Maroc : guéguerre entre Lmrabet et Anouzla

Un article qui met en exergue un conflit entre les journalistes Ali Lmrabet et Ali Anouzla a attiré l’attention de la DGED. Il a été envoyé par la fidèle Hasna Daoudi.

Il y a lieu de rappeler qu’Ali Lmrabet a attiré la foudre de beaucoup de pseudo-démocrates marocains à cause de sa position humaniste vis-à-vis du conflit du Sahara Occidental. Il est le seul intellectuel marocain qui dénonce clairement les pratiques de répression du Makhzen contre les sahraouis. Même l’AMDH et Annahj Addimocrati n’y osent pas. Au Maroc, le pouvoir se vante d’une « unanimité » sur la question sahraouie. Cette unanimité est appliquée lorsqu’il s’agit de mater les sahraouis.

Les fantaisies qui alimentaient cette unanimité ont été pulvérisées par les dernières révélations sur la prétendue « marche verte ». Elle était une idée d’Henry Kissinger.

Si quelqu’un se demande pourquoi les marocains n’arrivent pas à vaincre la dictature, la réponse est là, dans cet article. A cause de leur conflictivité, ils n’arrivent pas à s’entendre entre eux. Leur mentalité a été bâtie sous la violence, la bagarre, le mépris, la trahison, le tberguig et la jalousie. C’est peut-être ça la fameuse « exception marocaine » dont se vante le Makhzen.

                                                         – – – – – – – – – – –  – – – – – –

Une réponse à Lakome

(Demainonline)

Rabat.- Dans un article paru sur le site Lakome daté du 2 mars 2012, un courageux auteur anonyme appelé Handala, qui est en fait le petit Ali Anouzla, accuse à demi-mots Demain d’avoir censuré le livre de Catherine Graciet et Eric Laurent sur le roi Mohamed VI, « Le roi prédateur ».

Avant de publier cette information, ce site aurait dû nous contacter pour s’enquérir de la raison de cette censure. Avons-nous eu peur du Makhzen ? Avons-nous été achetés pour ne pas en parler ? Rien de cela nous a été demandé.

Pourtant, notre réponse aurait sûrement éclairé nos lumineux camarades de Lakome.

Premièrement, le site de Demain est chargé de références sur le livre. Par exemple, le 29 février, c’est-à-dire deux jours avant le papier de Handala-Anouzla nous avons publié une longue dépêche de l’AFP sur le livre.

Deuxièmement, si Lakome veut que Demain parle du livre de Graciet & Laurent plus en détail, il n’a qu’à nous donner un exemplaire du livre, puisque nous n’en avons aucun.

Dans un échange de courriels entre nous et Catherine Graciet, daté du 10 février, cette dernière n’a pas voulu nous faciliter la version PDF du livre, ni même nous donner des extraits par peur, s’est-elle justifiée, qu’ils soient interceptés.

Pourtant, la même Graciet n’a fait aucune difficulté pour envoyer le livre au quotidien espagnol El Pais. Un livre écrit en français qui parle du Maroc et qui est expédié en premier à un journal espagnol… Quelle délicatesse envers les journalistes marocains qui ont toujours pris des risques pour parler des livres sensibles sur le Maroc et ses gouvernants.

D’ailleurs, Ignacio Cembrero du journal El Pais, à qui Graciet a envoyé le livre en premier, l’a drôlement récompensé en massacrant le contenu de l’ouvrage sur son blog.

Graciet a aussi envoyé son livre à ses différentes sources, dont Lakome, laissant Demain pour la fin, puisque le livre n’est arrivé, cachet de la poste faisant foi, dans une adresse hors du Maroc, que le … 5 mars. C’est-à-dire trois jours après le courageux papier de Handala-Anouzla …

Demain va-t-il parler du livre de Graciet & Laurent ? Bien sûr, mais ce n’est pas Lakome qui décide de notre agenda. On en parlera en temps opportun. C’est-à-dire quand on l’aura lu.

Pour finir, cher Handala-Anouzla, avant de conter des fariboles, consulte un peu mieux Demain et renseigne-toi. Si tu as des difficultés avec le français, nous sommes là pour te traduire.

