Jamais auparavant le Maroc n’a montré un double profil. Mohammed VI apparaît comme un monarque constitutionnel et depuis environ deux ans a confié le gouvernement à Saadeddine El Othmani du Parti Justice et Développement, vainqueur des dernières élections. Ces dernières années, le pays a poursuivi sa marche vers l’Europe, atteignant également la demande d’adhésion évidemment rejetée pour les règles d’entrée en vigueur mais obtenant des consultations périodiques avec Bruxelles qui en font le pays voisin le plus proche des valeurs sur laquelle est fondée l’Union européenne. De grands progrès en termes de droits civils et d’égalité religieuse si l’on pense que le Maroc est le seul pays arabe (récemment approché par la Tunisie avec sa nouvelle Constitution) dans lequel la religion juive compte les mêmes droits que les autres et est librement pratiquée . Le seul bémol, si cet épisode très grave peut être appelé ainsi, a été la projection, il y a quelques années, par une importante chaîne de télévision nationale, d’un programme dans lequel les femmes marocaines ont été enseignées comment maquiller les coups et les mauvais traitements subis par les hommes. Programme interrompu et retiré dans le deuxième épisode avec les excuses du diffuseur.
Le Maroc a connu une croissance économique de 2,3% en 2019, un peu moins que l’année précédente qui était de 3%. Descente principalement due à une production agricole insatisfaisante due à des conditions climatiques défavorables, mais avec de bons résultats dans le secteur de la pêche et dans le secteur du tourisme, véritable force motrice de l’économie. En outre, ces dernières années, d’importantes réformes ont été menées, comme celle de la régionalisation qui a contribué à donner une impulsion et une vitalité aux institutions locales. Mais tout ce qui brille n’est pas or.
Outre la propagation du coronavirus qui en fait l’un des pays les plus exposés du continent africain, c’est d’un point de vue social que l’état actuel des choses présente des aspects inquiétants et désormais non épisodiques. Ce ne sont pas tant les opposants politiques et les journalistes que les jeunes gens ordinaires qui remplissent les médias sociaux de vidéos contenant des critiques des institutions et un monarque qui a perdu une grande partie de la popularité du passé et qui est accusé d’avoir trahi les promesses faites. Et comme au Maroc il existe une loi qui interdit toute critique de la monarchie, les plaintes en ce sens ont afflué depuis longtemps et les premières peines importantes ont été enregistrées. Bien que des tentatives soient faites pour imposer le silence et que de nombreux jeunes ne soient pas annoncés, ils ont été poursuivis et certains sont emprisonnés pour des délits purement idéologiques. Le Maroc est sorti pratiquement exempt des « printemps arabes » mais ce mécontentement exprimé par les jeunes et soutenu par la société civile laisse ouverte un point d’interrogation sur l’avenir du pays qui ne laisse pas indifférent l’Union européenne.
Alessandro Perelli
Source : Avanti online, 27 mars 2020
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