La République des Tartuffes

Le vrai défi pour les élus du peuple français serait de voter, aujourd’hui, pour un texte qui criminalise toute atteinte aux génocides algérien, palestinien ou hutu. Puisqu’ils s’arrogent le droit de réécrire l’histoire d’une nation à quelques milliers de kilomètres de leurs frontières, autant le faire pour des pays plus proches et plus légitimes pour un geste aussi fort.



Pourquoi pas, alors, pour les Peaux-rouge d’Amérique, pour le Aborigènes d’Australie ou, encore, pour la mémoire des victimes des purges staliniennes ? Plus que tout autre nation, la France le pourrait certainement, ne serait-ce qu’au nom de l’universalité de ses valeurs des droits de l’Homme.



Et tant qu’à faire, si ce n’est que pour des arrière-pensées électoralistes – comme certains esprits malveillants semblent le suggérer – l’électorat français aux origines algériennes n’est-il pas quatre fois plus important que la petite communauté arménienne de France?



Mieux encore, et si le parlement algérien ou celui du Maroc votaient aussi leurs propres lois sur les génocides des autres ou sur ceux dont ils ont été victimes dans leurs histoires respectives : celui des Rifains durant la guerre du Rif au Maroc (1921 – 1926) en est un exemple, toujours vivant dans la mémoire des Marocains. De même pour les Algériens et notamment les massacres de Setif, Guelma et Kherrat, de mai 1945.



Au cas où on l’aurait oublié, le Maroc et l’Algérie sont aussi des états souverains, dotés d’institutions souveraines, et donc libres d’accueillir sur leur sol les entreprises qu’ils veulent et ce, dans le strict respect de leurs lois et de leurs valeurs nationales. La SNCF impliquée dans la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale n’a-t-elle pas été contrainte et forcée de reconnaitre officiellement son collaborationnisme passé, pour espérer être admise à un appel d’offre d’une ligne de train à grande vitesse en Californie (États Unis) ?



Pourquoi pas ces pays maghrébins n’exerceraient-il pas les mêmes pressions sur des entreprises françaises impliquées dans le pillage et la rapine des ressources de leurs pays aux temps de la colonisation ? Et pourquoi ne le feraient-ils pas aussi avec toute entreprise relevant d’un état dont les institutions officielles auraient portées atteinte à leurs lois, à la dignité de leurs peuples et à leurs histoires ? Et si le parlement démocratiquement élu de la Tunisie libre décidait de sévir contre toute entreprise étrangère reconnue coupable de complicité avec la dictature de Ben Ali ?



Assurément, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et d’autres pays encore seraient dans leur bon- droit, surtout s’ils ont affaire à une république de Tartuffes, où l’on excelle dans l’art du «donnage de leçons» en droit-de-l’hommisme aux autres, comme ces chameaux condamnés à ne voir et à ne critiquer que les bosses d’autres chameaux.



Karim R’Bati

Le blog citoyen, 27 janvier 2012


Tags : Maroc, Algérie, mémoire, crime de guerre, génocide, Rif, France,

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