républicain, 27 avr 2020
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