Et comme nous sommes dans la traduction, le « roi prédateur » ne se traduit pas comme « الملك المستحوذ », comme le fait Lakome, mais plutôt comme « الملك المفترس ».

Mais bon, nous pouvons comprendre que cette dernière traduction, plus fidèle, puisse avoir fait craindre à nos confrères un retour de bâton.

Hamdallah

                                           – – – – – – – – – – – –  – – – –  –

“Le Roi prédateur”: Une bonne idée mal mise en pratique

Por: Ignacio Cembrero

Orilla Sur, 02 de marzo de 2012

L’idée est excellente, sa mise en pratique laisse à désirer. L’idée du livre « Le Roi prédateur » (Le Seuil), écrit par les journalistes français Catherine Graciet et Eric Laurent, est d’expliquer pourquoi Mohamed VI a doublé, selon la revue Forbes, sa fortune en cinq ans, pourquoi il s’est hissé au septième rang des monarques plus fortunés devançant les émirs du Qatar et du Koweït.ImageRoi

Les auteurs commencent par décrire le train de vie du souverain et de ses courtisans en faisant une bonne synthèse de que ce qui a été publié ces dernières années par la presse marocaine et plus spécialement Le Journal hebdomadaire, Tel Quel, Nichane ou des sites d’information comme Lakome. C’est ce résumé que le quotidien espagnol EL PAÍS a publié, le dimanche 26 février, et qui lui a valu d’être interdit au Maroc. Pourtant, pour le lecteur marocain, il n’y avait là rien de nouveau, rien qu’il n’ait déjà pu lire dans son propre pays. L’interdiction d’EL PAÍS n’a donc aucun sens.

Ensuite vient l’enquête pour aboutir à une conclusion : « Au Maroc, c’est le peuple qui, chaque jour que Dieu fait, enrichit le roi en achetant les produits de ses entreprises ». Le roi est, en effet, « le premier banquier, le premier assureur, le premier agriculteur » de son royaume.

Mais l’enquête n’est pas à la hauteur. Elle est un peu bâclée. Sans doute n’est-elle guère facile à faire dans un pays ou tout ce qui touche au palais royal baigne dans l’opacité. Il n’y a même pas un porte-parole ou un directeur de communication de l’institution comme le possèdent les maisons royales européennes. Pour ceux qui ont pu approcher le roi et ses courtisans, parler après à des journalistes est un exercice risqué. Cela explique, entre autres, que très souvent les sources du livre sont anonymes.

En quoi l’enquête n’est-elles pas à la hauteur ? Sur la forme il n’est, par exemple, guère raisonnable de donner des chiffres en euros, dollars ou livres sterling sans les convertir à une même monnaie. Sur le fond les anecdotes ou les données rapportées ne sont pas suffisamment étayées. Un exemple parmi tant d’autres : Peut-on raconter que Mohamed VI a inauguré, dans le sud du pays, un hôpital dont le matériel médical qui lui a été montré avait été loué pour l’occasion sans préciser la date, le lieu et le nom de l’établissement ? Les six questions clefs du journalisme (qui, quoi, où, quand, comment et pourquoi) n’obtiennent pas toujours des réponses dans le livre.

Il y a cependant des chapitres qui valent bien le détour à commencer par celui intitulé « Comment on fabrique un coupable » consacré à la descente aux enfers de Khalid Oudghiri, celui qui fut le patron de la plus grande banque du pays, Attijariwafa Bank. Il osa proposer de désengager les entreprises de la famille royale de l’économie marocaine. Mal lui en prit. Trainé dans la boue et humilié il finit par être condamné par contumace à 20 ans de prison et ses biens au Maroc furent saisis. De son exil en France il a parlé aux auteurs du livre.

Mohamed VI a érigé sa fortune, et c’est là le dernier défaut du livre, dans un Maroc qui a vécu son « printemps arabe » très spécial, ou les islamistes ont, pour la première fois, gagné les élections, en novembre dernier, et formé le gouvernement. Tout au loin des 216 pages de l’ouvrage il n’y a que quelques paragraphes, à la fin du livre, sur ce contexte politique qui aiderait pourtant à mieux comprendre l’enrichissement royal.

Tags : Maroc, Mohammed VI, le roi prédateur, Ali Lmrabet, Ali Anouzla,