Salma Bennani, 18 ans après son mariage avec Mohamed VI
La vie de Lalla Salma est pleine de clair-obscurs typiques d’une monarchie opaque comme celle du Maroc
Marie Claire, 21/03/2020
Ce samedi 21 mars marque le 18e anniversaire du mariage entre Mohamed VI, roi du Maroc, avec une jeune roturière nommée Salma Bennani, orpheline de mère, élevée sous la baguette de sa grand-mère, Fatima, dans la ville de Fès. Leur mariage a été une révolution, non seulement dans son pays, mais dans le monde arabe, en raison de nombreux ingrédients qui vont bien au-delà de la condition de la jeune femme.
Le fait que l’élu était un roturier était un sujet de débat dans le royaume alaouite. La cour et les monarchistes les plus conservateurs n’ont pas compris que le jeune roi n’optait pas pour une femme de la famille traditionnelle, de la classe dirigeante et influente du pays. Une femme préparée pour le monde du travail occidental, mais pas pour occuper le trône avec un roi. Et la nouveauté y résidait également. Mohamed VI a accordé à son épouse un agenda et un statut qu’aucun autre consort marocain n’avait. Salma a cessé d’être l’une des femmes du roi – jusqu’à Hassan II, les rois du pays jouissaient d’un harem – pour être la princesse Lalla Salma du Maroc, avec le titre et le traitement d’altesse royale.
Salma a vécu 10 ans de splendeur. En 2003, elle a donné naissance à son premier fils et héritier du trône, Moulay Hassan, et en 2007, la deuxième fille du couple, Lalla Khadija, est née, dont elle est très proche. Jusqu’en 2012, elle a été le visage vivant de la modernisation du pays, des réformes imposées sous le commandement de son mari. Avec son propre programme, Lalla Salma a ouvert des hôpitaux, des écoles, des ONG et est même allée jusqu’à représenter son mari à l’étranger lors de mariages, d’événements institutionnels et même dans des cérémonies d’investiture de présidents. Son style, respectant toujours les traditions de son pays, a été salué par les grands titres de la mode dans le monde. Tout semblait aller pour le mieux, jusqu’à ce que la presse se fasse l’écho des problèmes que le mariage avait traversés et de la cage dorée dans laquelle vivait la princesse.
Ennemi numéro 1 de la cour
La cour alaouite n’a jamais compris le choix de leur roi. Bien qu’au Maroc, les monarques soient vus et traités comme des dieux, représentants vivants d’Allah sur terre, nombreux sont ceux qui ont été contrariés par l’entrée de la roturière au palais de Rabat. Les sœurs du roi ne l’ont pas non plus accueillie. Dès le début de son mariage, Salma a dû naviguer dans des eaux hostiles. Elle était l’ennemi numéro un d’une cour de moins en moins influente, très opposée aux mesures occidentales prises dans le pays.
De 2012 à 2017, le mariage n’a fait que survivre difficilement. Cela n’a pas empêché la princesse d’être isolée. Nombreuses sont les fois où elle alterna avec les reines d’Espagne, Sofia et Letizia, celles de Jordanie, Noor et Rania, ainsi que le reste des têtes royales d’Europe. C’était son dernier chant de cygne. En 2018, les Marocains se sont réveillés avec une photo de toute la famille royale à Paris, dans une chambre d’hôpital, faisant un Mohamed VI optimiste mais malade. Ils étaient tous là: enfants, sœurs … tout le monde sauf Salma.
Cela a été interprété comme un divorce consommé ou en instance. Dès lors, celle qui était une jeune roturière ayant du pouvoir au palais a disparu de la vie publique et s’est retrouvée sans agenda. En 2019, après près de deux ans d’ostracisme, Salma est réapparue en visitant un marché aux puces avec sa fille, Lalla Khadija. L’année se terminerait par une déclaration du roi et de la princesse niant qu’il y ait eu un problème entre eux concernant la garde de leurs enfants, chose très étrange étant donné que le divorce n’a jamais été confirmé. Cependant, toutes les questions restent sans réponse: où vit la princesse, quel genre de vie elle mène et quel avenir l’attend en tant qu’ancienne épouse du roi qui continue de faire de l’opacité son mode de vie.
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