par Abdou BENABBOU
Par leur présence, leur comportement participatif dans la dynamique quotidienne de la vie économique, culturelle et sociale, de nombreux acteurs anonymes ne se rendent pas compte que ce sont eux les vrais acteurs politiques du pays. La sacralisation des définitions fige parfois des compréhensions trop étroites pour échapper à la réalité et il en est ainsi du terme politique.
Si ce mot renvoie à l’organisation de la vie de la cité, on constate depuis un temps lointain que, dans la majorité des sociétés humaines, le sens restreint que l’on prête à sa définition a toujours causé une fracture entre les citoyens, parfois en annihilant totalement le réel condensé de la citoyenneté. Seuls quelques rares pays comme la Confédération helvétique se sont inscrits dans le vrai et l’Helvète comme le Suédois se sont renforcés par le pouvoir légitime, conséquent et entier pour donner un sens à leur vie.
Pour leur bonheur et leur prospérité, par de larges dispositions et règles, ils ont inversé la pyramide qui régit leurs cités en déplaçant du sommet à la base tous les centres de décision qui façonnent leur existence. Il est vrai, toutefois, qu’ils n’arrivent pas encore à se départir totalement des différents systèmes d’alternance partisans, mais l’essentiel est à première vue garanti.
Le sujet s’offre aujourd’hui à l’Algérie dans sa plénitude. Le Hirak a d’abord ouvert la porte à la nécessité d’un chamboulement réfléchi et ordonné de toutes les pratiques imposées jusqu’ici pour tracer l’itinéraire du pays. Il est tentant d’amender la sincérité du président de la République dans la volonté ferme affichée de vouloir émerger une nouvelle classe politique. L’idéal serait qu’elle naisse avec une essence et une structure originale à l’opposé de toutes celles qui ont présidé jusqu’ici en responsabilisant la totalité des Algériens.
La perspective de la future loi électorale est une occasion en or pour une innovation jamais connue jusqu’ici pour que l’Algérie puisse se prendre en charge. D’originelles règles de gestion de la cité devraient s’installer pour en premier lieu libérer de leur encerclement les compétences juste prolixes dans la gymnastique du verbe et de la récrimination. Elles raseront l’immense nuée des réclamations et l’étalage des vérités virtuelles pour que chaque Algérien qui prétend détenir une recette probante puisse avancer.
Le Quotidien d’Oran, 8 fév 2020
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