Aujourd’hui Ali Aarrass a été libéré. Ali Aarrass c’est ce belgo-marocain détenu depuis près de 12 ans dans les geôles marocaines accusé de crimes tel que du trafic d’armes. Crimes que Ali aura été obligé d’avouer sous la torture et pour lesquels il s’est retracté par après.
Malgré tous les recours de ses avocats, malgré la mobilisation citoyenne assez impressionnante, malgré les avis de différentes ONG, il aura dû effectuer l’entièreté de sa peine (12 longues années) à la prison de Tilfet près de la capitale du Maroc : Rabat.
Avant d’arriver au Maroc, Ali sera arrêté en 2008 en Espagne. Il est soupçonné de trafic d’armes dans le cadre d’activité terroriste. Le Maroc demande son extradition l’obtient. La Belgique ne s’y oppose pas. Et c’est à ce moment là que le Maroc obtient les aveux de Ali sous la torture. Ali sera rapidement blanchi y compris par le célèbre juge espagnol Garzon.
Pourtant rien y fait. Ali passera 12 longues années en prison et sera seulement libéré ce 2 avril 2020
Au niveau politique nous pouvons je pense en retirer 2 enseignements :
– Tout d’abord l’abandon complet de Ali par la Belgique. Malgré les différentes interpellations du comité de soutien, malgré les appels du pied à l’ancien ministre des affaires étrangères Didier Reynders (MR) jamais celui-ci n’a contacté le Maroc. La réponse officielle qui a toujours été la sienne étant qu’il n’interférait pas dans les affaires internes du Maroc. Pourtant Ali possède également la nationalité belge. Une telle réaction de notre ministre pouvait laisser penser que les binationaux était des sous-citoyens ce qui est particulièrement choquant. La question des bi-nationaux qui est encore revenue récemment au parlement fédéral sera un enjeu à suivre de près dans les mois et année à venir.
– La deuxième question qui se pose est celle du respect des droits humains. Il est très interpellant qu’un pays comme le Maroc utilise la torture (elle a été reconnue par différentes ONG ayant été sollicitée au sujet des aveux de Ali) pour obtenir des aveux. On peut aussi être choqué que l’Espagne et la Belgique aient obtempéré aux demandes marocaines alors que le risque de torture était connu.
Comme le dit lui-même Ali lors d’un contact avec son infatigable sœur Farida, la lutte ne fait que commencer pour tirer toute cette affaire au clair. Bon retour à la vie cher Ali. Nous sommes un peu plus libres de te savoir de retour parmi nous.
Une opinion de William Donni
Source : Solidarité Maroc, 2 avr 2020
Tags : Maroc, Ali Aarrass, droits de l’homme, répression,