Il est désormais fréquent de voir des mineurs, garçons et filles, accéder aux boites de nuit, Pubs et autres, sans aucun contrôle d’identité. Ce qui se passe à l’intérieur est encore plus inquiétant…
Est-on en train de vivre un chamboulement de mentalité ou est-ce seulement une phase de folie passagère, où parents, enfants et entourage participent de manière active ? Il y a quelques années, voir des mineurs faire la queue, à une heure tardive devant une boite de nuit était un phénomène très rare, voire exceptionnel. Aujourd’hui, c’est toute une autre réalité qui défile devant nos regards impuissants.
Voir de jeunes fillettes de moins de 18 ans s’agrippant aux bras d’adolescents de la même tranche d’âge, cigarette au bec, en train d’échanger des salamalecs avec les videurs, reconnaissant là, des clients réguliers, est un spectacle des plus courants. Excusez l’expression, ces jeunettes là, ne sont nullement des prostituées. Elles font partie de celles qu’on appelle dans notre langage “filles de familles”, rebelles préférant passer leurs samedis soirs dans la chaleur nocturne et bruyante des Pubs, où des boites de nuits plutôt que de subir la barbante soirée télé-famille.
D’aucuns penseront que la mentalité de la famille marocaine a subi une mutation quasi-totale pour permettre aux jeunettes de sortir le soir. Ce n’est pas le cas. Nos familles sont bel et bien les mêmes, y compris les plus libérales, avec la crédulité en prime. Si les mineures arrivent donc à échapper certains soirs à la vigilance de l’autorité familiale, ce n’est qu’en prétextant passer la nuit chez une amie. Des fois (souvent), ça prend une allure abracadabrante. Souha passe la nuit chez Nadia, qui doit préparer ses examens chez Amina, qui elle-même a réussi à faire gober à sa maman que Souha fête son anniversaire et qu’elle compte dormir chez elle. Un processus complexe, minutieusement comploté, mais qui, s’il se termine mal, fait beaucoup de dégâts.
La famille écartée, reste l’entrée en boite de nuit ou au Pub. Pour celles qu’on a interrogées, l’entrée ne pose pas vraiment de problème pour les filles. Les videurs sont plutôt selectés au niveau des jeunots. Réputés pour être des flambeurs nerveux au bout du second verre, pour entrer sans trop de “s’il vous plait”, il faut qu’ils soient des réguliers ou bien friqués pour soudoyer l’acolyte en lui serrant la main d’une poignée bien généreuse. D’ailleurs, même si les filles n’ont généralement pas de problème d’entrée, elles ne se ménagent pas pour paraître plus âgées. Tout y passe, fard, rouge à lèvres, talons hauts… Les videurs n’y voient que du feu. Ne nions pas qu’ils se doutent de l’entourloupe, mais, les jeunettes, ça ne peut que pimenter la soirée.
A l’intérieur, c’est une toute autre paire de manches. Oubliez les fillettes qui attendent gentiment leurs parents à la porte du lycée à midi. Vous ne les reconnaîtriez plus ! Attablées entre potes, nos mineures savourent leurs boissons alcoolisées (ne soyez pas étonnés si je vous dis que la boisson la plus consommée est le vin ), à esquisser des petits bonjours aux copains de classe qui viennent de faire leur entrée, ou à éviter le regard séducteur d’un jeune cadre visiblement stressé. Ne vous leurrez pas. L’alcool est bel est bien servi à nos mineures, et sans le moindre scrupule, sourire en prime. La danse fait aussi partie du menu et vous en avez pour tous les goûts. ça va du tendrement sensuel au carrément “exhibitionniste”. En leur posant la question : pourquoi dansez-vous ainsi ? Les réponses les plus fréquentes sont “ c’est pas ton problème ” ou au mieux : “ je danse pour moi et pas pour quelqu’un d’autre ”. De quoi faire glacer de peur et d’anxiété les futurs parents.
Les soirées se passent, toutefois, sans incident majeur, et dans le cas où une bagarre dégénère, les videurs interviennent illico presto pour “ jeter” dehors le trouble-fête (au cas ou ça peut réconforter les parents, mais j’en doute). A trois heures du matin, l’heure est au retour. Et pour la majorité des fillettes ce n’est pas chez elles qu’elles vont terminer la soirée. Je n’en dis pas plus, histoire de ne pas remuer le couteau dans la plaie…
La Gazette du Maroc, 30 jui 2007
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